Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Hemon (Aleksandar Sacha)

Écrivain bosniaque (Sarajevo 1964).

Hemon vit actuellement à Chicago. Les critiques américaines et françaises le considèrent comme un écrivain avant-gardiste. En 2000, son livre De l'esprit chez les abrutis est publié en France. Ce recueil, qui a paru dans une quinzaine de pays, contient les nouvelles suivantes : la Vie et l'œuvre d'Alphonse Kanders, Sorge et son réseau d'espions, l'Accordéon, Échange de propos plaisants, Une pièce de monnaie, Blind Josef Pronek Dead Sonds, Mirage de la vie. The Observer a sélectionné Hemon parmi les « vingt et un écrivains dont on parlera au XXIe s. ».

Hémon (Louis)

Écrivain français (Brest 1880 – Chapleau, Canada, 1913).

Journaliste sportif publiant aussi des nouvelles, il se rend en 1911 au Canada, où il meurt accidentellement. Il venait d'envoyer en France le manuscrit de Maria Chapdelaine, publié en feuilleton en 1914, avant de l'être en volume (à Montréal en 1916, à Paris en 1921). La célébrité de ce roman, qui exprime la communion profonde de l'homme et de la nature, occultera ses autres récits : la Belle que voilà (1923), Colin-maillard (1924), Monsieur Ripois et la Némésis (1950) et Battling Malone, pugiliste (1925).

Hemon (Louis-Paul Nemo, dit Roparz)

Écrivain français d'expression bretonne (Brest 1900-Dublin 1978).

Il n'était pas bretonnant de naissance, mais il subit profondément l'influence de son grand-père maternel, Bielig Foricher, qui vouait au breton un amour passionné. Professeur d'anglais à Brest (1924), il commença à écrire dans le journal Breiz Atao. En 1925, il fonda la revue Gwalarn (Nord-Ouest), qui allait être à l'origine d'un puissant renouveau littéraire. Il s'imposa comme le plus grand grammairien depuis Le Gonidec, mena à bien, à lui seul, la rédaction d'un monumental dictionnaire historique de la langue bretonne (Geriadur istorel ar Brezhoneg), et prit la tête du mouvement pour l'orthographe unifiée de 1941 (à laquelle il s'était d'abord opposé). Son œuvre littéraire n'est pas moindre que son activité de linguiste. On lui doit des romans (An Aotrou Bimbochete Breizh [Monsieur Bimbochet en Bretagne], 1925 ; Alanig an tri roue [Alain des trois rois], 1950 ; Mari Vorgan [la Sirène], 1962), des nouvelles (War ribl an hent [Sur le bord de la route], 1971) et de courtes pièces de théâtre. Ses poèmes, parus dans Gwalarn et dans Al Liamm, ont été rassemblés dans le recueil Barzhonegoù (1943-1967). Condamné en 1944 pour ses activités « séparatistes », il émigra en Irlande où il fut professeur à l'Institute for Advanced Studies de Dublin. Il est resté jusqu'à sa mort le chef de la plus importante école littéraire de langue bretonne.

Hemsterhuis (François)

Philosophe hollandais d'expression française (Franeker 1721 – La Haye 1790).

Défendant la « conviction du sentiment » (Lettre sur l'homme et ses rapports, 1772 ; Sophyle ou De la philosophie, 1778 ; Aristée ou De la divinité, 1779), il fonde la création esthétique sur un acte d'intuition et d'enthousiasme (Lettre sur la sculpture, 1769 ; Lettre sur les désirs, 1770).

Hénault (Charles-Jean-François)

Magistrat et écrivain français (Paris 1685 – id. 1770).

Conseiller au parlement de Paris, il devint rapidement président de cour (1710-1731). Il fréquenta les salons littéraires et composa de la poésie mondaine, des tragédies (Cornélie vestale, 1713 ; Marius à Cirthe, 1715) et des comédies (le Réveil d'Épiménide, 1754 ; la Petite Maison, 1769) qui n'eurent pas de succès. Son Abrégé chronologique de l'histoire de France (1744), ensemble d'études historiques, eut de nombreuses éditions.

Henein (Georges)

Poète français d'origine égyptienne (Le Caire 1914 – Paris 1973).

Introducteur du surréalisme en Égypte, il est aussi la conscience inquiète d'une société cosmopolite qui épousera la révolution. Fondateur du groupe « Art et Liberté », des éditions Masses et de la revue la Part du sable, devenue maison d'édition en 1947, ce guetteur de l'intérieur excella dans une écriture raffinée sans cesser d'être un homme de conviction et un penseur de grande envergure (Déraisons d'être, 1938 ; Un temps de petite fille, 1947 ; Seuil interdit, 1956 ; Notes sur un pays inutile, 1977 ; l'Esprit frappeur, carnets 1940-1973, 1980).

Henri d'Andely

Poète français (XIIIe s.).

Il a composé pour le haut clergé de l'université de Paris la Bataille des vins (vers 1223) sur les mérites des vins français, la Bataille des sept arts (1236), satire des universités de Paris et d'Orléans, le Dit du chancelier Philippe, éloge funèbre, et, surtout, le Lai d'Aristote. Le thème oriental de la femme chevauchant Aristote, qu'elle a séduit après qu'il eut reproché à Alexandre d'oublier sa gloire pour elle, connut un vif succès dans l'iconographie.

Henri d'Avranche

Poète latin d'origine anglaise (vers 1180 – v. 1260).

D'ascendance à la fois anglo-normande et rhénane, il effectue une carrière internationale de poète de cour auprès de divers personnages d'église, de l'empereur Frédéric II et de Henri III d'Angleterre. Il est renommé dans toute l'Europe pour ses compositions virtuoses en vers latins métriques et rythmiques, mais aussi en langue vulgaire, sur des sujets religieux et profanes, dans la tradition des poésies goliardiques du XIIe siècle.

Henri de Ferrières

(XIVe s.).

Seigneur normand, il composa les Livres du Roy Modus et de la Royne Ratio (1354-1377), formés du Livre de chasse, description allégorique de la vie des bêtes par un expert en vénerie avec glose morale, et du Songe de Pestilence, allégorie sur les vices et malheurs du temps.

Henriquez (Camilo)

Homme politique et écrivain chilien (Valdivia 1769 – Santiago 1825).

Religieux, amateur de Rousseau et des encyclopédistes français, il écrivit le premier appel en faveur de l'indépendance du Chili (1810) et participa à la rédaction de la Constitution de son pays. Il finit par quitter les ordres (1814) et se consacra à la politique et aux lettres. Poète et auteur dramatique (Camila, 1817), il est surtout l'un des premiers journalistes du Chili, où il fonda plusieurs périodiques (La Aurora de Chile, El Mercurio, El Censor).