Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
N

Novarina (Valère)

Écrivain français (Chêne-Bourgerie, Suisse, 1942).

Il porte souvent à la scène (l'incarnation est un précipité de la lecture) ses textes qui mêlent théâtre, roman, poésie, autobiographie et épopée, tout en outrepassant les limites de chacun de ces genres, notamment par le pullulement des personnages (2 587 dans le Drame de la vie, 1984) et des énumérations hallucinantes (1 111 oiseaux dans le Discours aux animaux, 1987 ; 1 739 cours d'eau dans la Chair de l'homme, 1995). Son interrogation sur le tragique de l'expérience humaine passe par la frénésie de tout dire (« ce dont on ne peut pas parler, c'est cela qu'il faut dire ») et la perpétuation d'un état insurrectionnel de la langue (le Babil des classes dangereuses, 1978), qui intègre ritournelles, comptines, proverbes, résurgences des parlers savoyard et argotique, échos de la poésie biblique ou encyclopédique, et multiplie néologismes, barbarismes, agglutinations de mots, manipulations morphologiques et étymologiques.

Novikov (Nikolaï Ivanovitch)

Écrivain russe (Avdotino, près de Moscou, 1744 – id. 1818).

Figure essentielle des Lumières russes, il fonda à Saint-Pétersbourg plusieurs revues satiriques, le Bourdon (1769-1770), puis le Peintre (1772-1773) et la Bourse (1774), interdites l'une après l'autre (« Ce n'est pas la faute du miroir si les visages sont de travers », se défendait-il). Il ouvrit alors (1779) une maison d'édition à Moscou, et devint franc-maçon  – ce qui accentua l'hostilité de Catherine II, qui l'envoya dans une forteresse. Comme éditeur, il joua un rôle de vulgarisateur, qui allait de l'adaptation des œuvres philosophiques et scientifiques européennes à la création d'un journal pour enfants ; il organisa la première bibliothèque publique de Moscou.

Novissimi (I)

groupe italien d'avant-garde des années 1960, fondé par Edoardo Sanguineti. Son manifeste, poétique et critique, est constitué de l'anthologie les Novissimi, poésies pour les années 60 (1961), établie par Alfredo Giuliani, et comprend des textes de Giuliani lui-même, de Sanguineti, de Nanni Balestrini, d'Elio Pagliarini et d'Antonio Porta.

Novo Cancioneiro

Groupe poétique portugais constitué en 1941 et qui, en liaison avec les initiateurs du néoréalisme, donna à la poésie un objectif social. Le mouvement se manifesta par la publication de plusieurs poèmes : en 1941, Terre de F. Namora, Poèmes de Mário Dionísio, Plaine de Manuel de Fonseca ; en 1942, Tourisme de Carlos de Oliveira, Passage à niveau de Sidónio Muralha. Il fit connaître Álvaro Feijó (Poèmes, 1941) et Políbio dos Santos (la Voix qui écoute, 1944).

Nový (Karel Novák, dit Karel)

Écrivain tchèque (Benešov 1890 – Prague 1980).

Il évoque sa région natale (le Bourg de Rankov, 1927 ; le Cercle de fer, 1927-1932) et les misères du quotidien (Nous voulons vivre, 1933) dans des récits qu'il n'hésite pas à réecrire après 1949 dans le sens du réalisme socialiste. On lui doit aussi des romans historiques (Chevaliers et Brigands, 1940 ; On aiguise le fer avec le fer, 1949).

Nuayma (Mikhail)

Écrivain libanais (Baskinta 1889 – 1989).

L'Association russe orthodoxe de Palestine l'envoya à l'université de Poltava (1906-1911), où il découvrit avec émerveillement les chefs-d'œuvre de la littérature russe. Puis Nu'ayma entreprit une licence de droit aux États-Unis, où il se lia d'amitié avec Gibrân, fondant avec lui (1920) al-Râbita al-qalamiyya, véritable cénacle du Mahjar, pour lequel il écrivit un manifeste (Dustûr) appelant à régénérer la littérature arabe en l'ouvrant aux littératures occidentales et en encourageant le réalisme descriptif. Il publia des nouvelles (Il était une fois, 1937), des poèmes (Murmure des paupières, 1947), une pièce théâtre (Pères et fils, 1917), des essais critiques (le Tamis, 1923), une vie de Gibrân (Gibrân Khalîl Gibrân, 1932) et une autobiographie (Soixante-dix ans, 1959).

Nuñez de Arce (Gaspar)

Homme politique et poète espagnol (Valladolid 1834 – Madrid 1903).

S'il a écrit, souvent en collaboration avec Antonio Hurtado, un grand nombre d'œuvres dramatiques (Blesser dans l'ombre, 1866), il doit sa réputation à sa poésie lyrique. Classique par la forme de ses vers, romantique par l'exaltation de ses sentiments (l'Ultime Lamentation de lord Byron, 1879), il exprime dans ses Cris de combat (1875) ses angoisses patriotiques et ses haines politiques.

Nur Sutan Iskandar

Écrivain indonésien (Sungai Batang 1893 – Jakarta 1975).

Il fit des études à Bukittinggi, travailla comme enseignant puis, dès 1919, occupa à Balai Pustaka un poste de correcteur-rédacteur. Il est l'auteur de romans dont certains se situent dans la tradition de la « période de Balai Pustaka », ainsi Qu'y puis-je, puisque je suis une femme ? (1922) et Mauvais Choix (1928), deux romans traitant du mariage forcé, le premier se terminant tragiquement, le deuxième, au contraire, connaissant une fin heureuse. Parmi ses autres récits, on peut citer deux romans historiques, le Chef d'état-major du roi (1934), considéré comme son œuvre la plus importante, et la Perle (1946) sur la guerre d'Aceh. La Grenouille qui voulait devenir un bœuf (1935) peint un fonctionnaire de l'administration coloniale qui sacrifie tout à son ambition, même sa famille, alors que l'Enfer sur terre (1937) évoque les problèmes de la jeunesse des grandes villes. On lui doit aussi une adaptation (1926) de l'Avare de Molière et des traductions d'Alexandre Dumas.

Nuruddin al-Raniri

Écrivain malais (Rander ? – en Inde 1658).

Après avoir fait des études en Hadramaout, il retourna dans sa région natale, puis partit pour l'archipel. Il séjourna assez longtemps à Pahang puis se rendit en 1637, à Aceh. Il est l'auteur du Bustan us-Salatin, du Sirat al-Mustakim (traité religieux) et d'écrits à caractère polémique (Asrar al-Insan fi-Marifat al-Ruh) dans lesquels il combat la doctrine des soufis « hétérodoxes ». Il commença à rédiger à Aceh, à partir de 1638, sur l'ordre du sultan Iskandar Thani, le Bustan us-Salatin [le Jardin des rois], ouvrage encyclopédique. Divisé en sept livres, il traite de la création de la terre et du ciel, des prophètes, d'Adam à Mahomet, des princes persans, des empereurs de Byzance, des princes d'Égypte et d'Arabie, des souverains malais de Malaka et de Pahang, des rois justes et injustes, des conseillers déloyaux et de diverses sciences, dont la médecine.