Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Pérez de Ayala (Ramón)

Écrivain espagnol (Oviedo 1881 – Madrid 1962).

Critique dramatique (les Masques, 1917-1919), observateur non conformiste de la vie intellectuelle de son pays (Politique et taureaux, 1918), il est l'auteur de romans où passent, sur le mode ironique, les figures de la bohème artiste de Madrid (la Patte du renard, 1912 ; Entremetteuses et danseuses, 1913). De Ténèbres sur les cimes (1907) à Bellarmin et Apollon (1921), il porta un point de vue « poétique » sur la réalité espagnole (Trois Nouvelles poématiques de la vie espagnole, 1916) débouchant sur les visions symboliques de Lune de miel, lune de fiel (1923) et les Travaux d'Urbain et Simone (1923). Tigre Jean (1926), inspiré des théories biologiques du docteur Gregorio Marañón, et le Rebouteux de son honneur (1926), sa suite, sont les derniers romans de cet écrivain, héritier direct de la génération de 1898, également poète et conteur de talent, considéré comme le romancier le plus intellectuel de l'entre-deux-guerres.

Pérez de Hita (Ginés)

Écrivain espagnol (Mula v. 1544 – Murcie v. 1619).

Ses Guerres civiles de Grenade sont déjà un roman historique : la première partie (1595) expose les divisions intestines des Maures de Grenade, depuis les débuts de leur domination jusqu'à la prise de la capitale (1492) ; la deuxième (1619) raconte leur soulèvement (1569-1571). La littérature européenne adopta les Maures idolâtres et galants de Pérez de Hita (de Mlle de Scudéry à Chateaubriand).

Pérez de Montalbán (Juan)

Écrivain espagnol (Madrid 1602 – id. 1638).

On retrouve dans ses pièces de théâtre (une soixantaine de comedias) l'influence de son ami Lope de Vega, dont il fut le premier biographe. Il a laissé des autos sacramentels et des drames sur des thèmes historiques (les Amants de Teruel, 1638). On lui doit aussi un poème épique (Orphée en langue espagnole, 1624) et des recueils de nouvelles (Succès et prodiges d'amour, 1625).

Pérez de Oliva (Fernán)

Humaniste espagnol (Cordoue v. 1494 – id. 1533).

Il professa à Paris (1523-1525), puis à Salamanque, où il devint recteur. Il a laissé des traductions de Sophocle, d'Euripide, de Plaute, des ouvrages d'histoire et de technologie, des traités moraux dans la lignée de l'Éthique d'Aristote (Discours sur les puissances de l'âme) et un Dialogue de la dignité de l'homme, publié en 1546, un des premiers modèles de la prose castillane.

Pérez de Zambrana (Luisa)

Poétesse cubaine (El Cobre 1835 – Regla 1922).

Auteur de poèmes philosophiques et religieux, de vers où elle chante la nature, elle est surtout connue pour ses pièces intimistes marquées par le souvenir de son mari et de ses trois enfants disparus prématurément (Douleur suprême, Martyre). Son inspiration, de veine romantique, est empreinte d'un profond sentiment de mélancolie douloureuse (Poésies, 1856-1860 ; 1920). Elle publia aussi quelques romans (Angélique et Étoile, 1864).

Pérez Galdos (Benito)

Écrivain espagnol (Las Palmas, Canaries, 1843 – Madrid 1920).

Il donna en 1870 son premier roman historique (la Fontaine d'or) et obtint ses premiers grands succès avec ses romans de mœurs (Doña Perfecta, 1876). Créateur surpuissant doublé d'un travailleur acharné, il est considéré comme l'équivalent direct pour l'Espagne de Balzac. Ses Épisodes nationaux, composés de 46 romans historiques, se répartissent en cinq séries : les deux premières (1873-1879) ont pour thème l'histoire de l'Espagne depuis Trafalgar jusqu'à la première guerre carliste (1834) ; les trois autres (1898-1912) vont jusqu'à la Restauration (1875). Plus que n'importe quel historien, Galdos a révélé l'Espagne aux Espagnols, non seulement par cette œuvre monumentale, mais aussi par des romans historico-politiques dans lesquels il développe ses opinions libérales et qui ont contribué à réintégrer l'Espagne dans l'Europe moderne : Gloria (1877), la Famille de León Roch (1878), Fortunata y Jacinta (1887), Miau (1888), Ángel Guerra (1890-91). Son mélange d'humour et d'optimisme, dénué de préoccupations philosophiques ou psychologiques, l'a fait comparer à Dickens, alors que son réalisme le rapproche de Flaubert et de Zola. Mais il évolua vers un spiritualisme fin de siècle, où le renouveau chrétien croise l'humanitarisme de Tolstoï (Nazarín, 1895 ; Miséricorde, 1897). Après des essais de « romans dialogués » (Réalité, 1889 ; le Grand-Père, 1897), il a également abordé le théâtre dans un esprit ibsénien (les Condamnés, 1894 ; Électre, 1901 ; Cassandre, 1910). L'immense force créatrice de Galdos fait de lui un des auteurs les plus lus et les plus commentés de toute la littérature espagnole, même si la dimension critique et politique de toute une partie de ses écrits continue d'entretenir une certaine tension autour de son œuvre.

Pergaud (Louis)

Écrivain français (Belmont, Doubs, 1882 – Marchéville, près de Verdun, 1915).

Instituteur dans cette Franche-Comté rurale où il a grandi, en butte aux vexations d'une population cléricale, il prend un congé et rejoint à Paris son ami Léon Deubel, se croyant lui aussi, mais brièvement, poète (l'Aube, 1904 ; l'Herbe d'avril, 1908). Il imagine les sentiments des bêtes d'après leurs mœurs, les peignant dans de petits drames vifs et bien construits (De Goupil à Margot, 1910 ; la Revanche du Corbeau, 1911 ; le Roman de Miraut, chien de chasse, 1913). En 1912, il surprend le public qui l'a classé comme écrivain animalier : la Guerre des boutons offre une peinture pittoresque et souvent crue du monde de l'enfance, avec sa cruauté, sa capacité d'humiliation et son sens de la discipline. En 1915, sous-lieutenant, il refuse d'abandonner ses hommes et disparaît sous des tirs d'obus, laissant un recueil de nouvelles villageoises (les Rustiques, 1921) et une Correspondance (publiée en 1955).

Périer (Odilon-Jean)

Écrivain belge de langue française (Bruxelles 1901 – id. 1928).

Ses quelques recueils (le Combat de la neige et du poète, 1920 ; la Vertu par le chant, 1921 ; Notre mère la ville, 1922 ; le Citadin, 1924 ; le Promeneur, 1927) contiennent parmi les plus purs poèmes de la littérature française de Belgique : bonheur d'expression dans un « calme langage », inspiration attachée à une « réalité plus simple : la couleur du ciel et des choses, le visage émouvant des hommes ». Son seul roman, le Passage des anges (1926), se présente comme une parabole qui dit l'impossible quête de la pureté dans un monde « où tout est perdu ». Au théâtre, il fit représenter en 1925 les Indifférents, devenu classique du répertoire.