Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
S

Scholarios (Georges)

Théologien et écrivain byzantin (Constantinople v. 1405 – apr. 1472).

Premier patriarche de Constantinople sous l'occupation turque, d'abord partisan de l'union des Églises, il devint le plus farouche adversaire de Rome (1443). Il déploya une activité théologique intense et originale, fondée sur une bonne connaissance des écrits patristiques et des ouvrages de la scolastique. Il a laissé des écrits polémiques contre les Latins, les Juifs et une Apologétique à l'usage des musulmans, des poésies liturgiques et des commentaires philosophiques.

Scholl (Aurélien)

Écrivain français (Bordeaux 1833 – Paris 1902).

Il fut chroniqueur au Figaro, à l'Événement, à l'Écho de Paris et au Matin, où ses « coups de plume » lui valurent des duels et des polémiques cinglantes. Il fonda le Satan, la Naïade et le Nain jaune, où il publia des nouvelles dont la verve incisive et malicieuse contribua à conférer à la presse du second Empire le brio et l'« esprit parisien » qui firent son heure de gloire. Il laisse des souvenirs : la Foire aux artistes (1858), les Cris du paon (1866), l'Esprit du Boulevard (1888).

Schönherr (Karl)

Dramaturge autrichien (Axams, Tyrol, 1867 – Vienne 1943).

Sa carrière littéraire, pour laquelle il abandonne en 1905 l'exercice de la médecine, commence par des poèmes et des nouvelles en dialecte tyrolien, mais ce sont ses drames naturalistes (Foi et Patrie, 1910 ; Peuple en détresse, 1915 ; le Médecin des pauvres, 1927) qui lui valent un énorme succès. La démonstration des thèses sociales et psychologiques y échappe à l'abstraction par leur enracinement dans le Tyrol, dont Schönherr sait rendre le parler et les types humains.

Schreiner (Olive)

Femme de lettres sud-africaine d'origine allemande et d'expression anglaise (Witterbergen, Basutoland, 1855 – Le Cap 1920).

Idéaliste et féministe ardente, nourrie des lectures de Spencer et d'Emerson, elle expose avec vigueur ses vues peu conventionnelles sur le mariage et la religion (Histoire d'une ferme sud-africaine, 1883, publié sous le pseudonyme de Ralph Iron), critique le matérialisme de Cecil Rhodes et de ses partisans, plaide pour le pacifisme, la justice sociale, et revendique l'égalité des sexes (la Femme et le travail, 1911). Manifestant une prédilection pour les rêves, les visions et les allégories (Rêves, 1891 ; Contes, rêves et allégories, 1923), elle est également l'auteur de romans semi-autobiographiques : Undine (1928).

Schröder (Rudolf Alexander)

Poète allemand (Brême 1878 – Bad Wiessee, Bavière, 1962).

Dans le lyrisme de sa première période (Poésies, 1912), il se montre proche de Rilke et de Hofmannsthal et se pose en continuateur de la tradition culturelle occidentale. L'œuvre de la maturité (Milieu de la vie, 1930 ; Alten Mannes Sommer, 1947) se met à l'école du cantique luthérien (les Poèmes spirituels, 1949) et se teinte d'une religiosité tranquille qui l'aide à surmonter les crises dont témoigne la sombre Ballade du voyageur (1937). Il est aussi l'auteur de récits, d'essais et de remarquables traductions d'Homère, d'Horace et de Virgile.

Schubart (Christian Friedrich Daniel)

Écrivain allemand (Obersontheim 1739 – Stuttgart 1791).

Organiste, puis maître de chapelle à la cour de Wurtemberg (1769-1774), il se signale par un tempérament rebelle et des publications satiriques. Le duc l'expulse. Il n'en publie pas moins, à partir de 1774, à Augsbourg une Chronique allemande, revue anticléricale et antinobiliaire, qui exacerbe la colère du duc. Celui-ci le fait enfermer dans la forteresse de Hohenasperg en 1777. Il y passera dix années. Gracié en 1787, il devient directeur des théâtres de Stuttgart. Ses poèmes anticipent, pour les uns, l'esprit « in tyrannos » de Schiller (le Sépulcre des princes, 1779 ; Chant du promontoire, 1787) ou retrouvent, pour les autres, le ton de la chanson populaire (la Truite, mise en musique par F. Schubert). On peut voir en lui un lien vivant entre Klopstock et Hölderlin, qui, en 1789, rendit visite à ce compatriote admiré et respecté, incarnation de l'esprit du Sturm und Drang.

Schulz (Bruno)

Écrivain polonais (Drohobycz 1892 – id. 1942).

Fils de modestes commerçants juifs, il entreprend sans les terminer des études d'architecture à Lwów (1911-1914), puis de peinture à Vienne. De 1924 à 1939, il enseigne le dessin au lycée de sa ville natale, tout en s'adonnant à la gravure (il expose plusieurs fois à Varsovie et illustre en 1938 le Ferdydurke de Gombrowicz). Après quelques articles donnés aux Wiadomości Literackie, il se rapprocha du groupe du Faubourg, réaliste et progressiste, mais s'en sépara vite. Il publie alors, sur un fond de souvenirs d'enfance, deux cycles de récits qui deviennent un des événements littéraires les plus importants de la Pologne de l'entre-deux-guerres. Les Boutiques de cannelle (1934) et le Sanatorium au croque-mort (1937) sont une autobiographie fantastique où se mêlent des souvenirs réels et imaginaires de l'enfance dans la petite ville juive de Drohobycz. Selon une mythologie personnelle à l'auteur, l'instant présent, brut et informe, ne prend place et valeur que lorsque le futur lui a donné sa consistance réelle. Le récit, souvent surréaliste, tourne autour du personnage étrange d'un père dont seule une démarche psychanalytique peut expliquer la relation à l'auteur. Le ton proche de celui de Kafka (dont Schulz traduisit le Procès en 1936), une imagination surréaliste, les appels fréquents au freudisme, l'amertume de l'histoire, le grotesque douloureux des portraits, joints à la minutie hyperréaliste des descriptions, y créent une atmosphère où l'émotion le dispute au dérisoire. Découvert par Z. Nałkowska, Schulz est, à l'égal de S. I. Witkiewicz et de W. Gombrowicz qui furent ses amis, l'un des grands auteurs de l'entre-deux-guerres. Il fut assassiné d'un coup de crosse par un nazi qui voulut se venger de l'Allemand auquel Schulz servait d'esclave. Son œuvre immense tant romanesque que graphique s'en trouva interrompue prématurément.

Schwank

Ce terme allemand désigne des œuvres proches du fabliau ou de la farce. En vers ou en prose, elles racontent des aventures comiques, parfois scabreuses. Le genre, apparu avec le Curé Amis du Stricker (XIIIe s.), connaît son apogée au XVIe s. On trouve des recueils centrés autour d'un personnage unique (le Curé de Kalenberg de P. Frankfurter, v. 1470) et des compilations (le Rollwagenbüchlein de J. Wickram, 1555 ; Sérieux et plaisanteries de J. Pauli, 1522 ; Wendunmut de H. W. Kirchhof, 1565-1603). Le genre, cultivé par les Meistersinger, continue à connaître un grand succès populaire jusqu'au XVIIIe s. (les Aventures extraordinaires du baron de Münchhausen, A. Bürger, 1786).