Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
C

Corneille (Thomas)

Poète dramatique français (Rouen 1625 – Les Andelys 1709).

Il tint en son temps une place de premier rang, presque à l'égal de son frère aîné Pierre. Il commença sa carrière par des comédies à l'espagnole (le Feint Astrologue, 1648 ; le Geôlier de soi-même, 1655 ; le Baron d'Albikrac, 1668). Il collabora également avec Donneau de Visé pour produire des textes assez novateurs, dont Circé (tragédie à machines, 1673) et la Devineresse (comédie d'actualité sur une célèbre empoisonneuse, 1679). Il fut également journaliste au Mercure galant et, dans son activité d'académicien, un lexicographe de qualité (Dictionnaire des termes d'art et de sciences, 1694 ; Dictionnaire universel géographique et historique, 1708). Mais c'est par ses tragi-comédies et tragédies qu'il s'est imposé : Timocrate (1656), Stilicon (1660), Ariane (1672), le Comte d'Essex (1679) comptèrent parmi les plus grands succès du siècle. Il signa également une adaptation en vers du Dom Juan de Molière (1677), destinée à le rendre « jouable », et qui fut effectivement la seule version jouée jusqu'en 1841.

Cornelius Nepos

Historien latin (Pavie v. 99 – v. 24 av. J.-C.).

Ami d'Atticus, de Cicéron et de Catulle, il composa des poésies légères et créa à Rome le genre de la biographie anecdotique et moralisatrice (Vies des grands capitaines des nations étrangères, Vie de Caton l'Ancien, Vie d'Atticus).

Cornouailles

Littérature bardique, qui participe au développement des mythes d'Arthur et de Tristan jusqu'au XVe siècle, c'est ensuite une littérature d'inspiration chrétienne. La Vie de Meriasek, de Hadton (1504), et la Création du monde, de Jordan of Helston (1611), sont les premières œuvres signées. La langue cornique cesse d'être attestée en 1777. H. Jenner (1848-1934) relancera la poésie orale et écrite en dialecte (Manuel de langue cornique, 1904), suivi par le Trystan ag Ysolt de Caradar (A. S. D. Smith, 1883-1950).

Cornwell (Patricia)

Écrivain américain (Charlotte, Caroline du Nord, 1956).

Chroniqueur judiciaire au « Charlotte Observer », puis informaticienne au service de médecine légale de Richmond, en Virginie, elle puise dans son expérience la matière de ses romans. Kay Scarpetta, son médecin légiste, devient une héroïne à succès dès sa première aventure (Postmortem, 1990) et lui vaudra plusieurs prix littéraires dans son pays, ainsi qu'en France, où elle obtient le grand prix du Roman d'aventures 1992. Dans la Villa des frelons (1997), elle lance un nouveau personnage, Judy Hammer, chef de la police de Charlotte, que l'on retrouve dans la Griffe du Sud (1999).

correspondance

Le « genre » de la correspondance est ambigu. En effet, s'il suppose l'existence d'un lecteur, bien connu de l'auteur et dont les caractéristiques culturelles et sociales modèlent a priori le message qui lui est destiné, il n'est pas absolument certain qu'il ait un public. Ce que tendrait à prouver le roman par lettres  : il n'entre dans le circuit traditionnel de la littérature romanesque qu'au moment où la lettre n'est plus qu'un artifice de style et non le document authentique, objet de la fascination du lecteur. L'Antiquité gréco-latine (ainsi avec les traités attribués à Démétrios de Phalère) a laissé des rhétoriques de la lettre – conçue comme le domaine de l'expression par excellence de la personne privée à travers un style où dominent la brièveté et la simplicité, par opposition à l'ampleur et à l'apparat oratoires de l'éloquence publique – qui font de la correspondance le lieu et le moyen de l'apprentissage stylistique (Libanios, Symmaque). La Renaissance publie les lettres de Cicéron, de Sénèque, de Pline ou d'érudits italiens contemporains : elle y cherche à la fois la chronique d'une époque, une leçon de morale, un modèle de style et d'esprit. Avec Madame de Sévigné, c'est l'écrivain qui s'impose à travers la peinture savoureuse de son temps. Au XVIIIe s. la correspondance devient le lieu privilégié de l'expression du naturel. Le siècle suivant marqua un intérêt passionné pour le biographique et fera de l'étude des correspondances un instrument privilégié de l'historien (les Goncourt) et du critique (Flaubert). «  Seule, la lettre autographe sera le confessionnal où vous entendrez le rêve de l'imagination de la créature, ses tristesses et ses gaietés, ses fatigues et ses retours, ses défaillances et ses orgueils, sa lamentation et son inguérissable espoir. » (les Goncourt). Outil de communication, la correspondance transcende souvent cette dimension utilitaire pour devenir un témoignage irremplaçable sur l'intimité d'une époque, sur la genèse ou la réception d'une œuvre. Le genre épistolaire participe à la fois du journal intime, de l'article de critique ; il est à la croisée du monologue et du dialogue, de l'oral et de l'écrit, de l'improvisation et de l'œuvre élaborée. Non destinée au public ni à la publication, la correspondance ne devient véritablement une œuvre, souvent incomplète, que grâce à son « éditeur ». Les correspondances de Flaubert, de George Sand, de Roger Martin du Gard sont aujourd'hui considérées comme leurs chefs-d'œuvre.

corrido

Nom donné, au Venezuela, au Chili, aux Philippines et au Mexique, à un poème en octosyllabes, souvent d'auteur inconnu et de contenu épique, lyrique, historique ou satirique, chanté ou récité, et imprimé sur des feuilles volantes vendues par des colporteurs ou des interprètes ambulants. Issu du romance populaire espagnol des XVIIIe et XIXe siècles, le corrido s'est surtout développé au Mexique, où il traite tous types d'événements liés à la vie quotidienne et à ses problèmes.

Corripe, en lat. Flavius Cresconius Corippus

Poète latin (VIe s. apr. J.-C).

Cet Africain, né vers 520, fut le dernier poète épique latin. Son épopée en huit chants, la Johannide, dont le titre fait référence à l'Énéide, relate en 4 700 hexamètres, dans un latin très classique, la pacification des Berbères par le général byzantin Johannes Troglita. Les Byzantins y apparaissent comme les dignes successeurs des Romains, et Johannes y est présenté comme l'emportant en valeur sur Énée lui-même.