Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
G

galloise (littérature)

Dès les origines (Taliesin, Aneurin), la poésie galloise a partie liée avec le thème de la grandeur perdue. Les formes traditionnelles (l'élégie en strophes de trois vers, les englynions) ne sont pas séparées de l'épopée. La fin de l'indépendance (1282) entraîne la disparition des bardes de cour. Seule subsiste la tradition prophétique et héroïque (Mabinogion). Contre la poésie de circonstance et de virtuosité, Dafydd ap Gwilym (XIVe s.) chante la nature et la femme. Privé par l'Acte d'union (1536) du soutien de la noblesse locale et coupé de l'industrialisation et de l'urbanisation (paradoxalement, ce sont les émigrés qui réaliseront l'anglicisation du pays), le gallois reste le véhicule du protestantisme (traduction de la Bible en gallois en 1588), puis du méthodisme. Dans le célèbre Livre des trois oiseaux (1653), Morgan Llwyd (1619-1659) oppose l'Aigle (l'autorité) et le Corbeau (les Églises) à la Colombe (la lumière intérieure). La résurrection linguistique du XVIIIe siècle et du romantisme établira une sorte d'érudition populaire qui ne débouche que vers 1890 sur la redécouverte du pays tel qu'il est. Il reste que les plus grands écrivains gallois sont de langue anglaise.

Galloway (Janice)

Écrivain écossais (Saltcoats, Ayrshire 1956).

Avocate de la cause des femmes, elle reprend les stéréotypes imposés par un point de vue masculin pour mieux les subvertir ; elle montre notamment la peur que la sexualité féminine inspire aux hommes, dans ses recueils de nouvelles (Sang, 1991 ; Où on le trouve, 1997), comme dans ses romans. Texte fragmenté dans lequel s'entrelacent plusieurs récits, le premier brille par son goût pour l'expérimentation formelle et typographique (Le tout est de continuer à respirer, 1989) ; le second, Bricolage (1994), suit le parcours de ses deux héroïnes en France, mêlant passé et présent, contre l'oppression de l'ordre sous toutes ses formes.

Galsworthy (John)

Écrivain anglais (Coombe, Surrey, 1867 – Londres 1933).

Ses romans, et notamment ses deux trilogies (la Saga des Forsyte, 1906-1921 ; Une comédie moderne, 1924-1928) ne décrivent que sa classe sociale, la grande bourgeoisie, d'abord avec mordant puis avec nostalgie. Son héros, Soames Forsyte, vestige de l'ère victorienne dans le monde troublé de l'après-guerre, affronte le passage tragique du temps. Mais point de regard intérieur chez ce conservateur qui se borne à peindre du dehors l'évolution sociale. Son œuvre théâtrale reflète ses convictions humanitaires et sa compassion (Justice, 1910 ; Loyautés, 1922). Il reçut le prix Nobel de littérature en 1932.

Galtier (Charles)

Écrivain français d'expression provençale (Eygalières 1913 – id. 2004).

Instituteur dans sa commune natale, il s'est livré à certaines recherches ethnologiques, devint conservateur du musée Mistral de Maillane et chargé de recherche au C.N.R.S. Son œuvre, extrêmement abondante et couvrant plus d'un demi-siècle, comprend des recueils de contes (L'erbo de la routo [l'Herbe de la route], 1953) ; Tres conte pèr Calendo [Trois Contes pour les Calendes], 1965) ; Conte dis Aupiho, de Crau e de Prouvènço [Contes des Alpilles, de la Crau et de Provence], 1970), des nouvelles (le Nid de calao, 1980), des poésies (Lou creirés-ti ? [le Croirais-tu ?], 1949 ; Sèt saume de la sereneta [Sept Psaumes de la sérénité], 1970), un roman (le Chemin d'Arles, 1984) et divers livres descriptifs sur la Provence. Mais C. Galtier reste avant tout un remarquable auteur dramatique qui a écrit quantité de pièces, dont la plus jouée fut sans conteste Li quatre sèt (les Quatre Sept, 1973).

Gama (José Basílio da)

Poète brésilien (São José do Rio das Mortes, auj. Tiradentes, Minas Gerais, 1740 – Lisbonne 1795).

Son poème épique Uruguay (1769), précurseur de l'indianisme, évoque la révolte des Indiens des missions contre le Portugal.

Gamsaxurdia (K'onst'ant'ine Simonis dze)

Écrivain géorgien (Abacha 1893 – Tbilisi 1975).

D'origine noble, il raconte dans ses premiers récits (Le monde que je vois, 1924 ; le Sourire de Dionysos, 1925) la faillite de sa propre classe, balayée par la collectivisation dans sa trilogie le Rapt de la lune (1935-1936). Il est surtout connu pour ses deux romans historiques, consacrés l'un à l'architecte de la cathédrale Svet'itsxoveli de Mtsxeta (la Dextre du grand maître Constantin, 1939), l'autre à l'arrière-grand-père de la reine Tamar, le grand roi unificateur de la Géorgie au XIe siècle (David le Bâtisseur, 1942-1962).

Gamzatov (Rasul)
ou Rasul Hamzatov

Poète avar (Ts'ada 1923 – Moscou 2003).

Fils du célèbre Gamzat [Hamzat] Ts'adasa, il put faire ses études à l'Institut Gorki de Moscou (1945-1950) et présida l'Union des écrivains de la république du Daghestan. D'abord auteur de vers patriotiques, il puise ensuite dans la tradition orale pour célébrer sans conformisme le Daghestan (Nos montagnes, 1947 ; Mon frère aîné, 1952 ; Printemps au Daghestan, 1955 ; la Montagnarde, 1958) et se fait le porte-parole d'une morale solidaire (Mon cœur dans les montagnes, 1959 ; Hautes Étoiles, 1962). Soucieux du destin d'un monde agité et fier d'une culture nationale assumée sans passéisme, il exalte, tout en revendiquant l'égalité des femmes, des valeurs d'amour et de fécondité (la Cloche d'Hiroshima, 1967 ; Épargnez les mères !, 1975 ; Mystères, 1977) et livre, dans un journal lyrique en prose, méditations sur l'art et souvenirs intimes (Dialogue avec mon père, 1953 ; Mon Daghestan, 1967-1971).

Gandhi (Mohandas Karamchand) , surnommé le Mahatma (« la Grande Âme »)

Homme politique et écrivain indien d'expressions gujarati, hindi et anglaise (Porbandar 1869 – Delhi 1948).

Auteur de nombreux articles et essais sociologiques et politiques, citant la Bible et la Bhagavad-gita, Thoreau et Tolstoï, Gandhi ne s'est jamais considéré comme un écrivain. Il a cependant créé un nouveau style de prose gujarati avec ses « Expériences de vérité » autobiographiques (Satyano prayogo, 1925-1929).

Ganivet (Ángel)

Écrivain espagnol (Grenade 1865 – Riga 1898).

Influencé par Nietzsche et Barrès, il laisse des romans où se mêlent l'observation réaliste et l'humour (la Conquête du royaume de Maya, 1897), un drame en vers (le Sculpteur de son âme, 1899), des essais critiques (Lettres finlandaises, 1898) et surtout l'Idearium espagnol (1897), analyse des causes de la décadence de l'Espagne. Son œuvre annonce le renouvellement accompli dans les idées et la littérature par la « génération de 98 ».