Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
W

Wul (Pierre Perrault, dit Stefan)

Écrivain français (Paris 1922 – ? 2003).

De son œuvre de science-fiction au style flamboyant on retient surtout Niourk (1957), récit postcataclysmique empreint d'un humanisme débouchant sur une sorte de mysticisme, Oms en série (1957), qui a inspiré le film la Planète sauvage de Topor et Laloux, le Temple du passé (1957), où l'humour le dispute à la férocité, la Mort-Vivante (1958), qui renouvelle le thème du savant fou, et l'Orphelin de Perdide (1958), adapté à l'écran par Moebius et Laloux dans les Maîtres du temps. Il revient à la science-fiction en 1977 avec Noô.

Wuolijoki (Hella)

Femme de lettres et politicienne finlandaise de langue finnoise (Helme, Estonie, 1886 – Helsinki 1954).

Malgré ses origines estoniennes, elle publiera la majorité de son œuvre en finnois, et notamment, sous le pseudonyme de Juhani Tervapää, la série des drames à succès du cycle Niskavuori (1936-1953). Propriétaire industrielle en Carélie, elle y reçut Bertolt Brecht exilé, et participa à la création de Maître Puntila et son valet Matti. Ses Mémoires (1945-1953) retracent son activité de directrice de radio et de député.

Wyat (sir Thomas)
ou sir Thomas Wyatt

Poète anglais (Allington Castle, Kent, v. 1503 – Sherborne, Dorset, 1542).

Diplomate au service d'Henry VIII (à Paris, à Rome), en disgrâce après le procès d'Ann Boleyn, il s'inspira du pétrarquisme européen et illustra l'« amorisme » anglais (Tottel's Miscellany, 1557). Il serait l'introducteur du sonnet en Angleterre.

Wycherley (William)

Auteur dramatique anglais (Clive, près de Shrewsbury, 1640 – Londres 1716).

Converti au catholicisme en France, il regagna en Angleterre l'Église anglicane. L'Amour dans un bois (1671), le Maître à danser (1673) et la Provinciale (créé en 1765) donnent un reflet sardonique du libertinage londonien. Adaptant le Misanthrope dans l'Homme sans détours (1676), il aggrave sa critique de la grossièreté sous-jacente à la mentalité du temps. C'est le plus virulent des maîtres de la comédie de la restauration.

Wyclif (John)
ou John Wycliffe

Réformateur anglais (près de Richmond, Yorkshire, 1324 ? – Lutterworth 1384).

Auteur de quelque trois cents sermons, il conclut de l'existence de la grâce au caractère usurpateur de toute autorité humaine : De dominio divino (1376) prêche le retour des biens du clergé au peuple avant de se dresser contre la papauté. Wycliffe crée un ordre de religieux pauvres, les lollards. Sa traduction de la Bible (1378) ne sera achevée qu'en 1400.

Wyndham (John Wyndham Parker Lucas Beynon Harris, dit John)

Écrivain anglais (Knowle, Warwickshire, 1903 – Peterfield, Hampshire, 1969).

Il écrivait déjà de la science-fiction depuis 1931 lorsqu'il publia le roman auquel il doit sa réputation, les Triffides (1951), un classique du roman catastrophe qui dépeint l'agonie de la Terre victime de plantes vénéneuses. Son œuvre d'après-guerre – notamment les Chrysalides (1955), Chocky (1968) et les Coucous de Midwych (1957) – traite essentiellement des problèmes de l'enfance. Ses meilleures nouvelles ont été réunies dans le Temps cassé (1956) et la Machine perdue (1973).

Wyspianski (Stanisław)

Artiste et auteur dramatique polonais (Cracovie 1869 – id. 1907).

