Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
C

Coover (Robert Lowell)

Écrivain américain (Charles City, Iowa, 1932).

Il s'attache dans ses romans à une évocation âpre et complexe de la culture américaine : le baseball (The Universal Baseball Association Inc., J. Henry Waugh, Prop., 1968), l'hystérie nationaliste et le mensonge politique avec le Bûcher de Time Square (1977), la satire de la société contemporaine avec Demandez le programme ! (1987). Les nouvelles de la Flûte de Pan (1969) reprennent les thèmes de contes populaires en des arguments fantaisistes et agressivement marqués de freudisme (Liaisons d'une nuit et autres brèves rencontres, 1983), de même que ses reprises pour adultes de contes pour enfants (Pinocchio à Venise, 1991; Églantine, 1997).

Copi (Raúl Damonte, dit)

Dessinateur, humoriste, romancier et auteur dramatique argentin d'expression espagnole et française (Buenos Aires 1939 – Paris 1987).

Après une enfance passée à Buenos Aires, il part pour l'Uruguay puis pour la France, sa famille ayant choisi l'exil lors de l'avènement de Perón en 1945. En 1955, il rentre avec les siens en Argentine où, signant Copi (« petit poulet », surnom que lui donnait sa grand-mère), il publie ses premiers dessins et monte ses premières pièces (El general Podor ; Un angel para la signora Lisca). En 1962, il s'établit à Paris, où il se fait d'abord un nom comme dessinateur humoriste avec sa célèbre « Femme assise » qui paraît au Nouvel Observateur de 1964 jusqu'au début des années 1970. Ses nombreux albums (Humour secret, 1965 ; Et moi, pourquoi j'ai pas une banane, 1975 ; les Vieilles Putes, 1977 ; Kang, 1984) témoignent, dans la simplicité répétitive de leurs petits dialogues dessinés, de son sens de la poésie et de l'absurde, et de sa capacité à mettre en scène dans le rire les hypocrisies et les non-dits contemporains. La théâtralité de son œuvre graphique, ses talents de comédien et son goût de la scène – il fut son propre interprète dans Loretta song (1974) et le Frigo (1983) – se retrouvent dans une écriture théâtrale particulièrement efficace et irrévérencieuse, où il s'illustre indifféremment en espagnol argentin (l'Ombre de Venceslao, 1977 ; Cachafaz, 1993) et en français (la Journée d'une rêveuse, 1968 ; Eva Perón, 1969 ; les Quatre Jumelles, 1973 ; la Nuit de Madame Lucienne, 1985). Ses pièces les plus célèbres, l'Homosexuel ou la Difficulté de s'exprimer (1971) et la Visite inopportune (1987), d'un humour noir ravageur, empruntent à Artaud leur violence sans concession et à Genet leurs jeux de théâtralisation exacerbés : dans la première, Copi subvertit des formes vaudevillesques en jouant violemment avec les vertiges de l'identité sexuelle ; dans la seconde, alors qu'il est déjà très malade du sida, il met en scène sa propre mort, à travers la comédie grotesque des vivants qui défilent au chevet du lit d'hôpital d'un acteur homosexuel, parmi lesquels la mort incarnée sous les traits dérisoires d'une cantatrice hystérique. Les mises en scène de Jorge Lavelli, Alfredo Arias et, plus récemment, de Philippe Adrien ou de Jean-Michel Rabeux ont contribué au succès de son théâtre. Le talent protéiforme de Copi s'est également illustré dans la nouvelle (Virginia Woolf a encore frappé, 1983) et le roman (le Bal des folles, 1973 ; La vie est un tango, 1979 ; la Guerre des Pédés, 1982 ; l'Internationale argentine, 1988).

Copic (Branko)

Écrivain bosniaque (Hasani, Bosanska Krajina 1915 – Belgrade 1984).

Conteur, romancier et poète, auteur d'une œuvre abondante, Copic dépeint le plus souvent la Bosnie et ses souvenirs d'enfance. Il a écrit de la prose et de la poésie pour les enfants. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il rejoint l'armée de libération nationale et tempère d'humour ses récits de guerre. Ses œuvres principales sont : Prolom (1952), les Aventures de Nikoletina Bursac (1955), le Jardin de couleur mauve (1970), la Poudre à canon sourd (1957), Huitième Offensive (1964).

Coppée (François)

Écrivain français (Paris 1842 – id. 1908).

