Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Porto Alegre (Manuel José de Araujo)

Écrivain brésilien (Rio Pardo, Rio Grande do Sul, 1806 – Lisbonne 1879).

Ses Brasilianas (1863) témoignent d'un lyrisme nationaliste et sentimental. Il participa en 1836 à la création de la revue Niterói.

Porto Rico

Territoire espagnol puis nord-américain, l'île de Porto-Rico devient un État libre associé aux États-Unis en 1952. Les premiers noms de ses lettres sont ceux des poètes José Gautier Benítez (1848-1880), Lola Rodríguez de Tío (1843-1924) et Alejandro Tapia y Rivera (1826-1882). Le père du roman « rural », courant qui irriguera la littérature de l'île jusqu'à nos jours, est Manuel Alonso (1823-1890), auteur du célèbre Gíbaro (1849), tandis qu'Eugenio M. de Hostos (1839-1903) entreprend une œuvre doctrinale et pédagogique qui le rendra très influent. Francisco Mariano Quiñones (1830-1908) écrit deux romans à thème « persan », et Manuel Corchado, une Histoire d'outre-tombe, sorte de manifeste spiritiste. Le théâtre romantique est encore illustré par les pièces historiques de A. Tapia y Rivera, et le courant naturaliste, par Manuel Zeno Gandía. Cayetano Coll Toste s'inspire du Péruvien Ricardo Palma pour écrire des Traditions et légendes portoricaines où s'amalgament légende et histoire. Le modernisme n'apparaît à Porto-Rico qu'en 1913, avec la fondation de la Revista de las Antillas, dirigée par Luis Lloréns Torres, avec Evaristo Ribera Chevremont, Virgilio Dávila, José I. de Diego et Luis Palés Matos.

   À partir du début du XXe siècle, les lettres portoricaines sont étroitement liées au problème essentiel de l'île : sa fausse indépendance. Les États-Unis, en 1917, tentent d'imposer l'anglais comme langue officielle ; cela entraîne une réaction des intellectuels contre tout ce qui vient d'Amérique du Nord et, par contrecoup, face à l'industrialisation et à la modernisation, un culte du ruralisme (Lloréns Torres, V. Dávila, Juan Antonio Corretjer, Francisco Manrique Cabrera). À partir de 1930, la littérature critique se fait abondante et riche, avec pour chefs de file Tomás Blanco et les fondatrices de la revue Asomante (1939), Concha Meléndez, Margot Arce et Nilita Vientos Gastón. Luis Palés Matos publie ses meilleures œuvres, en cultivant l'antillanisme, tout comme Julia de Burgos. L'amertume provoquée par la situation politique de l'île transparaît bien chez Francisco Matos Paoli, auteur de Chant à la folie, et chez Luis Hernández Aquino, qui publie Île de l'angoisse et fonde la revue Guajana. Les préoccupations patriotiques sont le véritable point commun des créateurs contemporains. Le poète Pedro Juan Soto se fit le peintre des Portoricains de l'exil (Spiks, 1956). L'exode massif vers New York, Miami ou Chicago est d'ailleurs un des principaux problèmes actuels d'une île en pleine mutation. Plusieurs écrivains portoricains résident à l'étranger (José Luis Gonzáles, Emilio Díaz Varcarcel) ou écrivent parfois en anglais (René Marqués). Les plus jeunes écrivains (Ramos Otero, Carmelo Rodríguez Torres, José Luis Méndez, Arcadio Díaz Quiñones, Luis Rafael Sánchez), conscients de cette situation critique, recherchent une ouverture sur la population et veulent échapper au danger de l'élitisme.

Portugal

Au Moyen Âge, le royaume de Portugal s'insère, aux côtés de ceux de Léon, Castille et Aragon, dans un ensemble politique péninsulaire, structuré culturellement par un certain nombre de cours royales et seigneuriales, de couvents, de sièges épiscopaux et d'universités. Parmi les différents dialectes ressortent le castillan, qui va imposer sa suprématie à la majeure partie de la péninsule Ibérique, et le galaïco-portugais, parlé en Galice, province occidentale du royaume de León et dont le comté du Portugal a d'abord été une dépendance. Les chevaliers galiciens qui repoussaient les musulmans vers le sud amenaient leur langue avec eux, tandis que les moines effectuaient la pénétration culturelle. L'ordre de Cluny et celui de Cîteaux y ont joué un rôle très important. Alphonse Henriques, premier roi portugais, fonde en 1153 le monastère d'Alcobaça, premier foyer de la culture monastique portugaise. Cette culture ainsi que la poésie pratiquée dans les cours royales sont les premières manifestations de la littérature portugaise.

