Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Teixeira Pinto (Bento)

Écrivain luso-brésilien (Porto, Portugal, 1565 – ?).

C'est le premier poète imprimé au Brésil. Sa Prosopopée (1601) est un poème épique, en décasyllabes héroïques et 94 strophes, dédié à Duarte Coelho, donataire du Pernambouc.

Tekeyan (Vahan)

Poète arménien (Istanbul 1878 – Le Caire 1945).

Sa production abondante et variée mais inégale, sur des thèmes amoureux ou patriotiques, est empreinte d'un symbolisme mélancolique entièrement orienté vers la peinture d'un univers intérieur (Soucis, 1901 ; Merveilleuse Résurrection, 1914 ; De minuit à l'aube, 1919 ; Amour, 1933 ; Chants arméniens, 1943 ; Livre de poèmes, 1944). Il fit du sonnet sa forme préférée et fut un excellent traducteur des poèmes de Baudelaire et de Shakespeare.

Tekin (Latife)

Écrivain turc (Kayseri 1957).

Née en province, elle vient très tôt à Istanbul où elle fait ses études secondaires. Elle occupe divers emplois jusqu'au succès de son premier roman, qui met en scène la vie des bidonvilles dans la périphérie d'Istanbul. Sa recréation de l'imaginaire des populations rurales déplacées reste l'une des réussites du roman turc contemporain (Chère Mort cruelle 1983 ; les Contes de la montagne d'ordures, 1984 ; Épées de glace, 1989).

Tel Quel

Autour de cette revue littéraire française fondée en 1960 par Philippe Sollers, Jean-René Huguenin, Jean-Edern Hallier, et publiée aux éditions du Seuil se cristallisèrent, pendant vingt ans, un groupe d'écrivains et un mouvement idéologique qui ont marqué profondément la vie intellectuelle. Dans le long parcours de Tel Quel (c'est aussi le nom d'une collection qui accueillit notamment Barthes, Derrida, Genette, Kristeva, Denis et Maurice Roche, Todorov), on peut distinguer cinq phases. La première (1960-1963) est esthétique. Pour les jeunes fondateurs de la revue, qui entretiennent des liens réguliers avec les auteurs du Nouveau Roman, comme avec Georges Bataille ou Francis Ponge, il s'agit d'accentuer la spécificité de la littérature et l'activité du langage. La deuxième période (1963-1966) est marquée par la recherche formelle et la référence insistante à Freud, à Saussure et aux formalistes russes. La recherche critique s'applique aux œuvres qui constituent la limite et la subversion de la culture occidentale : Dante, Sade, Lautréamont, Mallarmé, Artaud, Bataille. Sollers (Drame), Ricardou (la Prise de Constantinople), Marcelin Pleynet (Comme) donnent des textes où l'écriture commence à rompre avec la représentation et se prend elle-même pour objet. Après l'exclusion de Faye, le Programme de 1967 radicalise cette tendance et ouvre une troisième phase, théorique (1967-1971), marquée par la figure de Julia Kristeva. Il s'agit de construire, à partir de Marx et de Freud et par l'étude des textes limites, une théorie matérialiste de l'écriture, devenant « pratique signifiante » et « force de transformation symbolique », et, du même coup, d'élaborer une littérature matérialiste qui écrive les conditions sociales et pulsionnelles de sa production. La théorie s'organise autour des travaux de Jacques Lacan sur le signifiant, de Jacques Derrida sur l'écriture, de Julia Kristeva sur la sémiologie (ou la « sémanalyse »). Les événements de mai 1968 politisent cette recherche. Tel Quel se place au côté du parti communiste, mais les difficultés du dialogue et l'intérêt du groupe pour la Révolution culturelle chinoise débouchent, en 1971, sur une rupture interne et externe. C'est la quatrième période, politique. L'objectif principal devient la diffusion du fait historique chinois, tandis que la fiction, influencée par Joyce, s'oriente vers une transformation de la syntaxe. Mais la double réflexion sur les réalités de la politique mondiale et sur la constitution de la narratologie et de la sémiotique modernes ouvre progressivement sur la cinquième phase, textuelle, et plus éclectique (le dernier sous-titre de la publication sera « Littérature/Philosophie/Art/Science/Politique »). L'évolution personnelle de Sollers amène la disparition de la revue en 1982 (à laquelle, en 1983, succède l'Infini).