Auteur de comédies (le Passant, 1869) et de drames d'inspiration romantique (Pour la couronne, 1895), il fut, en poésie, un disciple de Leconte de Lisle (le Reliquaire, 1865 ; Poésies modernes, 1869), avant de s'affirmer comme le peintre prosaïque de la vie du petit peuple (les Humbles, 1872 ; les Paroles sincères, 1891). Lors de l'affaire Dreyfus, il fut président d'honneur (1899-1902) de la Ligue de la patrie française.

Coppet (groupe de)

Réunion d'écrivains, de philosophes et de savants autour de Mme de Staël, entre 1800 et 1815. « Société vivifiante », « lanterne magique du monde » selon Sismondi, le groupe de Coppet n'est ni une école ni un mouvement, mais une conscience intellectuelle cosmopolite qui, autour de Mme de Staël et de ses amis (Constant, Schlegel, Humboldt, etc.), puise dans le choc des cultures (le Nord/le Midi), des religions (catholiques/protestants) et des idéologies matière à débats amplement relayés dans l'Europe du XIXe siècle.

copte (littérature)

Dérivé de l'arabe qubt, aphérèse du grec aiguptios, le mot copte renvoie à l'Égypte et plus spécialement au monde égyptien chrétien.

   Le copte est l'aboutissement de la lente évolution qu'a subie la langue égyptienne depuis l'invention de l'écriture hiéroglyphique jusqu'à la période hellénistique. Dès lors, l'emploi du grec introduit une diglossie qui est à l'origine d'une littérature nouvelle, en partie égyptienne, en partie grecque, qui conduit à l'abandon progressif de l'écriture hiéroglyphique dans ses formes cursives, hiératique et démotique. Le résultat en est l'écriture appelée copte, qui emprunte les caractères de l'alphabet grec et y ajoute des signes dérivés du démotique pour rendre les sons propres au parler égyptien, six ou sept selon les dialectes. Les deux principaux dialectes sont le sahidique, pratiqué en Haute-Égypte (sa'id en arabe), et le bohaïrique (de l'arabe bahri, la Basse-Égypte), répandu dans le Delta, qui s'est par la suite imposé dans tout le pays.

   Nombre d'œuvres de la littérature copte sont perdues, d'autres ne subsistent qu'à l'état de fragments disséminés ou de traduction, essentiellement en grec, en arabe et en éthiopien. À partir du VIIe s. en effet, la puissance musulmane installée en Égypte a détruit églises et monastères, avec les manuscrits qui y étaient détenus. De même que la prédominance culturelle grecque avait causé le déclin de la langue pharaonique, de même l'arabe à partir du Xe s. a supplanté le copte. Les manuscrits coptes n'ont donc plus guère été lus ni recopiés, et en raison de l'amenuisement de la population chrétienne et de ses difficultés économiques, les bibliothèques de livres coptes ont été laissées à l'abandon. Ce qui a été épargné – codices de papyrus ou de parchemin, ostraca – et recopié à l'époque arabe sur du papier ne représente qu'une faible partie de la production littéraire copte et relève pour l'essentiel de la littérature religieuse ou plus précisément ecclésiastique, car après la conquête arabo-musulmane de l'Égypte, les textes coptes n'ont plus été conservés que par et pour des moines ou des clercs. Tout ce qui paraissait inutile ou dangereux aux yeux de la hiérarchie religieuse a été détruit ou n'a pas été reproduit. Ces deux facteurs historiques – disparition progressive du copte comme langue culturelle et conservation sélective de la littérature copte dans les monastères et les églises – sont à l'origine des limites de notre connaissance de ce que fut réellement la littérature copte.

Histoire

Au cours d'une première période de l'évolution de cette littérature, du IIe s. de notre ère au milieu du Ve, des textes grecs sont traduits en copte. Le christianisme est venu de Syrie-Palestine en Égypte, où il fut introduit et alimenté par des écrits grecs, qu'il a fallu mettre à la portée d'un public ne parlant que la langue égyptienne, et les penseurs égyptiens, chrétiens ou non, dont l'influence, grâce à la réputation de l'École d'Alexandrie, a gagné la Moyenne– et la Haute-Égypte, sont de culture grecque. Ce travail de traduction n'a pas été le fait des seuls chrétiens. Des Juifs ont traduit du grec, ou peut-être même de l'hébreu, au moins certains livres de l'Ancien Testament. Des gnostiques ont transposé du grec, et sans doute aussi du syriaque, leurs écrits religieux. Ils ont été suivis de peu par les manichéens, tôt implantés en Égypte puisque vers 300 le philosophe Alexandre de Lycopolis écrit un traité contre les doctrines de Mani. Ces traductions gnostiques et manichéennes en copte, dont deux bibliothèques importantes ont été retrouvées en Égypte au XXe s., comme les traductions chrétiennes, sont précieuses, tant pour l'étude de la pensée religieuse en Égypte que pour celle des courants philosophiques du monde méditerranéen ambiant. En outre, comme elles sont devenues modèle d'expression de toute une littérature, on ne saurait minimiser leur intérêt littéraire.

