Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
P

Psellos (Michel)

Écrivain byzantin (Constantinople 1018 – id. 1078).

Secrétaire d'État sous Constantin IX Monomaque, il fut le conseiller d'Isaac Ier Comnène et, par son enseignement à l'université de Constantinople, contribua à la renaissance du platonisme et du néoplatonisme. Il a composé de nombreux ouvrages didactiques et historiques – dont le plus intéressant, la Chronographie, retrace l'histoire de Byzance de 976 à 1077 –, des oraisons funèbres (notamment à la mémoire du patriarche Michel Cérulaire) et a laissé une intéressante correspondance.

Pseudo-Denys, Denys l'Aréopagite

Écrivain grec chrétien, probablement d'origine syrienne (Ve s.).

Il se fit passer pour l'Athénien converti par saint Paul. Il a laissé des œuvres d'inspiration néoplatonicienne exposant la théologie chrétienne : la Hiérarchie céleste, la Hiérarchie ecclésiastique, la Théologie mystique, Des noms divins. Sous l'influence de Plotin et de Proclus, il a élaboré une mystique chrétienne dans laquelle l'union de l'âme à Dieu a lieu selon deux « hiérarchies », l'une terrestre, l'autre céleste, et une théologie marquée par deux modes, l'un positif, l'autre négatif : Dieu est au-delà de la connaissance et de toute affirmation ou négation. Son influence fut immense sur le Moyen Âge chrétien et jusqu'au XVIIe s.

Pseudo-Turpin

Cette traduction en français, au début du XIIIe siècle, d'une chronique latine du XIIe, se réclame frauduleusement de l'autorité de l'archevêque Turpin, héros inventé de la Chanson de Roland, et combine traditions historiques et légendaires mises au service du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Cette chronique qui a connu une énorme diffusion est aussi l'un des tout premiers textes en français à associer écriture en vers et mensonge, et à lier choix de la prose et exigence de vérité – une vérité ici bien discutable.

Psichari (Ernest)

Écrivain français (Paris 1883 – Saint-Vincent-Rossignol, Belgique, 1914).

Petit-fils de E. Renan, il étudie les lettres, sympathise avec les idées socialisantes, puis s'engage dans l'armée coloniale en 1903. Une mission d'un an au Congo (septembre 1906-juin 1907) va changer sa vie ; l'Afrique, qu'il observe attentivement, le révèle à lui-même (Carnets de route, posth. 1948 ; Terres de soleil et de sommeil, récit écrit à partir de ses notes). Là va commencer pour lui la recherche spirituelle d'une discipline intérieure, qu'il trouvera d'abord dans l'armée, où il sera officier d'artillerie. Il rendra compte de son évolution intellectuelle et de sa fascination pour la beauté de l'Afrique dans son roman l'Appel des armes (1913), dédié à Charles Péguy, et dans un journal, les Voix qui crient dans le désert, publié en 1920. Cette « soumission du soldat », écrit-il, « n'est que la figure d'une soumission plus haute ». Il finit par se convertir au catholicisme en 1913 ; cet itinéraire mystique, qui le fait entrer au Tiers Ordre de Saint-Dominique, est analysé sous forme romanesque dans le Voyage du centurion (1915). Sa vie est brutalement interrompue en 1914, aux premiers jours de la guerre.

Ptolémée

Astronome, géographe et mathématicien grec (Ptolémaïs Hermiu v. 90 – Canope v. 168).

Il vécut à Alexandrie sous le règne de Marc Aurèle et eut une grande influence sur la science européenne jusqu'à la Renaissance. Dans la Géographie, il décrit les terres connues de son temps et, dans l'Almageste, présente son système astronomique. Ses Harmoniques établissent une théorie mathématique de la musique grecque.

Pu Songling

Écrivain chinois (5 juin 1640 – 25 février 1715).

D'une famille de lettrés appauvris, il réussit à 18 ans l'examen de bachelier mais n'obtint le grade de licencié qu'à 70 ans, au bénéfice de l'âge. Entre 1679 et 1711, il vit dans la famille Bi comme précepteur et ami, enfin à l'abri des besoins matériels. Alors qu'il a écrit des poèmes, des essais, et des pièces de théâtre, sa notoriété ne repose que sur un ouvrage publié cinquante ans après sa mort, les Contes extraordinaires du pavillon du loisir (1766). En chantier entre 1665 et 1707, ces « chroniques de l'étrange » comprennent près de cinq cents pièces rédigées dans une langue littéraire admirable. Dans le droit fil de la tradition chinoise de la notation scrupuleuse des faits sortant de l'ordinaire (zhiguai xiaoshuo), Pu Songling présente ses histoires, peuplées de créatures de l'au-delà incarnées provisoirement, comme des récits véridiques situés dans le temps et l'espace et recueillis par lui auprès de personnes vivantes. Pu Songling joue avec virtuosité du suspense ainsi créé, car nul ne sait jamais exactement à qui il a affaire. Chemin faisant, il communique, non sans humour, son indignation face à la dureté du monde dans lequel il vit. Il a su marquer de son génie un genre jusqu'alors souvent impersonnel, le hissant au rang des plus grands chefs-d'œuvre de la littérature classique chinoise, tout en éclipsant ceux qui l'imitèrent, tels Ji Yun (1724-1805) et Yuan Mei (1716-1798).

publicistes (publicistas)

On désigne ainsi, au Brésil, les journalistes politiques, les politiciens et idéologues qui s'exprimaient à travers les journaux d'opinion, polémiques ou pamphlétaires, répandus à la Cour ou en province pendant la période comprise entre les derniers moments de la vie coloniale et le début de la phase indépendante du pays. À cette époque, l'éloquence politique rejoignait la littérature d'idées dans des journaux comme : O Correio Brasiliense (1808-1822), à tendance libérale ; Aurora Fluminense (fin du premier Empire – début de la Régence, à Rio), constitutionnaliste ; les périodiques de João Francisco Lisboa (1812-1863), à tendance libérale, publiés au Maranhão, parmi lesquels O Jornal de Timon (1852-1854).

Puget de La Serre (Jean)

Écrivain français (Toulouse v. 1600 – Paris 1665).

Pauvre, il fit métier d'écriture, recherchant les mécènes, et pratiquant la polygraphie. Il écrivit des romans (la Clythie ou Roman de la Cour, 1630), des ouvrages historiques (le Portrait de Scipion l'Africain ou l'Image de la gloire et de la vertu représentée dans celle de Mgr le cardinal duc de Richelieu, 1641), des tragédies (Thomas Morus, 1642, en prose ; le Martyre de sainte Catherine, 1643), des poèmes, un ouvrage de dévotion... Son livre le plus répandu fut un manuel d'art épistolaire (le Secrétaire à la mode, 1641).