Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
L

Larra (Mariano José de)

Écrivain espagnol (Madrid 1809 – id. 1837).

Vite célèbre pour ses chroniques de mœurs et ses articles satiriques, réunis dans son Anthologie d'articles dramatiques, littéraires, politiques et de mœurs (1835-1837), il est le véritable créateur du journalisme moderne dans son pays, le lucide témoin de son temps, le premier à engager le costumbrismo sur la voie de la critique sociale. Son drame Macías (1834) est une des rares pièces du XIXe siècle espagnol qui expriment la rébellion romantique, dont il est, avec son ami Espronceda, le brillant représentant. La même légende de « Macías l'Amoureux » lui inspira un roman dans la veine de Dumas père et de Walter Scott (le Damoiseau d'Henri le Dolent, 1834). Les écrivains de la « génération de 98 » trouveront chez lui un maître à penser pour la remise en question de valeurs considérées comme intangibles. Ce disciple de Quevedo, d'Addison et de Jouy est, comme Heine en Allemagne, le « romantique défroqué » de l'Espagne.

Larrea (Juan)

Écrivain espagnol (Bilbao 1895 – id. 1980).

Éditeur de l'œuvre de C. Vallejo, critique littéraire, auteur, entre autres essais, du Surréalisme à Machu Picchu, disciple d'Apollinaire, maître d'Aleixandre, d'Alberti et de Cernuda, il est un des poètes les plus représentatifs du creacionismo et l'inventeur d'une surprenante imagerie poétique. Ses recueils de poèmes (Métal de voix, Obscur Domaine, Pure Perte) ont été réunis sous le titre de Versión celeste (1969).

Larreta (Enrique Rodríguez)

Écrivain et diplomate argentin (Buenos Aires 1875 – id. 1961).

En 1908, son roman la Gloire de don Ramire ou Une vie au temps de Philippe II met en scène un héros, fils d'un chrétien et d'une Maure, qui symbolise la fusion des deux grandes cultures du temps. En effet, l'œuvre fut saluée comme un monument à la réconciliation entre l'Espagne et ses « filles américaines ». Zogoibi (1926), au titre symbolique (c'est le surnom du dernier roi maure de Grenade), campe un gaucho qui essaie vainement de s'ouvrir à la culture européenne, dans une pampa dont la gloire a vécu. Larreta revient à l'Espagne avec les Rives de l'Èbre (1949), histoire de la vie et des amours d'un personnage fortuné, puis au thème de l'union entre la mère patrie et l'Amérique dans El Gerardo (1953) et Dans la Pampa (1955), où percent les échos de la guerre civile espagnole. Ce va-et-vient intellectuel, spirituel et affectif entre l'Espagne et l'Amérique, qui traduit la quête de l'essence hispanique, est la principale constante d'une œuvre qui se caractérise aussi par un mélange d'ascétisme et de sensualité, d'enthousiasme et de scepticisme, par la passion d'analyse, quasi destructrice, que portent en eux ses personnages et par un style d'une pureté souvent célébrée. Larreta est également l'auteur de poèmes, d'essais, de pièces de théâtre et de Mémoires.

Larsson (Stig)

Écrivain suédois (1955).

Il a été dans les années 1980 le principal représentant de la littérature post-moderne, spécialement avec le roman les Autistes (1979). Quant à lui, il se déclare réaliste, et ses contributions dans des domaines aussi variés que la prose (Nouvel An, 1984 ; Introduction, 1986 ; la Comédie, 1991), la poésie, le théâtre ou le scénario de film (Entre deux étés) sont marquées par la peinture constante de la violence et du mal dans un système social en pleine dissolution.

Larzac (Jean Rouquette, dit Jean)

Écrivain français de langue d'oc (Sète 1938).

Prêtre, professeur d'écriture sainte, il débuta en poésie avec Sola Deitas (1963), qui posait la foi chrétienne dans les termes les plus modernes. Son engagement occitaniste a rapidement rejoint sa pratique de croyant dans les poèmes passionnés de Contre-histoire (1967), l'Étranger de l'intérieur (1968), Refus d'enterrer (1970), la Bouche à la parole (1971). Son œuvre poétique complète est parue en 1987. Dirigeant le secteur littéraire de l'Institut d'études occitanes, il a donné la parole aux jeunes écrivains d'oc.

Las Casas (Bartolomé de)

Historien espagnol (Séville 1474 – Madrid 1566).

Dominicain, il se fit le défenseur des Indiens et lutta par ses écrits pour la justice. Adressée à Charles Quint et abondamment traduite, sa Brève Relation de la destruction des Indes (1552) est une mise en accusation passionnée de la barbarie et de la cupidité des conquistadores. Son Histoire des Indes (publiée en 1875), qui va de Colomb à 1520, fut suivie de l'Histoire apologétique des Indes (publiée en 1909).

Las Cases (Emmanuel, comte de)

Écrivain français (Las Cases, près de Revel, 1766 – Passy-sur-Seine 1842).

Officier de marine, il émigra et publia à Londres un Atlas historique. Rentré en France (1802), il devint chambellan et suivit Napoléon à Sainte-Hélène : il recueillit de lui les propos qui forment la matière de son Mémorial de Sainte-Hélène (1823). L'ouvrage, qui identifie l'épopée de l'Empire à celle de la Révolution et qui fait de Napoléon, plus qu'un « Washington couronné » et un personnage historique, l'homme d'un destin, contribua puissamment à l'édification du mythe napoléonien.

Lascault (Gilbert)

Écrivain français (Strasbourg 1934).

Théoricien de l'art passionné, il peint depuis son premier roman Un monde miné (1975) un univers inquiétant qui n'est autre que le quotidien indéfiniment décomposé et systématiquement mis en doute (Faire et défaire, 1985). Ses topographies facétieuses et cauchemardesques (420 minutes dans la cité des ombres, 1987) empruntent à tous les genres, jouent de la citation et du collage et multiplient les possibles jusqu'à abolir l'idée de réalité.

Lasker-Schüler (Else)

Poétesse allemande (Elberfeld 1869 – Jérusalem 1945).

Proche de Kraus, de Franz Marc, de Werfel, de Trakl, elle fut la muse exaltée de la bohème expressionniste berlinoise au « café de l'Ouest », avant de fuir l'Allemagne en 1933 pour Israël. La mythologie personnelle qui anime ses poèmes (Styx, 1902 ; Mes miracles, 1911 ; Ballades hébraïques, 1913 ; Mon piano bleu, 1943), ses récits et sa correspondance (le Prince de Thèbes, 1914 ; le Malik, 1919) s'inspire de sources bibliques et orientales. Dans la pièce les Wupper (1909), elle évoque une histoire d'amour dans une ville ouvrière, au temps des premières filatures industrielles.