   Cette même période voit aussi apparaître des écrivains originaux, souvent des abbés obligés de composer des règles et des exhortations pour leurs moines, dont la grande majorité ne connaissaient ni la langue ni la culture grecque. Le premier est Pakhôme († 346), à la tête d'une communauté de moines et de moniales répartis en dix couvents ; de ses successeurs Théodore († 368) et Horsiêse († ca.380) nous avons conservé quelques sermons. L'auteur le plus original, même si ses écrits, lettres et sermons principalement, visent à un enseignement moral, rarement théologique, reste Shenouté (entre 334 et 349 – entre 451 et 466), restaurateur du couvent d'Atripé en Haute-Égypte (connu sous le surnom arabe médiéval d'al-Dayr al-Abyad, le Monastère blanc), et adversaire des derniers adeptes de l'ancienne religion ; son action sur le monachisme cénobitique fut importante.

   À la suite du concile de Chalcédoine en 451, occasion d'âpres disputes sur l'union en Jésus-Christ des deux natures divine et humaine, l'Église d'Égypte se sépare des communautés byzantine et romaine, pour des motifs autant politiques, voire nationaux, que doctrinaux. On continue certes à traduire en copte des œuvres grecques, mais les échanges avec la culture grecque tarissent, ce qui induit un réel défaut de renouvellement. Les lettres coptes sont toutefois servies par quelques écrivains notables, tel le moine Pambo de Scété à la fin du Ve s., puis aux VIe et VIIe s., Jean de Parallos, moine dans le Wadi-n-Natroun, les évêques Pésynthios de Keft, Jean de Shmoun et Constantin d'Assiout, lequel fait preuve d'une bonne culture historique alliée à une réelle maîtrise de style, ou encore Rufus de Shotep, auteur de commentaires sur les évangiles de Luc et de Matthieu.

   La conquête arabo-musulmane, de 639 à 643, marque un tournant décisif dans l'histoire de la littérature copte. Si, dans un premier temps, liberté fut laissée aux chrétiens de conserver leur langue comme leur religion, dès 705 un édit du gouverneur 'Abdallah ibn 'Abd al-Malik impose l'usage de l'arabe dans les documents administratifs, ce qui provoque lentement mais sûrement la disparition du copte. Des auteurs coptes rédigent alors leurs ouvrages en arabe, le premier d'entre eux étant Sévère ibn al-Mouqaffa, évêque d'Ashmouneïn en Haute-Égypte († apr. 987), mais des îlots où l'on continue de parler le copte se maintiennent. Au début du XVe s., l'historien musulman al-Maqrizi assure que les femmes et les enfants chrétiens de Haute-Égypte ne parlent que le copte ; des voyageurs européens des XVIIe et XVIIIe s. prétendent avoir rencontré des villages où on le parle encore. Cependant, le patriarche Gabriel II (1131-1145) invite son clergé à expliquer le Notre Père dans la langue populaire, l'arabe. Le copte devient ainsi une langue savante, et au XIIIe s. on commence à composer des grammaires et des lexiques à l'usage de ceux qui, arabophones, désirent apprendre le copte pour pouvoir lire les livres bibliques et liturgiques. Cela étant, les ouvrages de la période qui suit la conquête musulmane ne présentent guère d'originalité. On se préoccupe surtout de conserver l'acquis de la culture copte, et si l'on produit encore, c'est en suivant les modèles anciens. Les traductions des œuvres coptes en arabe, comme celles qui transposeront de l'arabe en ge'ez nombre d'ouvrages pour les besoins de l'Église d'Éthiopie, qui dépendait canoniquement de celle d'Alexandrie, ont permis la survie de bien des textes dont l'original copte est aujourd'hui perdu.