Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Satire Ménippée

Pamphlet dirigé contre la Ligue et publié en 1594 pendant la huitième guerre de Religion. Mélangée de prose et de vers, à l'instar des Satires Ménippées de Varron, cette œuvre a été composée par des auteurs ralliés au parti des politiques : le chanoine Pierre Le Roy, Pierre Pithou, Jacques Gillot, Florent Chrestien et les poètes Jean Passerat, Gilles Durant et Nicolas Rapin. Pamphlet où l'esprit se mêle à une vigoureuse éloquence, la Ménippée est une sorte de farce qui caricature les états généraux de la Ligue, réunis à Paris en 1593 par le duc de Mayenne. Le prologue met en scène deux charlatans de la Ligue, l'un au service des Guises, l'autre au service de l'Espagne, lequel expose les effets miraculeux du « catholicon d'Espagne », drogue proposée à la France par Philippe II. La comédie proprement dite relate la séance d'ouverture des états avec les discours prononcés par le légat de Rome et par les chefs ligueurs, qui révèlent leurs convoitises, leurs intrigues et leurs rivalités, puis la harangue de l'orateur du tiers état, qui réclame la paix, exalte la royauté et loue Henri IV après avoir exposé la misère du peuple due aux guerres civiles, dont il rend les Guises responsables. Publié à Tours puis à Paris, un an après l'abjuration d'Henri IV, ce pamphlet contribua au ralliement des Français au roi.

Sato Haruo

Écrivain japonais (Wakayama 1892 – Tokyo 1964).

Il se fit connaître par ses poèmes marqués par un lyrisme « classique » : la Mort du sot (1910) ; Soupirs (1913), et ensuite par ses récits poétiques : le Spleen de la campagne (1918) et le Spleen de la ville (1922). La fin douloureuse d'une relation amoureuse avec la femme de Tanizaki (qu'il épousa en 1930) donne naissance au recueil de poèmes : l'Amour sacrifié (1921). Il s'essaie un temps au récit historique, dont le Sage exilé (1955), figure du moine Honen. Dans ses essais, il évoque les personnages les plus marquants de son itinéraire littéraire : Yosano Akiko (1954), Takamura Kotaro (1956) et Nagai Kafu (1960).

Satomi Ton

Écrivain japonais (Yokohama 1888 – Tokyo 1983).

Frère de Arishima Takeo, il participa, avec son condisciple Mushanokoji et Shiga, à la fondation de la revue Shirakaba en 1910, et se fit connaître par sa nouvelle Bon cœur, mauvais cœur en 1916. Il entend établir une philosophie de « cœur sincère » en privilégiant des personnages ordinaires : le Bras de Ginjiro (1917) ; le Bruit des vagues de la rivière (1921) ; la Bonté et l'inconstance (1922).

Satta (Giovanni Salvatore)

Écrivain italien (Nuoro 1902 – id. 1975).

Juriste réputé, il écrivit un roman, le Jour du jugement (1978) – vaste saga de sa ville natale à la fin du XIXe et au début du XXe s. mettant en scène la Sardaigne traditionnelle –, dont la sortie fut un événement comparable à celui du Guépard de Lampedusa. Un autre roman écrit en 1925, la Véranda, fut publié en 1981.

saudosismo

Mouvement littéraire portugais qui s'insère dans l'activité de la Renascença Portuguesa, groupe fondé à Porto par Jaime Cortesão, Álvaro Pinto, Teixeira de Pascoaes (ou Pascoais) et Leonardo Coimbra, et dont la revue A Águia (1910-1932) a été l'organe à partir de 1912, et Teixeira de Pascoaes, le mentor. Il s'agit au départ d'une attitude devant la vie qui, pour nombre d'écrivains, caractérise « l'âme portugaise ». Le saudosismo (« nostalgisme ») se donnait pour tâche d'entreprendre la reconstruction du pays en proie au chaos politique. Pour Pascoaes, il s'agissait de réveiller la « race » à sa propre connaissance – et l'essence même de cette « race » était la saudade (« nostalgie »), érigée en philosophie (dont Leonardo Coimbra fournit les bases théoriques) et en politique (le saudosismo va s'identifier au « sébastianisme » dont les nouveaux poètes portent la révélation). Jaime Cortesão cherche, à son tour, dans les sources de la nationalité la sève rénovatrice. Fernando Pessoa, dans ses articles sur la Nouvelle Poésie portugaise (1912), annonce une future civilisation européenne de source lusitanienne dont surgiront le poète suprême et la découverte d'une nouvelle Inde divine : c'est dans ce climat d'exaltation que s'insère son Message (1933). La saudade, nostalgie de la vie animiste, par son pouvoir de souvenir et d'espoir, concilie présence et absence ; source de perpétuel renouvellement, elle élève l'homme à sa dimension divine.

Saumaise (Claude)

Philosophe et écrivain français (Semur-en-Auxois 1588 – Spa 1653).

Initié au grec et au latin par son père Bénigne, conseiller au parlement de Dijon, il poursuivit ses études à Heidelberg. Protestant, il ne put reprendre la charge de son père et s'exila en Hollande, où il succéda à Scaliger à l'université de Leyde (1632). Ses traités d'érudition et de polémique en latin lui valurent une réputation européenne. Il édita aussi bien les romans d'Achille Tatius que les aphorismes d'Hippocrate ou que les écrits apologétiques de Tertullien. Son esprit encyclopédique annonce l'œuvre de Bayle.

Saumont (Annie)

Nouvelliste française (Cherbourg 1927).

Ses nouvelles, marquées par la lecture de Cortázar, sont autant de tragédies minuscules tour à tour cruelles, tendres ou désespérées. Minutieuses et laconiques, sans pathos ni commentaires, elles mettent à vif l'instant du quotidien où tout bascule. Principaux recueils : Enseigne pour une école de monstres (1977), Quelquefois dans les cérémonies (1981, Prix Goncourt de la nouvelle), Si on les tuait ? (1984 et 1994), Je suis pas un camion (1989, Grand Prix de la nouvelle de la Société des Gens de Lettres), Les voilà, quel bonheur ! (1993, Prix Renaissance de la nouvelle 1994), Après (1996), C'est rien, ça va passer (2001). A. Saumont est aussi traductrice (V. S. Naipaul, John Fowles).

Saurin (Bernard-Joseph)

Auteur dramatique français (Paris 1706 – id. 1781).

Avocat, il se consacra au théâtre et obtint le succès avec sa tragédie Spartacus (1760), qui exalte la révolte des esclaves et l'aspiration à la liberté, Beverlei (1768), imitée de l'anglais, et les Mœurs du temps (1760) : cette comédie dénonce l'immoralité conjugale des classes dirigeantes d'un point de vue rousseauiste et est ancrée dans une évocation de la vie quotidienne.