Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
B

Baillon (André)

Écrivain belge de langue française (Anvers 1875 – Saint-Germain-en-Laye 1932).

La sincérité caractérise cet auteur, qui pratique l'introspection dans Histoire d'une Marie (1923) et Zonzon Pépette (id.). Elle s'exaspère en 1925 dans Un homme si simple   et conduira Baillon à la folie et au suicide. Le « drame cérébral » que vit l'auteur dans l'univers asilaire est transcrit dans Châlet I (1926) et le Perce-Oreille du Luxembourg (1928), avec une rigueur qui l'apparente à Artaud et à Michaux.

Bainbridge (Beryl)

Romancière anglaise (Liverpool 1934).

Son œuvre, influencée par le réalisme des années 1950, évoque dans l'univers de laideur des grandes cités industrielles des personnages mesquins qui s'épuisent dans les multiples conflits du quotidien (Harriet dit..., 1972 ; la Couturière, 1973 ; Sombre Dimanche, 1974 ; Ce très cher William, 1975 ; le Jardin d'hiver, 1980). Mort, violence, guerre sont toujours présents, au moins à l'arrière-plan. Plusieurs de ses romans récents s'articulent autour d'événements de l'année 1912 : les Gars de l'anniversaire, sur l'expédition de Scott au pôle Sud (1992), Chacun pour soi, sur le naufrage du Titanic (1996).

Bajan (Mykola Platonovytch)

Poète ukrainien (Kamianets-Podilsk 1904-? 1983).

Délaissant le futurisme pour un art plus engagé (la Mort d'Hamlet, 1932), il célèbre l'édification socialiste (Édifices, 1929), les héros de la guerre civile (Immortalité, Pères et Fils, 1937-1938) et contribue par sa poésie de guerre à exalter la résistance (Danilo Galitski, 1942 ; Cahier de Stalingrad, 1943). Devenu un chantre de l'amitié internationale (la Tour du Sauveur, 1952 ; Mickiewicz à Odessa,1957), c'est sur un ton plus philosophique qu'il revient au passé (Souvenirs d'Ouman, 1967 ; Pensées nocturnes du vieil artiste, 1974) et médite sur le destin du siècle (Repères, 1978).

Bajza (József)

Écrivain hongrois (Szücsi 1804 – Pest 1858).

Fondateur de plusieurs revues, directeur du Théâtre national (1837), il devint, pendant la guerre d'indépendance de 1848, rédacteur du Journal de Kossuth.

Bakin (Takizawa Kai, dit Kyokutei)

Écrivain japonais (Edo, auj. Tokyo, 1767 – id. 1848).

Issu d'une famille de guerriers, il se met en 1790 à l'école du romancier Santo Kyoden. Publiant dès l'année suivante son premier récit dans le genre comique des kibyoshi, il s'illustrera surtout par ses récits historiques (yomihon) exaltant la morale guerrière : après avoir proposé dans la Dernière Phase de la Lune (1806-1810) la biographie romancée d'un guerrier du Moyen Âge, il rédige durant vingt-sept ans les 106 volumes de l'Histoire des huit chiens de Satomi (1814-1841), où il défend les vertus confucéennes.

Bakountz (Alexandre Tevossian, dit Axsel)

Écrivain arménien (Goris 1899 – Erevan 1937).

Ingénieur agronome, il a décrit dans ses nouvelles les paysages du Zanguezour et la vie rude de ses habitants, retranchés du monde et du temps (Mtnadzor 1927 ; la Pluie, 1935). Condamné pour nationalisme pendant les purges staliniennes, il fut exécuté.

Bakr (Salwa)

Romancière égyptienne (née en 1949).

Son combat de femme en colère nourrit ses nouvelles (Zaynât aux obsèques du président, 1971 ; la Pâte à pain de la paysanne, 1993 ; Lapins, 1994) et ses romans (Le carrosse doré n'ira pas au ciel, 1991 ; Description du rossignol, 1993), campés dans une Égypte dont ils empruntent volontiers le dialecte.

Baladhuri (Ahmad ibn Yahya al-)

Historien arabe (IXe s.).

L'un des plus grands représentants de ce genre littéraire dans le domaine arabe, il est l'auteur de deux ouvrages, l'un sur les généalogies et les biographies, l'autre, le plus intéressant, sur le déroulement des premières conquêtes musulmanes (Futuh al-buldan).

balagha

Mot arabe tiré d'une racine évoquant l'efficience et désignant les qualités et les procédés imposés au style s'il veut être éloquent : une rhétorique efficace, si l'on peut dire. Née dans les milieux des grammairiens et lexicographes, la balagha suppose avant tout la pureté (fasaha) du langage, dans le choix des mots, la correction morphologique et la clarté de la syntaxe. Bientôt, pourtant, les débats menés autour de la tradition et de la modernité en poésie, comme autour du style coranique, et la connaissance de la pensée grecque amenèrent un développement du concept et du champ de la balagha, définie comme recouvrant les sciences des notions (ma'ani), de l'exposé (bayan) et du beau style (badi'), ce dernier étant plus spécialement la connaissance des tropes. Parmi les travaux les plus importants qui ont cherché à en saisir les limites, il convient de citer al-Bayan wa-t-tabyin d'al-Djahiz, essentiellement consacré à « l'éloquence », et, surtout, les Asrar al-balagha (les Secrets de la balagha) ainsi que les Dala 'il al-i'djaz (les Preuves de l'inimitabilité) d'al-Djurdjani qui, plus qu'un autre peut-être, a poussé très loin son analyse, d'une grande rigueur, et a tenté de déchiffrer le concept de balagha à la lumière du texte coranique demeuré exemplaire quant à sa force argumentative et discursive. Ainsi constituée, la balagha, soutenue par les traditions de l'Orient, notamment grecque (Aristote), reste cependant, par sa démarche et ses références, une notion profondément liée au domaine arabe médiéval.

Balassi (Bálint)
ou Bálint Balassa

Poète hongrois (Zólyom 1554 – Esztergom 1594).

Issu d'une famille aristocratique, il combattit les Turcs et fut tué au siège d'Esztergom. Ses nombreuses amours lui inspirèrent les plus belles poésies de l'époque (le Cycle de Julie, écrit en 1588). La vie militaire et la religion furent ses autres thèmes de prédilection. Il est également l'auteur d'une comédie pastorale découverte en 1958.

Balázs (Béla)

Écrivain hongrois (Szeged 1884 – Budapest 1949).

Théoricien du cinéma, il fut le librettiste de Bartók (le Château de Barbe-Bleue, 1911 ; le Prince de bois, 1916). On lui doit des essais classiques sur le septième art (l'Homme visible, 1924 ; l'Esprit du film 1925).

Balbín (Bohuslav)

Écrivain et historien tchèque (Hradec Králové 1621 – Prague 1688).

Enseignant jésuite non conformiste, en but à la suspicion de ses supérieurs autrichiens, il est l'historien le plus important de l'époque baroque et l'auteur de la Dissertatio apologetica pro lingua slavonica, praecipue bohemica. Écrite en latin en 1673 et publiée seulement en 1775, cette apologie de la langue tchèque servit de référence majeure au mouvement de renaissance nationale à la fin du XVIIIe s.