Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Dini (Nurhajati Srihardini, dite Nh.)

Romancière indonésienne (Semarang, Java, 1936).

C'est l'une des très rares femmes à s'être imposée dans la littérature d'Indonésie. En publiant à vingt ans son premier recueil de nouvelles (Deux Mondes, 1956), puis un court roman (Cœurs paisibles, 1961), elle ouvrait une série de portraits féminins dont l'intérêt dépasse celui des histoires sentimentales qui leur servent de cadre. Après son mariage avec un diplomate français, ses récits portent la trace de ses voyages (Sur un bateau, 1973 ; la Barka, 1975 ; Je m'appelle Hiroko, 1977), avant d'évoquer ses souvenirs de jeunesse (Une ruelle dans une ville, 1978 ; Un champ d'herbe derrière chez nous, 1979).

Dinis (Joaquim Guilherme Gomes Coelho, dit Júlio)

Écrivain portugais (Porto 1839 – id. 1871).

Victime de la tuberculose à 32 ans, il a laissé trois des romans les plus lus au Portugal et au Brésil depuis un siècle (le Recteur et ses pupilles, 1866 ; l'Héritière de la Cannaie, 1868 ; Une famille anglaise, 1868), qui témoignent d'une foi profonde dans la bonté naturelle de l'homme et dans les valeurs de la bourgeoisie libérale portugaise.

Dinis da Cruz e Silva (António)

Poète portugais (Lisbonne 1731 – Rio de Janeiro 1799).

Il est connu surtout par son poème héroï-comique le Goupillon (publié en 1802), écho aux critiques dont le haut clergé est l'objet sous le ministère de Pombal.

Dinis da Cruz e Silva (Antonio)

Poète portugais (Lisbonne 1731 – Rio de Janeiro 1799).

Il participa à la fondation de l'Arcadia Lusitana. Il est connu pour son Goupillon (O Hissope, 1802), poème héroï-comique où il s'en prend au haut clergé.

dinka (chants)

Peuple nilotique du Soudan méridional et ethnie numériquement la plus importante de ce pays, les Dinka développent leurs talents poétiques dans de remarquables compositions chantées, de genres très divers, aux textes parfois fort longs. Les plus étonnants sont sans doute les chants que tout jeune Dinka digne de ce nom se doit de composer et d'adresser à son bœuf favori en compagnie duquel il se pavane. Parmi les nombreux autres genres, on note aussi, pour l'originalité de leurs paroles, les chants cathartiques (associés à des sortes de retraites masculines dans des camps éloignés du village et au cours desquelles on se gorge de lait), les chants d'initiation, les hymnes à la divinité, les chants d'insultes et de plaisanteries entre compagnons d'âge, les chants de guerre et, d'origine plus récente, mais non moins belliqueux, les chants d'écoliers.

Diogène Laërce
ou Diogène de Laërte

Écrivain grec (Laërte, Cilicie, IIIe s. apr. J.-C.).

Il est l'auteur d'une histoire de la philosophie, Vies, Doctrines et Sentences des philosophes illustres, en 10 livres, où l'anecdote biographique l'emporte sur l'exposé théorique. Intéressé par toutes les écoles philosophiques, des Sept Sages aux épicuriens, à l'exception du néo-platonisme, il nous fournit de nombreuses citations d'œuvres aujourd'hui perdues, comme le testament et les lettres d'Épicure.

Dion Cassius

Historien grec (Nicée, Bithynie, v. 164 – v. 234).

Dignitaire de l'Empire romain, deux fois consul, en 205 et en 229, il fut un proche de Septime Sévère. Auteur d'un ouvrage Sur les songes et les présages, d'une Histoire des guerres civiles, qui est perdue, il a aussi écrit une Histoire romaine, en 80 livres, dont il nous reste les livres XXXVI à LIV (680-10 av. J.-C.), avec des fragments et des résumés. Dans une histoire qui demeure annalistique et une œuvre qui unit des méthodes et des préoccupations variées, racontant l'histoire de Rome des origines jusqu'en 222 apr. J.-C., il fait l'éloge d'un Empire et d'un pouvoir décentralisé.

Dion Chrysostome
ou Dion de Pruse

Philosophe ou rhéteur grec (Pruse, Bithynie, v. 45 – Rome v. 110).

Comme le raconte Philostrate dans la Vie des sophistes, ce professeur de rhétorique et philosophe errant, accueilli par Vespasien et Titus, puis, après son bannissement sous Domitien, par Nerva et Trajan, est l'auteur de nombreux discours, de style et de contenu très variés, à dominante morale et biographique, d'inspiration stoïcienne, politique (quatre discours à Trajan, Sur la royauté), sociale (ex. le Discours eubéen) et mythologique (ex. le Discours troyen).

Diop (Birago)

Écrivain sénégalais (Dakar 1906 – id. 1989).

Vétérinaire, c'est un homme de terrain, à la différence des autres membres du groupe l'Étudiant noir. Son amitié pour le vieux griot Amadou Koumba Ngom est à l'origine de son entreprise de collecte et de récriture des contes onolofs. Il a publié aussi des poèmes (Leurres et Lueurs, 1960) et ses Mémoires (la Plume raboutée, 1978). Mais ce sont ses recueils, les Contes d'Amadou Koumba (1947), les Nouveaux Contes d'Amadou Koumba (1958), Contes et Lavanes (1963), qui l'ont rendu célèbre. Avec un grand talent de conteur, il transmet d'authentiques contes traditionnels, mais en les recréant pour répondre aux exigences de l'écrit et aux attentes d'un public élargi. Il porte ainsi témoignage de la vitalité de la culture populaire et réussit une œuvre très attachante par son mélange de réalisme (« Sarzan ») et de merveilleux. Mais il sait bien que, dans le passage de l'oral à l'écrit, s'opère une rupture irréversible et que le conte écrit est devenu un texte hybride.

Diop (Boubacar Boris)

Écrivain sénégalais (Dakar 1946).

Professeur de littérature, journaliste et scénariste, il est surtout remarquable comme romancier, l'un de ceux qui transforment et renouvellent profondément le roman africain en faisant éclater ses structures et en forgeant une écriture « traversée par le souffle de l'oralité ». Dans le Temps de Tamango (1981), il utilise, pour dénoncer les maux du présent, les ressources de l'anticipation ; les Tambours de la mémoire (1990) et le Cavalier et son ombre (prix Tropiques, 1997) mêlent dans une savante construction narrative roman d'amour, mythe et mise en question du mythe. Murambi, le livre des ossements (2000), a été écrit dans le cadre de l'opération « Écrire par devoir de mémoire » qui a invité un groupe d' écrivains africains à témoigner sur le génocide rwandais. Ce roman, qui n'en est pas vraiment un, pose de façon déchirante la question des pouvoirs de la littérature face à l'horreur indicible.