Teleki (László)

Homme politique et écrivain hongrois (Pest 1811 – id. 1861).

Représentant à Paris du gouvernement issu de la révolution de 1848, il fut livré à l'Autriche (1860) et se suicida. Il a laissé un drame, le Favori (1841), plaidoyer contre la tyrannie.

Telgadintzi (Hovhannes Haroutivnian, dit)

Écrivain arménien (Telkatin 1860 – en déportation 1915).

Ses chroniques, ses nouvelles et son théâtre reflètent son attachement à son village natal, imprimant à la littérature arménienne occidentale, jusqu'alors surtout urbaine, une orientation nouvelle, « le régionalisme littéraire », dont l'originalité ne sera vraiment perçue qu'en diaspora quand paraît Telgadintsi et son œuvre (1927).

telugu (littérature)

Aujourd'hui langue officielle de l'Andhra Pradesh et, après le hindi, la deuxième langue de l'Inde quant au nombre de locuteurs, le telugu est considéré comme « l'italien de l'Orient », car la mélodie et l'harmonie vocaliques y ont une place capitale. La musique classique de l'Inde du Sud, ou musique carnatique, est redevable au génie des compositeurs telugus du XVIe au XVIIIe s. La littérature telugu pour sa part s'est développée simultanément à partir de la musique et du sanskrit.

   Le pionnier de la littérature telugu, Nannaya Bhattaraka, brahmane sivaïte d'ascendance kannara et poète du roi Rajaraja Narendra (XIe s.), entreprend d'adapter le Mahabharata en telugu, dans une langue fortement influencée par le sanskrit. Au XIIIe s., Tikkana poursuit son œuvre, à laquelle Yerrapragada mettra le point final. Dès le XIIe s., un fort courant littéraire sivaïte était apparu avec Nannicoda, auteur du Kumarasambhava, puis, au XIIIe s., Palkuriki Somanatha (1200-1240). Parallèlement, le Ramayana faisait l'objet d'une centaine d'adaptations, dont la première est le Ranganatha Ramayana (1250). Au XVe s., parmi une multitude de poètes et de virtuoses, deux personnalités majeures se distinguent : Srinatha, auteur du Naisade, et Potana (1450-1510), auteur de la version telugu du Bhagavata. Le XVIe s. est le siècle d'or de la littérature telugu et voit l'épanouissement de la rhétorique dans la prabandha (long récit en vers et prose). L'empereur de Vijayanagar Krisnadevaraya, protecteur des poètes et lui-même versé en sanskrit, telugu et kannara, compose dans ces trois langues ; on lui doit notamment en telugu le poème Amuktamalyada. Mais le plus grand poète du règne reste Peddana, auteur du Manucarita.

   Malgré la chute de l'empire Vijayanagar en 1565 et la domination musulmane sur le Deccan, la tradition du prabandha continue jusqu'au XVIIIe s. grâce à des poètes comme Timmakavi et Vemana, tandis que se développe le mélodrame musical populaire ou yaksagana. Mais c'est en exil à Tanjore que vivent les deux plus grands musiciens-poètes du sud de l'Inde : Ksettrayya (XVIIe) et Tyagaraja (XVIIIe). Citons également deux autres écrivains majeurs, Syama Sastri et Muttusami Dikshitar. Dès le XVIIIe s., les missionnaires impriment des textes, des grammaires et des dictionnaires. Grâce à cette impulsion donnée par les Européens et à l'œuvre de Chinnaya Suri, Virasalingam et G. Appa Rao, le telugu évolue au XIXe s. et devient un mode d'expression moderne, vivant et original. Au XXe s., R. Subba Rao, G. V. Ramamurti, Adavi Bapi Raju, V. R. Narla et P. V. Rajamannar ont particulièrement contribué à la renommée littéraire telugu.