Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Dhainaut (Pierre)

Poète français (Lille 1935).

Il est sensible à la créativité surréaliste qui marque ses premiers textes. À l'entame de l'œuvre, le Poème commencé (1969) révèle l'influence de Jean Malrieu, et Efface, éveille (1974), celle de B. Noël. Il évolue alors entre une forme spacieuse et un attrait pour la brièveté. Surtout, dans un mouvement de conversion, un sujet lyrique « altéré » se défait peu à peu de ses prérogatives pour se tourner vers l'autre d'autrui et du monde, s'en faire l'écho (Mise en arbres d'échos, 1991). Il s'agit de définir les mots d'une justesse de soi à soi, de soi à l'autre, de soi au monde. Prolifique, cette poésie accorde une place prépondérante aux éléments du monde tels que l'enfance et le rivage, l'arbre ou la pierre, pour en dire l'irremplaçable présence (Fragments et louanges, 1993). Dans la lumière inachevée (1996) est une auto-anthologie.

D'Halmar (Augusto Goemine Thomson, dit Augusto)

Écrivain chilien (Santiago 1882 – id. 1950).

Il subit l'influence du roman russe et de Balzac. Ses premiers romans sont d'un réalisme cru : Juana Lucero (1902) conte la déchéance d'une femme tombée dans la prostitution ; Passion et mort du curé Deusto (1924) est le récit de l'amitié équivoque d'un prêtre et d'un adolescent. Consul à Calcutta, il donna dans l'exotisme oriental (Nirvana, 1918). On lui doit aussi des recueils lyriques (Paroles pour chansons, 1942) et des essais critiques.

Dharmas'Astra

Traités sanskrits attribués aux sages inspirés qui compilèrent dès le VIIIe s. av. J.-C. la Smrti (souvenir), ce qui leur avait été révélé directement sous la forme de S'ruti (audition) par une source divine... Ils se divisent en trois parties : acara, règles de conduite et coutumes ; vyavahara, procédure légale ; et prayas'citta, pratique expiatoire. Outre les Lois de Manu et le Yajñavalkya-Dharmas'astra, des traités importants sont attribués à Apastamba, à Gotama...

Dhat Al-Himma
ou Dhu L-Himma

Roman de chevalerie arabe portant le nom de son héroïne et composé probablement à l'époque des croisades.

Le thème principal en est la guerre avec Byzance aux premiers siècles de l'islam, thème récurrent dans cette littérature moyenne dont il relève, et qui le rapproche notamment du roman de 'Umar al-Nu'man (inclus dans les Mille et Une Nuits).

Dhondt (Astere Michel)

Écrivain belge d'expression néerlandaise (Gand 1937).

Ses romans explorent les nouveaux fantasmes nés de la libération sexuelle (Sept garçons pleins d'esprit, 1966) ou jouent, avec humour, de l'histoire et de l'espace (Sindbad le Corsaire, 1973 ; les Fruits de la terre, 1977 ; le Grand Sud, 1982).

Dhôtel (André)

Écrivain français (Attigny 1900 – Paris 1991).

Qu'il s'agisse de romans (le Pays où l'on n'arrive jamais, 1955) ou de nouvelles (la Chronique fabuleuse, 1955 ; Un soir, 1977 ; Nouvelle Chronique fabuleuse, 1984), son œuvre, fortement marquée par l'atmosphère des Ardennes (le Couvent des pinsons, 1974 ; les Disparus, 1976), est toujours une quête optimiste, où le Graal n'est jamais loin, et qui se poursuit à travers l'espace du rêve, le temps du fantastique, de la fidélité au premier amour ou l'évocation de vies apparemment anonymes qui se découvrent chargées de symboles et de révélations (Histoire d'un fonctionnaire, 1984). La constance, l'acceptation de l'énigme et de l'aventure, une certaine douceur sont ici des règles d'écriture et surtout de vie (Campements, 1930 ; les Voyages fantastiques de Julien Grainebis, 1958 ; Un jour viendra, 1970 ; le Soleil du désert, 1973 ; Des trottoirs et des fleurs, 1981 ; Rhétorique fabuleuse, 1983).

Dhu L-Rumma (Ghaylan ibn Uqba)

Poète arabe (mort v. 735).

Un des meilleurs représentants du lyrisme traditionnel, il est particulièrement honoré par les lexicographes en raison de l'archaïsme et de la technicité de son langage, notamment pour les descriptions animalières.

dhvani (suggestion, résonance)

La théorie de la suggestion, notion centrale de la poétique et de l'expérience esthétique indiennes, fut développée par Anandavardhana (Cachemire, IXe s.), puis Abhinavagupta : le plaisir esthétique provient selon lui du sens suggéré (vyangartha) – distinct d'une simple désignation des choses –, capté par une activité de la conscience, à la source même du rasa (jouissance esthétique). Aussi cette école distingue-t-elle trois qualités de poésie : de l'inférieure (citra) « figurative », dénuée de suggestion et qui laisse l'esprit passif, à l'éminente, où l'inexprimé suscite le ravissement en stimulant le dynamisme de la conscience jusqu'en ses registres les plus profonds, tels les vestiges inconscients (vasana) qui remontent à la surface sous l'effet de l'émotion poétique.

Di Giacomo (Salvatore)

Écrivain italien (Naples 1860 – id. 1934).

Ses vers en dialecte napolitain (la Boutique verte, 1886 ; Ariettes et Sonnets, 1898), souvent mis en musique, ses drames véristes (Assunta Spina, 1909) et ses nouvelles (Pipe et chope, 1893) sont des fresques de la vie populaire de sa ville.

Di Lascia (Mariateresa)

Écrivain italien (Rocchetta S. Antonio, Foggia, 1954 – Rome 1994).

Militante féministe, son roman autobiographique Passage dans l'ombre, dont la publication posthume date de 1995, décrit la réalité sociale du Sud de l'Italie, qu'elle traite à travers l'analyse de la condition de la femme et des rapports familiaux.

Di Prima (Diane)

Poète américain (New York, 1934).

Elle est la seule femme à émerger de la Beat Generation. Ses poèmes (Poèmes choisis, 1956-1975, 1977 ; Morceaux de chanson, 1990 ; Le masque est le chemin de l'étoile, 1993) en dépassent les enjeux, par leur engagement politique (féminisme et anarchisme) et leur inspiration romantique et ésotérique. S'inscrivant dans une lignée de femmes prophètesses et chamanes, elle institue son histoire individuelle en emblème de l'histoire de la puissance féminine, dans une dialectique articulant sauvagerie et civilisation comme sphères de l'action créative de la femme. Son autobiographie intitulée Mémoires de ma vie de femme retracera sa trajectoire des années 1950 aux années 1980.