Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Jacobi (Friedrich Heinrich)

Philosophe et romancier allemand (Düsseldorf 1743 – Munich 1819).

Opposé au rationalisme et influencé par Rousseau, il défend une « philosophie du sentiment » et voit dans la foi l'unique source de connaissance. Ses lettres la Doctrine de Spinoza (1785) condamnent le spinozisme comme n'étant que de l'athéisme déguisé. Son roman Extrait des papiers d'Eduard Allwill (1775-76), reflet de son admiration pour le jeune Goethe, veut montrer que le génie créateur peut se passer des lois morales extérieures. Woldemar (composé en 1772, publié en 1794), tente d'intégrer dans la communauté humaine l'individu qui n'obéit qu'aux lois du cœur.

Jacobsen (Jens Peter)

Écrivain danois (Thisted 1847 – id. 1885).

Partagé entre son goût pour la littérature et la botanique, il écrit en même temps des vers et traduit De l'origine des espèces de Darwin. Collaborateur scientifique de Nyt dansk Maanedsskrift (Nouvelle Revue danoise), où écrit également Brandes, il y publie une nouvelle, Mogens (1872), qui est une des premières œuvres naturalistes danoises, et où se dessinent déjà deux de ses thèmes principaux, le déterminisme et l'athéisme. Il se concentre enfin sur son œuvre littéraire : Madame Marie Grubbe, intérieurs du XVIIe siècle (1876), roman historique pour lequel il s'est minutieusement documenté, en particulier sur le plan du langage, où il a analysé l'influence de l'hérédité et du milieu. Niels Lyhne (1880) transcrit le conflit entre la réalité et le rêve ; le personnage de Niels, dont le besoin d'amour cherche satisfaction dans le culte maternel, l'idylle platonique ou la passion voluptueuse, se heurte à une déception constante, il accepte finalement cette vie solitaire que ne compense aucun espoir d'immortalité. Ce texte a été salué par Rainer Maria Rilke dans Lettres à un jeune poète. La profonde mélancolie qui imprègne ce roman a des racines dans un romantisme jamais entièrement renié (la Peste à Bergame, 1881 ; Madame Føms, 1882). Ses Chants de guerre ont été mis en musique par A. Schönberg (Gurrelieder, 1900-1911). Son œuvre poétique n'a été connue qu'après sa mort (Poésies, 1886).

Jacobsen (Rolf)

Poète norvégien (Oslo 1907 – 1994).

La nature fournit à sa réflexion des thèmes traditionnels, mais la civilisation moderne et industrielle transparaît dans des images qui s'enchaînent avec une hardiesse tranquille (Foule, 1935). Le recueil Train de grande distance (1951), seize ans plus tard, révèle une attitude critique nouvelle face à la société technocratique. Vie secrète (1954), Lettre à la lumière (1960), le Silence après (1965), Attention aux portes – les portes se ferment (1972), Ouvert la nuit (1985) unissent constamment effort théorique et perception sensible. Cette simplicité et cette présence au monde d'aujourd'hui ont fait de lui le premier poète « moderne » norvégien.

Jacopone da Todi (Jacopo dei Benedetti, dit)

Écrivain italien (Todi v. 1236 – Collazone, Pérouse, 1306).

Franciscain, il entra dans les ordres en 1278. Il lutta pour la déposition du pape Boniface VIII, qui l'excommunia et le fit emprisonner. Benoît XI lui rendit sa liberté en 1303. On lui attribue avec certitude 93 laudes religieuses, Laude, où il dénonce la corruption ecclésiastique et mondaine, la vanité et la violence de la vie terrestre : la VIIIe laude, Dame de Paradis (ou Lamentation de la Madone), est une grandiose mise en scène de la Passion pour la Vierge et le Christ.

Jacqmin (François)

Écrivain belge de langue française (Horizon-Hozémont 1929 – Liège 1992).

Marqué par son adolescence britannique, ce poète sobre et secret, féru de botanique et de philosophie, ne quittera guère son village que pour de courts séjours londoniens. Il participe à l'aventure de la revue Phantomas. Camera oscura (1976) impose son écriture minérale. Les courtes proses poétiques des Saisons (1979) et du Domino gris (1984) font place aux poèmes de Terres détournées (1986) et du Livre de la neige (1990), sortes de haïku où « la lutte de l'homme pour le mot juste » s'affronte extatiquement aux métaphores du cosmos.

Jacquemart Gielée

Poète français (Lille XIIIe s.).

Il composa une suite au Roman de Renart, Renart le Nouvel (1289), satire anticléricale où, parmi les procédés littéraires, l'allégorie très présente a un rôle symbolique : Renart devient la personnification du démon et corrompt la cour du roi Noble.

Jacquemont (Victor)

Écrivain français (Paris 1801 – Bombay 1832).

La brève existence de ce botaniste et homme de lettres fut partagée entre le rôle de conseiller qu'il joua auprès de Stendhal et la mission scientifique qu'il effectua en Inde, de 1828 à 1832. Il fut aussi l'ami de Mérimée. Guizot fit paraître la relation de son Voyage dans l'Inde (1836-1844). On a publié également sa Correspondance avec sa famille (1834) et ses Lettres à Stendhal (1933).

Jacques de Saroug

Écrivain syriaque (449 – 521).

Évêque monophysite de Batna de Saroug en Osrhoène, on lui attribue 763 Homélies métriques qui, dans la tradition d'Éphrem, usent d'un style descriptif et symbolique. Ses œuvres furent imitées et remaniées à des fins liturgiques. Il a laissé également 43 Lettres.

Jacques de Voragine, en ital. Iacopo da Varazze

Écrivain italien (Varazze v. 1228 – Gênes 1298).

Provincial des dominicains en Lombardie (1267), archevêque de Gênes (1292), il est célèbre surtout pour un recueil de vies de saints écrit en latin, la Légende dorée, qui s'organise suivant l'ordre du calendrier. Sous une apparente monotonie, on essaie de reconnaître les éléments de mentalité populaire. Mais c'est surtout l'image de la constance inspirée par la foi qui s'impose dans ces variations sur la cruauté opposée à la bonté : traduit en français au XIVe s., le texte latin fut parfois enrichi d'autres histoires. L'œuvre fut au XVIe s. l'objet de violentes polémiques.

Jacques d'Édesse

Évêque monophysite et écrivain syriaque (633 – 708).

Bon connaisseur du grec et de l'hébreu, il composa une Grammaire syriaque et introduisit, dans l'écriture consonantique, des voyelles prises à l'alphabet grec. Outre des Scholies sur l'Ancien Testament (dont il révisa le texte) ainsi qu'un Hexaéméron, il écrivit une Chronique et des Canons. Il a laissé une abondante Correspondance et des traductions d'ouvrages grecs, en particulier des Homélies cathédrales de Sévère d'Antioche.