Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
P

parallèle

Exercice rhétorique, développé par Plutarque dans ses Vies des hommes illustres (ou Vies parallèles), où il compare Démosthène et Cicéron ou Alexandre et César. Le parallèle de La Bruyère entre Corneille et Racine (Caractères, I) imite celui d'Aristote entre Sophocle et Euripide (Poétique XXV). D'autres modèles ont été longtemps proposés aux classes de rhétorique, comme Bossuet, dans l'oraison funèbre de Condé (entre le vainqueur de Rocroi et Turenne), ou Chateaubriand (Mémoires d'outre-tombe I, 6, entre Napoléon et Washington).

Parangon des nouvelles honnêtes et délectables (le)

Recueil de 47 nouvelles publié en 1531 à Lyon par le libraire Romain Morin, empruntées au Pogge, à Boccace, aux Apologues de Laurent Valla, au Till Eulenspiegel. Recueil d'éditeur dépourvu de tout projet artistique unitaire, le Parangon de 1531 n'en apparaît pas moins comme une des toutes premières tentatives pour acclimater en France la novella transalpine. Il témoigne en effet d'un caractère littéraire qui le distingue des recueils contemporains tels que ceux de Philippe de Vigneulles ou de Nicolas de Troyes, dont la matière est, pour une large part, empruntée à la tradition orale.

Parant (Jean-Luc)

Poète français (Tunis 1944).

Très personnelle, cette visée se centre sur les yeux (la Joie des yeux, 1977 ; les Yeux du rêve, 1978) et de manière générale sur la rotondité, ou encore la boule (Éboulement, 1996), ici dans un titre incroyable de longueur (351 560 Petites Boules les yeux ouverts et les yeux fermés de la main droite et de la main gauche..., 1975). Cette poésie qui regarde le regard a d'emblée circonscrit son domaine et ne cesse d'y revenir patiemment, précisément. Elle propose une complémentarité très moderne entre plastique et poésie. Il façonne et expose en plasticien ces boules dans différents musées. Par sa totalité (la boule renvoie au globe terrestre), elle se confond avec une expérience personnelle. L'obsession, le ressassement sont des chemins naturels vers la beauté.

Pardo Bazán (Emilia, comtesse de)

Femme de lettres espagnole (La Corogne 1852 – Madrid 1921).

Délaissant la poésie, elle étudie le naturalisme français (la Question palpitante, 1883) et devient célèbre. Outre des essais critiques, des biographies, divers contes et récits (560 contes répertoriés), elle écrit de nombreux romans de veine naturaliste, parmi lesquels des chefs-d'œuvre (le Château de Ulloa, 1886), avant d'évoluer vers le symbolisme et un spiritualisme diffus (la Chimère, 1905).

Pardo y Aliaga (Felipe)

Poète et homme politique péruvien (Lima 1806 – id. 1868).

D'inspiration lyrique dans des poèmes comme A Olmedo ou Le Péru, il excelle surtout dans la satire, n'épargnant aucune cible, et en particulier les institutions de la république naissante. Auteur de théâtre réputé, il écrivit des comédies de mœurs très réussies sur la société de Lima (les Fruits de l'éducation, 1829). Il est l'auteur de tableaux de mœurs en prose, réunis en 1869 sous le titre de Miroir de ma terre.

Paré (Ambroise)

Chirurgien et naturaliste français (Bourg-Hersent, près de Laval, v. 1509 – Paris 1590).

Il fut le chirurgien personnel d'Henri II, de Charles IX et d'Henri III. Autodidacte issu du peuple et critiqué par la Faculté, il fut avant tout un homme de pratique expérimentale. Son œuvre est principalement constituée de traités chirurgicaux (la Méthode de traiter les plaies faites par arquebuses et autres bâtons à feu, 1545 ; les Dix Livres de la chirurgie de 1564, suivis des Cinq Livres de 1572 et des Deux Livres de 1573, le second traitant Des monstres tant terrestres que marins).

Parfaict (François)

Écrivain français (Paris 1698 – id. 1753).

Il travailla d'abord avec Marivaux à deux comédies (la Fausse Soubrette, le Dénouement imprévu, 1724), puis publia un périodique éphémère (le Quart d'heure amusant, 1727) et donna des nouvelles à la mode (Aurore et Phébus, histoire espagnole, 1732). Avec son frère Claude (Paris 1705 – 1777), il écrivit sur l'histoire du théâtre (Histoire générale du Théâtre-Français, 1734-1749 ; Mémoires pour servir à l'histoire des spectacles de la Foire, 1743 ; Dictionnaire des théâtres de Paris, 1749-1756).

Parini (Giuseppe)

Écrivain italien (Bosisio, Côme, 1729 – Milan 1799).

D'origine modeste, il entra dans les ordres en 1754. Après le succès des deux premières parties de son poème satirique la Journée : le Matin (1763), le Midi (1765), il obtint une chaire d'éloquence à l'École palatine de Brera. Il consacra de nombreuses odes à la défense de l'esprit et des réformes des Lumières : la Vie rustique (1757-1758), la Salubrité de l'air (1759), la Greffe de la variole (1765), sur la vaccination, le Besoin (1765), contre la torture, la Musique (1769), contre l'usage des castrats. Son œuvre postérieure à 1789 célèbre la poésie et l'amour comme refuge contre la violence révolutionnaire. Les deux dernières parties de sa Journée (le Soir et la Nuit, 1801) trahissent sa double déception devant le conservatisme buté de l'aristocratie et l'immaturité des classes populaires.

Parise (Goffredo)

Écrivain italien (Vicence 1929 – Trévise 1986).

Il a débuté dans la mouvance du surréalisme (l'Enfant et les comètes, 1951) avant de faire preuve d'un moralisme agressif dans la peinture satirique de la vie provinciale et surtout du monde industriel, dont il décrit la réification (Odeur de sainteté, 1954 ; le Patron, 1965 ; l'Absolu naturel, 1966 ; Abécédaire, 1972).

Parker (Stewart)

Auteur dramatique irlandais (Belfast 1941 – Londres 1988).

Amputé d'une jambe à 19 ans à la suite d'un cancer, Parker est fauché en pleine carrière par la maladie. Un lien essentiel l'unit à l'Irlande, dont il aborde l'histoire dans des œuvres où le réalisme urbain se double d'un jeu sur tous les artifices du théâtre. Il connaît un certain succès avec sa première pièce de théâtre, Chantéparlé (1974). Pendant sa courte carrière, il produit quelque 25 pièces, pour la scène, pour la radio ou la télévision. L'année de sa mort, il publie ses « Trois pièces pour l'Irlande » : Étoile du nord, consacrée au soulèvement de 1798 (1984), Corps célestes, évocation du dramaturge victorien Dion Boucicault (1986), et Pentecôte, sur les grèves de 1974 (1987), cette dernière étant confiée à Field Day, compagnie fondée en 1980 par l'acteur Stephen Rea et le dramaturge Brian Friel.