Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
S

Sautreau (Serge)

Poète français (Bords de l'Yonne 1943).

Proche d'André Velter, rencontré en 1963, il publie l'année suivante un texte lié au contexte politique (Aisha, 1966), salué comme un événement poétique majeur. Cosignant le Manifeste froid, de la déception pure (1973) avec André Velter, Jean-Christophe Bailly et Yves Buin, il tente avec eux de déstabiliser une langue normative et stéréotypée, reliant étroitement le poème au vécu, dans un refus d'un monde et d'une société intacts malgré la révolution surréaliste. Toute son œuvre prend acte de la crise de la poésie comme de celle de la société et approfondit les termes d'une dialectique entre quête du sens et action vigoureuse de résistance contre l'hégémonie de la raison (Abalochas, 1981 ; le Sel de l'Éden, 1997 ; Après vous mon cher Goetz, 2001). Sautreau est également traducteur du poète afghan Sayd Bahodine Majrouh.

Sava (saint)

Métropolite serbe (1171 – Tarnovo 1235).

Il est le plus jeune fils de Nemanja, fondateur de la dynastie médiévale serbe. Sava était d'abord moine au mont Athos. Il obtient du patriarche de Nicée la reconnaissance de l'autonomie de l'Église serbe (1219), dont il devient le premier archevêque. Sa biographie de son père (Vie de saint Siméon) est la première d'un genre qui domine l'histoire littéraire médiévale serbe. Serviteur de la politique de sa dynastie, il a donné une forte impulsion à la culture serbe, dont il est le saint patron.

Savard (Félix-Antoine)

Écrivain canadien-français (Québec 1894 – id. 1982).

Prêtre, fondateur de paroisses, il a vécu vingt ans parmi les défricheurs, avant d'enseigner la littérature française à l'université Laval. Proche des sources de la tradition populaire et nourri de lectures classiques, il associa les deux inspirations dans un roman-poème (Menaud maître-draveur, 1937), où un patriote à la Maria Chapdelaine sombre dans une « folie » prophétique. Les tableaux ou récits de l'Abatis (1943) sont sobres et robustes.

Savarese (Nino)

Écrivain italien (Enna, Sicile, 1882 – Rome 1945).

Formé dans le climat de La Voce et de La Ronda, il restitue dans ses nombreux récits, fables et chroniques régionales (Ploto, l'homme sincère, 1922 ; Histoire d'un brigand, 1931 ; Histoires et fantaisies, 1932 ; les Fées de Pietra, 1937 ; le Tribun, 1940) l'atmosphère paysanne, l'observation minutieuse et sereine de l'individu face à la nature et à la douleur. Ses essais et ses « voyages » sont remarquables (le Plateau, 1915 ; la Goutte sur la pierre, 1930 ; Histoires italiennes, 1940 ; Recherche d'une ombre, 1942 ; Petite Chronique sicilienne, 1945).

Savary (Léon)

Écrivain suisse de langue française (Fleurier 1895 – Boudry 1968).

Journaliste, critique et essayiste (Fribourg, 1929 ; la Chartreuse de Valsainte, 1942), il a consacré l'essentiel de ses romans et nouvelles à la peinture des milieux intellectuels et religieux, qu'il a dénoncés avec une vigueur de polémiste (Au seuil de la sacristie, 1921 ; Manido chez les Genevois, 1927 ; le Cordon d'argent, 1940). On lui doit des chroniques (En passant, 1942) et des Mémoires (le Fonds des ressuscités, 1956) pleins de verve.

Savinio (Andrea De Chirico, dit Alberto)

Peintre, compositeur et écrivain italien (Athènes 1891 – Rome 1952).

Frère cadet de Giorgio De Chirico, il vécut de 1910 à 1914 à Paris où, après avoir collaboré aux Soirées de Paris, il écrivit en français le drame le Chant de la mi-mort (1914). En 1925, Savinio commença son activité de peintre surréaliste, qu'il définit comme un art qui « ne se contente pas de représenter l'informe ; il veut donner forme à l'informe et conscience à l'inconscient », plus proche en cela du classicisme onirique de la peinture métaphysique issue de la scénographie de ses ballets et de ses pièces (la Mort de Niobé, 1925 ; Capitaine Ulysse, 1934). L'humour et le fantastique d'Hermaphrodito (1916) annoncent aussi bien les autobiographies imaginaires de Hommes, racontez-vous (1942) et les nouvelles de Toute la vie (1945) que l'atmosphère de sa peinture, elle-même parcourue de fantasmes littéraires. Savinio s'est voulu l'écrivain de la transition, l'enregistreur des changements irréversibles (Vie des fantômes, 1925 ; Angélique ou la Nuit de mai, 1927 ; Achille énamouré, 1938 ; Je te le dis, Clio, 1940). Pour lui, c'est par ces changements et ces transitions que l'existence individuelle et la vie collective sont proprement fantastiques. Ainsi, dans son recueil de nouvelles Achille énamouré, l'ironie et les ressources calculées du jeu onirique établissent un fantastique subtil. Savinio n'a cessé de réfléchir sur le rapport entre l'acte créateur et le temps (Maupassant et l'Autre, 1960 ; Encyclopédie nouvelle, 1978) : « Écrire en écrivain signifie écrire non pas à partir du présent, mais soit par souvenir, soit par anticipation. D'où l'on peut déduire cette définition du journaliste : celui qui écrit sans mémoire  ».

Savioli Fontana Castelli (Ludovico Vittorio)

Écrivain italien (Bologne 1729 – id. 1804).

Toute sa culture littéraire est dotée de valeurs formelles, que lui a transmis son éducation classique. Auteur d'un roman pastoral, le Mont Lycée (1750), imitation de l'Arcadie de Sannazaro, et d'une tragédie, Achille (1757), il brille surtout comme poète lyrique avec le recueil Amours (1758), qui, par sa grâce, son élégance, ses évocations mythologiques, constitue le type de la poésie du XVIIIe s.

Sawda (Mirza Mohammad Rafi)

Poète indien de langue urdu et persane (Delhi 1713 – Lucknow 1781).

L'un des quatre piliers de l'urdu avec Mazhar, Mir et Dard, il vécut à la cour de Delhi, puis à Farukhabad avant d'être nommé « prince des poètes » à la cour de Lucknow par Asafuddaulah. Il a composé un diwan, des masnawi et des qasida, mais est surtout célèbre pour avoir fait de la satire un métier et avoir dépeint le déclin de la société musulmane et de la culture moghole dans la Dérision de l'époque.

Saxo Grammaticus

Chroniqueur danois (vers 1150 – Roskilde v. 1220).

Secrétaire de l'archevêque Absalon, il entreprit vers 1185 une histoire du Danemark. Commençant par l'époque présente, il put recueillir le témoignage même de son commanditaire (on a pu, de ce fait, comparer sa Gesta Danorum avec la Guerre des Gaules de Jules César) puis, remontant dans le temps, il a puisé dans la chronique d'Adam de Brême, et, pour les temps les plus reculés, a recueilli d'anciens poèmes norvégiens et islandais. La Gesta Danorum, ouvrage en 16 livres, achevé entre 1202 et 1228, a été connue par l'édition imprimée à Paris en 1514 par Christian Pedersen : cette histoire va des temps légendaires jusqu'en 1187, et opère une sorte de symbiose entre le mythe nordique et l'esprit des historiens latins. C'est l'œuvre majeure du Moyen Âge danois.