Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Tamura Ryuichi

Poète japonais (Tokyo 1923 – 1998).

Il entra dans la marine pendant la guerre. Membre du groupe Arechi, il publie, en 1956, son recueil de poèmes préparés depuis dix ans : Quatre Mille Jours et nuits. Sous l'influence d'Eliot et d'Auden, il forgea un style propre, inconnu dans la poésie moderne, où s'incarne une pensée soutenue par une forte logique poétique face à la crise de la civilisation contemporaine. Monde sans parole (1962) ; Lettre de nouvel an (1973) ; Malentendu.

Tamuz (Benjamin)

Écrivain israélien (Russie 1919 – Tel-Aviv 1989).

Habitant de Tel-Aviv depuis l'âge de 5 ans, il y étudia l'économie, puis l'histoire de l'art à Paris. Il fut pendant de longues années le rédacteur littéraire de Ha'aretz. Auteur de nouvelles (Sables d'or, 1950 ; Jardin fermé, 1957), de romans (la Vie d'Elyakum, 1963 ; le Requiem de Na'aman, 1978 ; Minotaur, 1980, etc.) ainsi que d'ouvrages pour enfants. Son œuvre, traduit en plusieurs langues européennes, dépeint généralement le paysage israélien avec une touche mystique particulière.

Tan (Amy)

Romancière américaine (Oakland, Californie, 1952).

La parution de Club Chance et joie en 1989 marque l'émergence d'une voix intéressante de la littérature sino-américaine. Dans la même ligne, la Femme du dieu des cuisines (1991) met en scène des couples mère-fille et les luttes identitaires qui les opposent. Alors que la fille cherche ses différences, elle ne découvre que des points communs, tout comme la communauté chinoise d'Amérique ne trouve réponse à ses questions existentielles et culturelles que dans le retour vers la Chine originelle. Dans un retournement ultime, Tan montre que ce sujet oriental que l'Occident recherche est en fait sa source et son sens.

Tang Xianzu

Dramaturge chinois (1550 – 1616).

Wang Shifu, docteur en 1583, eut une carrière mandarinale fort modeste, ce qui lui laissa le temps de construire une œuvre écrite pour moitié consacrée au théâtre. Des cinq chuanqi qu'il a écrits, quatre sont réunis dans un ensemble appelé « Les quatre rêves ». Le cinquième est le célèbre Pavillon des pivoines, chef-d'œuvre incontesté dont l'impact sur le public, notamment féminin, éclipsa un temps celui du Pavillon de l'Ouest. Comme Wang Shifu le fit avant lui, Tang Xianzu explore le thème des amours contrariés, puis satisfaits. Il le fait sur le mode de la féerie, en donnant au sentiment amoureux le pouvoir de faire revivre celle qui était morte trois ans plus tôt de n'avoir pu assouvir son amour pour celui qu'elle avait croisé en rêve. Ce théâtre littéraire, particulièrement raffiné, jouant abondamment des allusions que seuls les lettrés les plus érudits étaient véritablement capables de décrypter, enthousiasma malgré tout un large public. Son influence se fit sentir longtemps. On en retrouve l'ombre portée sur les grandes pièces des Qing (1644-1911), telle que le Palais de la longévité (1688) de Hong Sheng (1645-1704). L'importance de Tang Xianzu et de son œuvre dans la vie littéraire et culturelle de la fin des Ming est si grande que certains commentateurs n'hésitent pas à lui attribuer la rédaction d'un des chefs-d'œuvre de la littérature romanesque des Ming toujours sans auteur, le Jin Ping Mei ou Fleur en fiole d'or.

Tanikawa Shuntaro

Poète japonais (Tokyo 1931).

Fils d'un philosophe, il commença sa création poétique dès le lycée. Son premier recueil, la Solitude de deux milliards d'année-lumière (1952), fit, par la fraîcheur de sa sensibilité, une vive impression sur le public d'après-guerre. Par la suite, il resta un des poètes les plus féconds et les plus populaires du Japon contemporain. Il est membre de la revue Kai, depuis 1953, avec Ooka et Ibaragi. Explorateur infatigable de la langue poétique, il publie des œuvres de genres et de styles très divers : Soixante-Deux Sonnets (1953), écrit de jeunesse ; Voyages (1968) et Définitions (1975) qui marquent un tournant ; Chansons en jeu de mots (1973) ; Ultimes Fragments des faux écrits de Taramaika (1978) ; Cours de Coca (1980) ; Minimal (2002). Il est également connu pour ses œuvres pour les enfants et les adolescents, ainsi que pour ses traductions (Conte de ma Mère l'Oye, 1975), chansons, pièces de théâtre et essais.

Tanizaki Junichiro

Écrivain japonais (Tokyo 1886 – Yugarawa 1965).

Né dans le vieux quartier de Nihonbashi de Tokyo, il se consacre à la création littéraire à 22 ans après avoir quitté l'Université de Tokyo, où il avait commencé des études de littérature japonaise et de droit anglais. Un amour insensé (1924-1925) est le chef-d'œuvre qui couronne une période où l'esthétisme, l'amoralisme et un certain dandysme s'affirment à travers une sacralisation de la femme et une exaltation du pouvoir destructeur de sa beauté charnelle (le Tatouage, 1910). À partir de 1923, il s'installe dans la région de Kyoto-Osaka, ayant quitté celle de Tokyo dévastée par le grand séisme. Le changement de « climat culturel » se fait sentir peu à peu dans ses œuvres, qui seront imprégnées de la vieille culture japonaise de ces provinces de l'Ouest (le Lierre de Yoshino, 1931). Dans le Goût des orties (1928-1929) et Svastika (1928-1930), récits de relations amoureuses triangulaires, la beauté de l'écriture s'ancre déjà davantage dans la réalité de la vie. Tandis que, dans les œuvres postérieures à 1931, la sublimation de l'amour et de la mort s'inscrit dans la pure tradition du kabuki et du joruri, la finesse et la précision de l'expression témoignent d'une sensibilité esthétique profondément nourrie de culture japonaise classique : Récit d'un aveugle (1931) ; l'Histoire de Shunkin (1933), célébrée dans l'essai l'Éloge de l'ombre (1933-34). Tanizaki Junichiro s'attache d'ailleurs, à partir de 1938, à traduire en japonais moderne le Genji monogatari, entreprise qu'il poursuit jusqu'en 1964. Son plus grand roman : Bruine de neige (ou quatre sœurs, 1943-1948), la Clé (ou la Confession impudique, 1956) et Journal d'un vieux fou (1961), confirment sa maîtrise.

Tank (Evgueniï Ivanovitch Skourko, dit Maksime)

Poète biélorusse (Pilkovchtchina 1912).

Chantre de la Biélorussie occidentale et de son mouvement ouvrier clandestin (Étapes, 1936 ; Narotch, 1937 ; Couleur d'airelle, 1937), il connut les geôles polonaises. Révélé par sa poésie de résistance (Ianuk Sialiba, 1942 ; Fourbissez vos armes, 1945), il poursuit une œuvre à laquelle la hantise de la guerre et des thèmes civiques n'interdit ni le lyrisme intime, ni la recherche formelle : Pour qu'on sache (1948), la Trace de l'éclair (1957), la Gorgée d'eau (1964).