Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
Z

Zévaco (Michel)

Écrivain français (Ajaccio 1860 – Eaubonne 1918).

Enseignant, puis militaire, avant d'être militant anarchiste, il fut journaliste (l'Égalité, le Gueux, le Courrier français) et écrivit des romans engagés (Roublard et Cie, 1889). Ami de Jaurès, il entra à la Petite République socialiste, où il publia avec succès ses premiers romans-feuilletons : Borgia (1900), le Pont des Soupirs (1901), puis Par le fer et par l'amour (1902) et la Fausta (1903-1904), qui constituent les premiers épisodes des Pardaillan, série qui se poursuivit au Matin à partir de 1904. C'est dans ce journal aussi que parurent le Capitan (1906) et Nostradamus (1907), contribuant à donner un souffle nouveau au roman historique dans la tradition de Dumas et de Féval.

Zeyer (Julius)

Écrivain tchèque (Prague 1841 – id. 1901).

Représentant du « cosmopolitisme », il nourrit ses cycles épiques de mythes tchèques, français ou celtes (Vyšehrad, 1880 ; Épopée carolingienne, 1896). Outre des pièces et des récits historiques, il a laissé deux romans psychologiques (Jan Maria Plojhar, 1891) et la Maison « À l'Étoile qui se noie » (1897), dont l'action se déroule à Paris.

Zeytounitsian (Berdj)

Écrivain arménien (Alexandrie 1938).

Ses romans historiques ou symboliques (Archak II, 1977 ; l'Homme le plus triste, 1973) comme ses pièces de théâtre (le Grand Silence, 1984) procèdent d'une réflexion sur le passé et d'une dénonciation de la violence.

Zhang Ailing
ou Chang Eileen

Romancière chinoise d'expression chinoise et anglaise (1920 – 1995).

D'une riche famille occidentalisée, mais désunie et tourmentée, elle entre en littérature avec la Cangue d'or (1943), court roman dans lequel, à travers le triste destin d'une femme, est décrite la lutte entre tradition et modernité. Elle quitte la Chine en 1952 et transcrit son expérience du communisme oppresseur dans deux romans : le Chant des repiqueurs de riz et Amour en terre rouge. Elle se fixe aux États-Unis en 1955.

Zhang Chengzhi

Écrivain chinois (Nanjing 1948).

La Révolution culturelle va permettre à ce hui, né à Pékin, de passer plusieurs années dans les steppes mongoles, expérience fondatrice qui sera le terreau de toute son œuvre future ; ses recherches d'ethnologue et d'historien confirment son intérêt pour les minorités et sa fascination pour les grands espaces du Nord-Ouest. Sa première nouvelle, Pourquoi les bergers chantent leur mère (1978), exalte l'esprit de sacrifice des mères mongoles. Les autres nouvelles de ce grand styliste et paysagiste (le Beau Cheval noir, le Glacier...) ont toujours pour cadre les régions peuplées de minorités ethniques dans la Chine d'aujourd'hui.

Zhang Kangkang

Romancière chinoise (née en 1950).

Issue d'une famille d'intellectuels communistes, elle participe avec enthousiasme à la Révolution culturelle et se porte volontaire pour l'exil dans une ferme du Heilongjiang. C'est, pour cette « jeune instruite », une expérience terrible mais d'une grande richesse, qu'elle évoquera avec réalisme, mais sans apitoiement ni pessimisme excessif (la Ligne de démarcation, 1975), malgré l'amertume des illusions révolutionnaires perdues (l'Aurore boréale, 1980 ; l'Impitoyable, 1995). Les autres thèmes de son œuvre sont l'amour (le Droit d'aimer, 1979 ; la Galerie de l'amour, 1996) et les ténèbres de l'âme, après sa découverte du freudisme (le Compagnon invisible, 1986).

Zhang Xianliang

Romancier chinois (né en 1936).

Un poème de 1957, écrit alors qu'il est professeur, le Chant de la bourrasque, lui vaut l'étiquette de droitier et vingt-deux années d'exil dans les steppes du Ningxia, où il restera, même réhabilité (1979). Sa nouvelle l'Âme et la chair (1980) le rend célèbre grâce au film qui en est tiré, le Gardien de chevaux. Son diptyque, Mimosa (1984) et la Moitié de l'homme, c'est la femme (1985), met en scène le même personnage, un intellectuel soumis à l'épreuve du camp de travail ; le second volet, surtout, pose, pour la première fois dans la Chine maoïste puritaine, la question de la misère sexuelle de ceux, innombrables, qui ont subi la même continence forcée, l'impuissance sexuelle du héros étant la métaphore de la stérilité à laquelle tant d'années de plomb ont condamné le peuple chinois. Son roman La mort est une habitude (1989) revient sur l'expérience du camp de travail et aborde le thème de la dégradation intellectuelle qui en résulte.

Zhang Xinxin

Romancière chinoise (née en 1953).

La Révolution culturelle l'envoie en Mandchourie et met fin à ses études. Militaire au Hunan, infirmière au Yunnan puis à Pékin, elle acquiert une expérience irremplaçable avant – l'Ouverture aidant d'entreprendre des études de théâtre. Venue à l'écriture en 1981 (Sur la même ligne d'horizon, histoire d'un couple), elle connaît la notoriété avec l'Homme de Beijing (1985), constitué de 100 interviews d'hommes et de femmes de tous horizons sociaux, réécrites par elle. Elle récidive avec Au long du grand canal (1986). Le Partage des rôles (1989), roman, allie le réalisme au féminisme de l'auteur.

Zhao Shuli

Écrivain chinois (1906 – 1970).

Fils d'une famille pauvre, après une jeunesse militante, il rejoint en 1937 le P.C.C. Maoïste convaincu, il écrit les Ballades de Li Youcai (1943), roman sur la paysannerie pauvre, bon exemple de « réalisme révolutionnaire ». Il exploite la même veine dans Sanliwan (1955), qui décrit la naissance des coopératives agricoles. La scrupuleuse orthodoxie de ces deux romans n'évitera pas à leur auteur d'être mis à mort pendant la Révolution culturelle.

Zhaxi Dawa (Tashi Dawa, dit)

Écrivain tibétain (né en 1959).

Métis, né d'une mère han et d'un père tibétain, il fait des études secondaires et s'exprime en langue chinoise ; il vient à l'écriture en 1979 avec sa nouvelle le Silence d'un sage, de facture réaliste et d'inspiration régionaliste, qui le fait d'abord rattacher à la littérature de recherche des racines. Il évolue ensuite rapidement vers ce qu'il est convenu d'appeler « le réalisme magique », sous l'influence de García Márques : mysticisme et superstitions, spiritualité bouddhiste et pratiques magiques caractérisent sa vision de l'homme tibétain d'aujourd'hui, ancré dans l'immémorial et l'immense, non colonisable (Tibet, les années cachées). On fait de lui le chef de file des écrivains tibétains de langue chinoise.