Fils d'un sculpteur, il est de 1886 à 1890 à l'école des beaux-arts de Cracovie l'élève du grand peintre Jan Matejko. Un premier voyage en Italie du Nord et en France en 1890, suivi de séjours presque ininterrompus à Paris jusqu'en août 1894, n'a guère d'influence sur sa peinture (il aurait rencontré Gauguin à Montparnasse en 1893), mais confirme sa passion pour le théâtre. Il va régulièrement à la Comédie-Française et à l'Opéra, entreprend de traduire le Cid et Zaïre, lit Ibsen en allemand et découvre Maeterlinck. Revenu à Cracovie, il reçoit la commande des vitraux de l'église des Franciscains et collabore dès sa fondation à la revue de la Jeune Pologne, Życie, dont il deviendra le directeur artistique à l'arrivée de Stanisław Przybyszewski. En 1898, sa première œuvre, la Varsovienne, un acte de conception très maeterlinckienne sur l'insurrection de 1830, autour des couplets de C. Delavigne, est jouée à Cracovie avec un succès qui doit sans doute plus à la mise en scène qu'à un texte qui choque par ses audaces. Lelewel (1899), une tragédie en 5 actes sur la même insurrection, est un échec. La consécration ne vient qu'avec les Noces (1901), drame inspiré par le mariage du poète Lucjan Rydel, ami du peintre, avec une paysanne. Pendant les noces, les invités de la ville et villageois se mêlent sans parvenir à se comprendre. Paysans et notables, artistes et valets de ferme, sont pourtant de la même nation. Qu'arriverait-il s'ils devaient un jour combattre ensemble ? Or l'occasion est là : conduits par le mannequin de paille du jardin, le « chochol », des fantômes du passé viennent révéler à chacun de ces vivants ses rêves inavoués, ses hantises ou ses faiblesses. Le dernier apporte un cor d'or qui annoncera l'insurrection victorieuse. Mais il ne se passe rien : le maître de maison s'endort dans son fauteuil ; le valet, parti sonner le rappel, perd le cor magique pour sauver les plumes de paon de sa toque. Et le « chochol » entraîne dans une ronde de somnambules tous ces pantins qui n'ont pas « voulu vouloir ». Critique de l'illusion romantique, satire des intellectuels décadents et des bourgeois mesquins, démystification du paysan idéalisé par les nostalgiques du passé, les Noces sont marquées par un pessimisme profond. Mais ce pessimisme en fait un drame puissant. Et surtout, jouant en maître de la réalité, du symbole et du rêve, Wyspiański y a trouvé une forme scénique qui va révolutionner le théâtre en Pologne. Le style haletant emprunte à la fois à la satire politique, au théâtre populaire de marionnettes et au symbolisme moderniste. Plus élaborée encore, la Délivrance (1903) revient sur le même sujet en de vastes allégories. Dans une volonté de théâtre total (le premier acte met en présence sur la scène nue du théâtre de Cracovie le héros et les machinistes qui plantent le décor), l'auteur veut présenter en action les grandes idées qui ont ébranlé son pays depuis le romantisme héroïque de 1825 : le Konrad de la Délivrance porte le nom du héros des Aïeux de Mickiewicz. Face à lui, la Muse, le Génie, le Primat, le Vieillard ne sont que des abstractions qui représentent la Poésie, l'État, la Religion ou la Pitié. Ce combat d'images culmine avec le second acte, où vingt masques qui sont les qualités et les défauts de la Pologne historique viennent l'un après l'autre tenter ou effrayer le héros. L'œuvre condamne l'illusion romantique : Konrad tue la Poésie, obstacle à l'action ; mais il doit fuir, vaincu, devant l'essaim des Érinyes. Cette amère réflexion sur le destin national est ainsi le drame de l'impuissance héroïque. L'œuvre dramatique de Wyspiański, qui rêvait d'un « théâtre immense intégrant toutes les formes d'expression artistique » est multiforme : drames contemporains sur l'incompréhension et le crime (la Malédiction, 1899 ; les Juges, 1907) ; drames légendaires sur les origines mythiques de la Pologne (Légende I, 1897 ; Légende II, 1904) ; drames sur le pouvoir à travers l'histoire médiévale du pays (Boleslaw le Hardi, 1902 ; Skałka, 1906) ; tragédies du destin inspirées de l'Antiquité grecque (Méléagre, 1898 ; Protésilas et Laodamie, 1899 ; Achilleis, 1903), cycle sur l'insurrection de Novembre (la Varsovienne, 1898 ; Lelewel, 1899 ; la Nuit de novembre (1904). Dans cette troisième pièce, l'action se déroule pendant la nuit du 29 novembre, aux premières heures du soulèvement, autour du palais des Łazienki. Utilisant un procédé analogue à celui des Noces, l'auteur respecte la vérité historique, mais fait intervenir comme moteur de l'action ou comme symbole du destin le peuple de Déesses ou de Victoires grecques dont les statues de marbre ornent le parc du palais (Athéna, Démèter, la Victoire de Marathon ou celle de Salamine). Wyspiański a rendu caduque la vénération de l'art comme absolu, se démarquant ainsi de la Jeune Pologne. Pour lui, le théâtre représente une activité historique qui est, en soi, une révolte contre la décadence, une volonté de vie, une puissance. Il est l'un des grands réformateurs de la scène polonaise de la fin du XIXe et du début du XXe s. Nietzsche est indubitablement l'un des maîtres à penser de Wyspiański qui, dans ses premiers drames, donne très vite à son œuvre des caractéristiques propres, non sans relation avec la grande dramaturgie des romantiques polonais. L'originalité en est les thèmes soulevés : philosophiques, métaphysiques, souvent chargés d'inquiétudes quant au devenir de la nation polonaise.