Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Pamuk (Orhan)

Écrivain turc (Istanbul 1952).

Après des études secondaires et universitaires (journalisme) à Istanbul, il passe trois années à New York. Révélation du roman turc d'après 1980, O. Pamuk effectue une relecture de l'histoire ottomane et turque dans ses romans : c'est aussi un vrai moderniste qui s'inspire de toute la tradition romanesque occidentale et replonge aux sources poétiques de l'Orient (la Maison du silence, 1983 ; le Château blanc, 1985 ; le Livre noir, 1990 ; Mon nom est rouge, 1998).

Panamá

En 1903, la région de l'isthme se détache de la Colombie et devient la république de Panamá. Ses premiers écrivains sont des modernistes (Ridardo Miró, Darío Herrera). S. Ponce Aguilera et G. Andreve publient des portraits en prose de la jeune république et A. García et S. Rivas témoignent d'une inspiration romantique.

   La prise de conscience de la spécificité panaméenne date des années 1930, avec J. Valdés (Sang créole). Les spécificités linguistiques du pays sont introduites dans la langue littéraire de José E. Huerta (Âme paysanne, 1930). Le meilleur conteur de l'époque est Rogelio Sinán. Le roman, toujours plus tardif que la poésie ou la nouvelle, fait sa véritable apparition en 1943 avec Toi seule dans ma vie de Julio Sosa, suivi en 1947 par Herbe de Mario Riera, par Terre de l'intérieur (1949) de Manuel J. Quijano et par Plage profonde (1950) de Renato Ozores. La grande figure du roman contemporain est Joaquín Beleño (Lune verte, 1951 ; Gamboa road gang, 1960 ; Fleur de banane, 1970). Ébauché par D. Korsi, un mouvement de renouveau ouvre la poésie aux influences étrangères (D. Herrera Sevillano, R. Javier Laurenza, R. J. Bermudez, Tristan Solarte, E. Simons Quirós).

   Depuis 1960 sont apparus des écrivains qui s'inscrivent dans les grands courants de la littérature latino-américaine actuelle : E. Jaramillo Levi et surtout Gloria Guardia. L'observation de la réalité panaméenne caractérise, avec l'engagement qui en découle, les tendances de la littérature moderne.

Panard (Charles François)

Écrivain français (Courville, près de Chartres, 1694 – Paris 1765).

Bohème et bon vivant, membre du Caveau, il réunit dans son Théâtre et Œuvres diverses (1764) des pièces pour le théâtre de la Foire, des opéras-comiques, des comédies gaiement satiriques, des chansons et poésies légères, dont deux calligrammes en forme de verre et de bouteille. Il fut, selon Marmontel, le « La Fontaine du vaudeville ».

Pañcatantra

Ces « cinq livres » de contes et de fables sanskrits ont été compilés par le brahmane Visnusarman à la fin du Ve s. pour instruire des princes, mettant en scène des animaux doués de pouvoirs surnaturels. Traduits du sanskrit en pahlavi au VIe s., puis de là en arabe, hébreu, syriaque, turc et grec, ils se diffusent avec succès du Moyen-Orient vers l'Europe (XIIe s.). Il existe plus de deux cents versions du Pañcatantra dans plus de cinquante langues, la plupart non indiennes.

Panduro (Leif)

Romancier danois (Copenhague 1923 – Liseleje 1977).

« Est-ce moi qui suis fou, ou est-ce le monde autour de moi ? » : cette question est posée avec une infinité de variations tantôt burlesques, tantôt angoissées, depuis le roman Bottez-moi les traditions (1958), mouvementé et absurde, jusqu'à des œuvres plus accomplies comme Fern du Danemark (1963), sorte de thriller métaphysique. Dans cet ensemble se détache Jours de vipère (1961), où l'amour pénètre ce monde clos.

Panini

Grammairien indien (Ve ou IVe s. av. J.-C.).

Il est l'auteur d'un traité de grammaire de huit chapitres (Astadhyayi), de style aphoristique, qui énumère les termes, les règles d'application et d'interprétation de la grammaire sanskrite, et dégage les notions de racine, de désinence et de flexion. La grammaire de Panini a exercé une certaine influence sur le développement de la grammaire comparée en Europe, à partir de sa traduction (1839) par Otto von Böhtlingk.

panique (théâtre)

Désignation par Arrabal d'un théâtre né du constat que l'art dramatique est éphémère et qu'il faut le faire évoluer dans une perspective non répétitive. La figuration doit être abandonnée au profit de l'abstraction et d'une confiance entière accordée au langage qui est en fait la « provocation d'accidents ». Loin d'éviter les « fautes » et d'en avoir la hantise, le praticien du théâtre panique doit jouer sur et avec elles. Le théâtre panique est donc un des éléments de ces « fêtes et rites de la confusion » que célèbrent l'œuvre dramatique de Fernando Arrabal et les manifestations plastiques du « groupe Panique », fondé en 1962 avec Topor, Olivier O. Olivier, Christian Zeimert, Michel Parré et le cinéaste Jodorowsky.

Panizza (Oskar)

Écrivain allemand (Bad-Kissingen 1853 – Bayreuth 1921).

Ce descendant de huguenots français voyagea en France et en Angleterre avant de s'installer comme aliéniste à Munich en 1882. Il y fréquenta les milieux littéraires (la revue Die Gesellschaft) et commença à publier des recueils de poésie et des récits fantastiques. Mais bientôt le goût de la provocation et la veine satirique l'emportèrent : dans son drame le Concile d'amour (1895), il s'en prend à toutes les valeurs de l'Allemagne wilhelminienne et de la religion. Poursuivi et condamné pour blasphème (1895), puis pour lèse-majesté (1901), il finit par basculer dans la folie en 1904.

Pankowski (Marian)

Écrivain polonais (Sanok 1919).

Soldat de la résistance l'A. K., il est arrêté en 1942 par les nazis et envoyé dans les camps de concentration d'Auschwitz et de Bergen-Belsen. À la libération, il s'installe en Belgique, où il occupe la chaire de littérature polonaise de l'Université libre de Bruxelles. Il est l'auteur de la première anthologie française de poésie polonaise : Anthologie de la poésie polonaise du XVe au XXe siècle (1961). Dans la lignée de W. Gombrowicz et de S. I. Witkiewicz, son œuvre romanesque est volontiers sacrilège, féroce avec les cultes, tel celui de la patrie ; aux limites de la moralité, elle donne libre expression à un érotisme frisant parfois la pornographie. Les livres de Pankowski, souvent déconcertants, illustrent une condition humaine misérable dans une Pologne mythifiée mais moquée, une Belgique étrange mais reconnaissable. Prose poétique plus que romans, ils échappent aux classifications faciles : Liberté vagabonde (1955), Matuga, ou un Polonais à l'aventure (1958), le Gars de Lvov (1972), les Pèlerins d'Utérie (1985), Un vieil avenir (1986), Liberté vagabonde (1988), le Retour des chauves-souris blanches (1988), Putto (1995), Un presbytère en Poméranie (1997). Il est également l'auteur de nouvelles, l'Or funèbre (1993), et d'un drame, Mort d'un bas blanc (1976).