Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
S

Salvador

Après l'indépendance de l'Isthme (1823), le Salvador accède à l'autonomie en 1841. Francisco Gavidia (1863-1955), ami de R. Darío et humaniste à la vaste culture, auteur d'œuvres de fiction (théâtre et contes), de poésies et de nombreux essais littéraires ou historiques, est considéré comme le « père » de la littérature nationale salvadorienne, même si le modernisme, en cultivant le cosmopolitisme, devait détourner quelque temps les écrivains des voies qu'il avait tracées : Arturo Ambrogi, Alberto Rivas Bonilla ou Julio E. Ávila s'intéresseront plus tard à l'identité et aux paysages salvadoriens, dont le véritable chantre est alors Salarrué. Alfredo Espino, Serafín Quiteño, Pedro Geoffroy Rivas et, surtout, Claudia Lars contribuent au renouveau poétique.

   À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les classes moyennes tentent d'obtenir une partie d'un pouvoir jusque-là confisqué par une succession de dictateurs et renversent Hernández Martínez. Ces préoccupations sociales et politiques transparaissent dans les lettres ; plusieurs groupes voient le jour, comme le « Grupo Seis », dont le chef de file est Oswaldo Escobar Velado. Parallèlement, il faut citer Claribel Alegría, dont l'œuvre évolue de l'intimisme à un sentiment de solidarité avec le peuple opprimé, et, parmi les prosateurs, Hugo Lindo et Ricardo Triguerós de León, plus attentifs aux problèmes psychologiques et aux recherches formelles. À partir de 1948, le Salvador connaît un gouvernement plus libéral. C'est durant cette période qu'apparaît la « Generación comprometida » (génération engagée, 1950-1956) : Alvaro Menendez Leal, Ricardo Bogrand, Roque Daltón, Manlio Argueta, Roberto Armijo, José Roberto Cea et Alfonso Quijada Urías. Ces poètes se préoccupent de trouver des formes d'expression correspondant à la nouvelle situation du pays. L'Université, qui jouit alors de l'autonomie, joue un rôle prépondérant avec, entre autres, le Círculo literario universitario (1956), dont les membres participent activement à la politique nationale avant d'être exilés par un gouvernement revenu à des pratiques dictatoriales. Les auteurs sont donc, une nouvelle fois, des écrivains de l'exil : entrés en contact avec les courants littéraires étrangers, ils ressentent, tel Roque Daltón, la nécessité de puiser dans les traditions, en particulier celle de l'oralité, et d'explorer la mémoire collective de leur peuple.

Salvat-Papasseit (Joan)

Écrivain espagnol d'expression catalane (Barcelone 1894 – id. 1924).

Ses deux premiers recueils (Poemes en ondes hertzianes, 1919 ; L'irradiador del port i les gavines, 1921) sont agressivement novateurs : vers libres, calligrammes inspirés d'Apollinaire et propos incendiaires. L'érotisme de El poema de la rosa als llavis (1923) ainsi que l'ensemble de l'œuvre, violemment anticonformiste, se situent en marge du mouvement dit « noucentista » et annonce la « poésie sociale » des années 1960.

Salvayre (Lydie)

Romancière française (née en 1948).

De parents espagnols installés en France en 1939, marquée par le débat familial bilingue et biculturel, elle nourrit son écriture de sa pratique de pédopsychiatre. Depuis son premier roman (la Déclaration, 1990), elle expérimente subtilement la diversité des actes de paroles : cérémonie de récompense du personnel d'entreprise (la Médaille, 1993), insultes et vérités déversées sur un huissier qui reste coi (la Compagnie des spectres, 1997, prix Novembre). La finesse du trait et la vision féroce de la société sont jubilatoires, qu'il s'agisse de l'ambiance fétide des bureaux (la Vie commune, 1991) ou des clichés sur la grande misère (les Belles Âmes, 2000). Autres titres : la Puissance des mouches (1995), la Conférence de Cintegabelle (1999).

Salviati (Leonardo)

Écrivain italien (Florence 1540 – id. 1589).

Disciple de B. Varchi et consul à l'Académie florentine, il est le fondateur de la nouvelle Académie della Crusca. Grand connaisseur du XIVe s. florentin, il fut le véritable fondateur du purisme, à la recherche constante des trésors de la langue italienne. On lui doit également des Avertissements de la langue sur le Décameron, dans lesquels il expose sa doctrine linguistique. Critique sévère et pédant du Tasse, il censura la Jérusalem délivrée dans deux écrits (Infarinato premier et Infarinato second).

Salvien de Marseille

Écrivain latin (Trèves ? v. 390 – Marseille v. 480-484).

Ce moine de Lérins, devenu prêtre à Marseille en 428, est l'auteur d'un pamphlet virulent en 8 livres, Sur le gouvernement de Dieu (De gubernatione Dei), où il soutient que les invasions des Barbares sont conformes aux desseins de la Providence divine ; il y apporte un précieux témoignage sur les « grandes invasions ».

Samad Ismail (A.)

Écrivain malais (Singapour 1924).

Après des études dans une école malaise, puis dans une école anglaise, il entreprend en 1940 une carrière de journaliste. C'est un nationaliste qui, à ce titre, a été emprisonné de 1951 à 1953 puis à partir de 1976. Écrivain prolifique, il est l'auteur de romans (Il a les ailes brisées, mais il vole, 1966 ; le Mur peu élevé, 1967 ; les Éloignés, 1967 ; Moments d'angoisse, 1969 ; Sutinah, 1975) et de nouvelles (Mastura, 1967) qualifiées de « cyniques ». Il a également écrit des essais sur la technique du roman et de la nouvelle.

Samad Said (A.)

Écrivain malais (Belimbing Dalam 1935).

Après des études dans une école malaise puis dans une école anglaise, il est employé dans un hôpital, puis collabore à de nombreux périodiques. Il devient célèbre comme écrivain en 1961 avec la publication d'un roman-fleuve, Salina, qui évoque les épreuves subies par les Malais et la dégradation des mœurs du fait de la guerre et de la colonisation, et aborde les problèmes de la prostitution, des serveuses, du chômage, de la pauvreté, de l'éducation malaise, de l'état d'urgence, des élections générales, etc. Un autre roman (La rivière coule lentement, 1967) évoque les souffrances endurées sous l'occupation japonaise. A. Samad a également publié des nouvelles (Premier Battement, 1964) et des poèmes (Les feuilles tombent [qui contient également des œuvres de sa femme, Salmi Manja], 1962 ; Graine d'espérance, 1973) et écrit des pièces de théâtre (Où la lune toujours se fend, 1965).