Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
A

Ahmad Boestaman

Écrivain malais (Kampung Behrang Ulu 1920).

Ses activités nationalistes et politiques lui valurent de longues années de prison, qui inspirèrent ses poèmes, ses nouvelles et surtout ses romans (Feu et Larmes, 1967 ; Le feu n'est pas éteint, 1967 ; Nuit sans étoiles, 1968).

Ahmad Khan (sir Sayyid)

Historien et réformateur musulman indien (Delhi 1817 – id. 1898).

Issu d'une famille noble afghane, il chercha après la révolte de 1857 à réconcilier Anglais et Indiens (Asbab Baghawat Hind, 1858) en fondant une revue (Tahdhib al-akhlaq), le collège musulman anglo-oriental d'Aligarh (1878) et une société réformiste, la Muhammadan Educational Conference (1886). Il chercha à rapprocher l'enseignement coranique des principes de la science moderne.

Ahmad Lutfi

Écrivain malais (Banjermasin 1911 – ? 1969).

Après avoir terminé ses études à Kalimantan, il est employé chez Warta Malaya Press à Singapour. Commerçant pendant l'occupation japonaise, il travaille, après la guerre, chez Utusan Melayu Press. Ses premiers récits historiques n'ont aucun succès ; il écrit alors de nombreux romans sur la société malaise de Singapour (la Serveuse, 1949 ; la Victime de la chambre 69, 1949 ; la Veuve, 1949 ; Interdit quatre fois, 1949 ; le Cadi, 1950 ; l'Enfant adoptée, 1950) qui lui valent la faveur du public.

Aho (Juhani Brofeldt, dit Juhani)

Écrivain finnois (Lapinlahti 1861 – Helsinki 1921).

Les romans la Fille du pasteur (1885), Seul (1890), la Femme du pasteur (1893), influencés par le réalisme français (celui de Maupassant, Zola, Daudet – rencontré en 1889 à Paris –), frappèrent par la nouveauté de l'analyse psychologique. Dans l'Écume des rapides (Juha, 1911), un paysan finnois ce dernier élève avec amour une jeune fille, Marja, et l'épouse. Mais Juha est vieux et laid, et lorsqu'un beau Carélien arrive à leur ferme retirée, Marja se laisse séduire et suit l'aventurier. Juha se noie dans un rapide. Un drame d'amour passionné qui est un des grands classiques de la prose finnoise.

ahouach

Manifestation à la fois chorégraphique, musicale et poétique particulière aux Berbères Chleuhs du Maroc, au cours de laquelle deux demi-chœurs (un d'hommes et un de femmes) chantent en répons en exécutant les figures d'un ballet traditionnel. Le rythme – ternaire – est marqué par les tambourins et les battements de mains. La musique de l'ahouach offre de notables différences avec celle de l'ahidous du Moyen Atlas. Aucun intervalle n'est inférieur au demi-ton. La gamme, souvent défective, peut s'étendre sur un ambitus d'une octave et demie (elle est curieusement presque identique à celle de la Chine et du Cambodge). C'est au cours de l'ahouach que naît (on y improvise volontiers) et se renouvelle en particulier la poésie populaire chleuh (genre dit amarg), dont les thèmes, qui sont souvent l'expression d'expériences vécues, et les formes se démarquent des types, plus élaborés mais conventionnels, des poètes professionnels (raïs).

Ai Qing (Jiang Haicheng, dit)

Poète chinois (au Zhejiang 1910 – Pékin 1996).

D'un séjour en France (1929-1932) date son admiration pour Rimbaud, Verhaeren... Homme de gauche, il est emprisonné par le Guomindang. Patriote, il participe à la lutte antijaponaise. Ses poèmes lyriques célèbrent la terre natale : Da Yanhe, ma nourrice (1933), le Nord (1938) le font connaître. En 1941, il enseigne à Yan'an, mais un article de 1942 sur la nécessaire liberté de l'écrivain lui vaudra l'étiquette d'occidentaliste et de droitier (1957) et vingt années de relégation au Xinjiang. Il est réhabilité en 1979.

Ai Wu (Tang Daogeng, dit)

Écrivain chinois (1904 – 1992).

Patriote, homme de gauche, il vit une jeunesse aventureuse parmI les minorités ethniques. Prolifique avant 1949 (160 titres), beaucoup moins après, il écrit en 1957 De l'acier bien trempé, et rejoint le P.C.C. Emprisonné pendant la Révolution culturelle, il est ensuite réhabilité.

Aïbek (Moussa Tachmoukhamedov, dit)

Écrivain ouzbek (Tachkent 1905 – id. 1968).

Poète, il évolue du symbolisme (les Flûtes du cœur, 1929) aux thèmes sociaux (Flambeau, 1932), célèbre l'homme nouveau (le Forgeron Djoura, 1933 ; les Jeunes Filles, 1947) et les peuples en lutte (Impressions pakistanaises, 1950). Ses romans évoquent sur le mode épique l'éveil révolutionnaire des masses ouzbèkes entre 1914 et 1920 (Sang sacré, 1943 ; le Grand Chemin, 1967), la figure du poète 'Ali Chir Nava'i (1945), la vie des kolkhozes cotonniers (le Vent de la vallée dorée, 1950) et les problèmes sociaux du Pakistan voisin (En quête de lumière, 1956).

Aicard (Jean)

Écrivain français (Toulon 1848 – Paris 1921).

Deux influences contradictoires sous-tendent son œuvre : celle de Lamartine – il lui consacre ses premiers vers (Jeunes Croyances, 1867) et se fait l'héritier d'un certain sentimentalisme – et celle du Parnasse dont il applique les préceptes au théâtre (Au clair de la lune, 1870). Plus que le succès parisien de son drame en vers, le Père Lebonnard (1889), c'est son œuvre provençale, et particulièrement le héros de son roman Maurin des Maures (1908), qui lui assura la célébrité.

Aichinger (Ilse)

Femme de lettres autrichienne (Vienne 1921).

Son roman le Grand Espoir (1948) est un des rares textes de la littérature autrichienne traitant de l'époque hitlérienne : l'auteur y utilise une méthode très personnelle, oscillant entre le rêve et la réalité, qui en fait l'une des héritières du surréalisme. Un de ses textes, Histoire dans un miroir, lu en 1952 devant le Groupe 47, a acquis valeur de symbole et est même présent dans les manuels scolaires. On lui doit des textes énigmatiques en prose (Eliza, Eliza, 1965 ; Kleist, Moos, Fasane, 1965 ; les Mauvais Mots, 1976), des poèmes et des pièces radiophoniques (Auckland, 1965).

Aiken (Conrad Potter)

Écrivain américain (Savannah 1899 – id. 1973).

Son œuvre scelle la dualité du sudiste et du yankee, et admet des influences européennes (Joyce, Freud). Les romans (la Traversée bleue, 1927 ; le Grand Cercle, 1933 ; le Roi cercueil, 1935) traduisent par le monologue intérieur les incertitudes du moi. La critique (l'ABC du critique, 1958) s'inspire du symbolisme et promeut la production nationale. Les poèmes tendent toutefois vers un symbolisme universaliste (Senlin, une biographie et autres poèmes, 1918 ; le Paysage à l'ouest d'Eden, 1935), avant de saisir l'épopée de l'individualisme à travers William Blackstone (le Gosse, 1947). Ushant (1952), son autobiographie, met en scène Pound, Eliot et propose une psychocritique de l'ensemble de l'œuvre.