Origines

La culture laïque en langue vulgaire revêt une énorme importance dans la littérature nationale. À caractère local et transmise oralement, à l'origine, par des jongleurs, elle va donner une poésie lyrique, recueillie dans les cancioneiros. On distingue dans la poésie galaïco-portugaise la « chanson d'amour » (cantiga d'amor), à voix masculine et qui reflète l'influence provençale, la « chanson d'ami » (cantiga d'amigo), à voix féminine, d'inspiration populaire, traditionnelle et autochtone, et la chanson satirique « de raillerie et médisance » (cantiga de escárnio e maldizer). Parmi les poètes de cette période, il faut citer le roi Dinis. À la fin du XIIe s., le roman de chevalerie apparaît dans la péninsule Ibérique. À cette époque appartiennent la traduction de la Quête du saint Graal, suivie de José de Arimateia. C'est seulement à la fin du XIVe siècle qu'un roman original apparaît en portugais : Amadis de Gaule, attribué à Vasco de Lobeira. Les livres de lignages, compilations sur la généalogie des familles nobles, ainsi qu'une Chronique de D. Alphonse Henriques, fondée sur les traditions épiques, démontrent l'ampleur considérable de la littérature portugaise dès le milieu du XIVe s. Avec Fernão Lopes (vers 1380-v. 1458) naît l'historiographie portugaise : s'il a en commun, avec ses successeurs Gomes Eanes de Zurara (vers 1410-1474) et Rui de Pina (vers 1440 – v. 1520), la matière, les méthodes et la rigueur historique, il les domine par l'art et la lucidité.

Renaissance et baroque

Jusqu'au milieu du XVIe s., certaines formes et thèmes liés à la culture médiévale persistent dans le lyrisme, le roman et le théâtre, bien que l'influence humaniste se dessine déjà. Ainsi, dans le Cancioneiro Geral (1516) de Garcia de Resende, perçoit-on l'influence de Pétrarque et de sa conception de l'amour. Bernardim Ribeiro (1482-v. 1536), auteur du « roman sentimental » (Menina e Moça), cultive l'églogue, genre importé d'Italie par Sá de Miranda, mais dans la redondilha traditionnelle et en utilisant savamment des éléments populaires. Le théâtre connaît un bouleversement profond avec Gil Vicente (vers 1465-v. 1536) : auteur bilingue (portugais-castillan), considéré comme le créateur du théâtre portugais, il dépeint avec son lyrisme et sa verve populaire toutes sortes de types sociaux. Entre-temps, inspiré par la Renaissance italienne, le théâtre classique, dont António Ferreira (1528-1569) est le principal représentant, se développe. Si Francisco Sá de Miranda (1480-1558) écrit aussi des pièces de la même veine, il joue surtout un rôle marquant dans la poésie en introduisant au Portugal un style nouveau, cultivant le sonnet et l'églogue, tout en continuant la tradition satirique et moralisatrice du Cancioneiro Geral auquel il a collaboré. Autour de lui se crée une école de poètes « italianisants » : le premier sera António Ferreira, qui se fera le défenseur de la culture classique et de la langue nationale contre la double mode du castillan et du latin. Le plus grand poète du XVIe s. demeure Luís de Camões (1524-1580), soldat, courtisan, voyageur ouvert à l'expérience vécue, dont le poème épique des Lusiades exalte le peuple portugais et opère la synthèse d'un siècle traditionaliste, humaniste et conquérant. Dans le domaine de l'historiographie, des textes surgissent, nourris de l'expérience très vaste acquise au cours des découvertes maritimes : ainsi João de Barros fait dans Décennies de l'Asie le récit des conquêtes du Portugal en Asie ; de son côté, Damião de Gois (1502-1574), humaniste lié à Érasme et à Luther, laisse une œuvre intéressante par l'indépendance de ses opinions. Avec les découvertes maritimes et les contacts avec d'autres peuples apparaissent les relations de voyages comme la Pérégrination de Fernão Mendes Pinto (1514-1583) et l'Histoire tragico-maritime. Au XVIIe s., la crise qui entraîne la domination politique et culturelle castillane étouffe la créativité artistique nationale. Signalons cependant l'œuvre poétique de Francisco Rodrigues Lobo (1580-1627) et l'œuvre historiographique de Frei Luís de Sousa (1555-1632) qui, dans la Vie de Frei Bartolomeu dos Mártires, osa élever la voix contre la domination espagnole ; dans le domaine théâtral, poétique et philosophique, se détache Francisco Manuel de Melo (1608-1666). À la même époque, le jésuite António Vieira (1608-1697) se montre, dans son œuvre d'épistolier et de prédicateur, un vigoureux défenseur des droits des peuples et des hommes.