Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
L

Lilienblum (Moïse Leib)

Journaliste et écrivain russe d'expression hébraïque (Kedainiai, près de Kovno, 1843 – Odessa 1910).

Il marque la fin de la Haskalah et les débuts du mouvement national juif. Il avait reçu une éducation juive traditionnelle mais, ouvert aux idées modernes, il milita pour éduquer les masses juives. On peut distinguer trois grandes périodes dans son action : le combat pour des réformes religieuses, la lutte pour un renouveau culturel, l'engagement dans le mouvement présioniste Hibbat Zion, à la suite des pogroms de 1881. Son œuvre la plus intéressante est son autobiographie (1876), qui montre son déchirement entre la tradition et la modernité.

Liliencron (Detlev von)

Écrivain allemand (Kiel 1844 – Alt-Rahlstedt, près de Hambourg, 1909).

En 1883, après une carrière militaire, il publie les Chevauchées d'un aide de camp, recueil de poèmes accueilli avec enthousiasme. Sa poésie tranche sur la production lyrique de son temps, compassée et sclérosée, par la fraîcheur du ton, la spontanéité et l'humour. Attentif à saisir la réalité dans ses aspects les plus fugitifs, à en rendre les couleurs et les sonorités, il inaugure le style impressionniste en Allemagne. Mais, comparé à la révolution poétique véritable des années 1890, l'art de Liliencron paraît bien conventionnel.

Liliev (Nikolaj Mihajlov Popivanov, dit Nikolai)

Poète bulgare (Stara Zagora 1885 – Sofia 1960).

Ses recueils (Oiseaux dans la nuit, 1918 ; Taches de lune, 1922 ; Poésies, 1932), remarquables par la virtuosité technique, la musicalité des vers et la pureté de la langue, l'ont consacré comme l'un des plus importants représentants du symbolisme en Bulgarie : ne cessant pas de chanter un rêve d'absolu au cœur d'une réalité atroce, il fait souvent de ses poèmes des prières, échappées dans un moment de désarroi et qui implorent la consolation et la grâce. On lui doit également des essais et des traductions de Hugo, d'Ibsen, de Shakespeare, de Tolstoï.

Lima (Jorge Mateus de)

Écrivain brésilien (União dos Palmares, Alagoas, 1895 – Rio de Janeiro 1953).

Peintre, sculpteur, il débuta par des poèmes parnassiens (XIV Alexandrins, 1913), avant d'opter pour le modernisme puis vers le surréalisme (Fulo, la négresse, 1928 ; Invention d'Orphée, 1952).

Lima (Manuel dos Santos)

Écrivain angolais (Bié 1935).

Il a séjourné pendant plusieurs années au Brésil, où a paru son roman, les Semences de la liberté (1965), dans lequel il évoque sous une forme allégorique l'oppression coloniale.

Lima Barreto (Afonso Henriques de)

Écrivain brésilien (Rio de Janeiro 1881 – id. 1922).

Journaliste, mémorialiste (Mémoires du greffier Isaías Caminha, 1909), il préfigure le roman du modernisme avec Triste Fin de Policarpo Quaresma (1911, publié en 1915). C'est l'histoire d'un homme idéaliste et chauvin dont les projets se heurtent à l'indifférence et à l'incompréhension. Roman réaliste par le thème – la critique sociale et politique, la description de la banlieue populaire – et par la forme – l'utilisation du langage parlé et du style journalistique –, il annonce le roman social des années 1930.

Limbour (Georges)

Écrivain français (Courbevoie 1900 – Cadix 1970).

Au Havre, il se lie d'amitié avec Queneau et Dubuffet, puis entreprend des études à Paris. Il rencontre Crevel et Vitrac, avec lesquels il fonde la revue Aventure. Leiris, Masson et le groupe de la rue Blomet l'introduisent dans le surréalisme, alors qu'il est considéré comme un poète prometteur par Max Jacob. Entré dans l'enseignement, il reste le plus souvent à l'étranger. Ses poèmes (Soleils bas, 1924) et ses récits (l'Illustre Cheval blanc, 1930) témoignent d'une grande qualité de langue. L'intrigue de ses romans, de caractère initiatique et subtilement érotique (les Vanilliers, 1938 ; la Pie voleuse, 1939 ; le Bridge de Mme Lyane, 1948 ; la Chasse au mérou, 1963), est doublée par un réseau de correspondances qui appellent un déchiffrement. Sans suivre une stratégie littéraire, Limbour écrira ensuite surtout sur les peintres, jusqu'à sa mort accidentelle.

Limonov (Edouard Veniaminovitch, dit Edward Savenko)

Écrivain russe (Dzerjinski, district de Gorki, 1943).

Expulsé d'U.R.S.S. en 1974 pour « dissidence poétique », il vit d'abord à New York, s'installe ensuite à Paris puis revient en Russie en 1993, où paraît son premier recueil de poèmes et où se déroule son premier récit, C'est moi, Editchka (1979). Limonov, qui se proclame le créateur du roman russe moderne, dont il affirme avoir levé tous les tabous, donne avec cette œuvre une « odyssée » tissée de références intertextuelles dont le but est la découverte de la ville, la connaissance de soi et l'expérience de l'amour. Le héros, largement autobiographique, est une sorte de Pétchorine (le Héros de notre temps de Lermontov) des temps modernes, dont l'ancêtre pourrait bien être « l'homme du souterrain » de Dostoïevski. Il réapparaît dans le Journal d'un raté (1982) ou dans un cycle de trois romans, la Grande Époque (1982), l'Adolescent Savenko (1983, traduit par Autoportrait d'un bandit dans son adolescence) et le Petit Salaud (1986). Leader du Parti National Bolchevik et fondateur du périodique « Limonka » Edward Limonov a été emprisonné en 2001.

Lin Yutang

Écrivain chinois (1895 – 1976).

Grand universitaire, appelé le « Maître de l'humour », nourri de culture occidentale, il refuse tout engagement politique (s'opposant ainsi à Lu Xun), et cultive le genre de l'essai familier et frondeur. Outre sa revue Entretiens (1935), on retient de lui My Country and my People (1935) et le roman Moment in Peking (1940), en anglais. Connu aux États-Unis, il y vivra davantage qu'en Chine.

Lindegren (Erik)

Écrivain suédois (Luleå 1910 – Stockholm 1968).

Chef de file, avec K. Vennberg, de la jeune poésie suédoise dès la parution de son recueil l'Homme sans voie (1942), sorte de quintessence de la génération des « années 40 », dont la densité (40 poèmes composés chacun de 7 paires de vers non rimés) l'apparente à Mallarmé, et la violence des images aux surréalistes. Il évolua vers une expression plus musicale et moins tendue avec Suites (1947) et Sacre de l'hiver (1954).