Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
S

Silliman (Ron)

Poète américain (Pasco, Washington, 1946).

Auteur de l'ouvrage fondateur la Phrase nouvelle (1987) et de nombreux recueils de poèmes (notamment Litt., 1987 ; Quoi, 1988 ; Manifeste, 1990), éditeur de l'anthologie Dans l'arbre américain (1986), engagé en faveur d'une poétique de la collaboration entre poète et lecteur, il est, dans la tradition de Whitman et de William Carlos Williams, un poète du quotidien, dont les textes renvoient de manière reconnaissable à la baie de San Francisco. Poète public aussi, il est connu pour ses lectures dans la rue aux heures de pointe, prêtant aux techniques de la juxtaposition aléatoire une puissance politique, dans un jeu de reflets allusif entre structure formelle et espace public. Dans ses poèmes, le poète n'est qu'une des instances présentes, réflexif mais dépourvu de toute autorité suprême. Dans un refus permanent des stratégies de domination autoriales, sa poétique est une poétique de la procédure et de la pratique, où la question ouverte (en série dans « Débris du crépuscule ») implique des réponses – sans jamais les donner.

Sillitoe (Alan)

Écrivain anglais (Nottingham 1928).

Fils d'ouvrier, leader du groupe des Jeunes Gens en colère, il clame les frustrations de la classe ouvrière et son mépris de l'hypocrisie anglaise dans ses poèmes (les Rats, 1960), ses récits satiriques (le Général, 1960), ses nouvelles (la Solitude du coureur de fond, 1959 ; la Fille du chiffonnier, 1964 ; Guzman Go Home, 1968 ; Deuxième Chance, 1981), ses romans (Samedi soir, dimanche matin, 1958 ; Arbre en feu, 1967). Un moment tenté par le soviétisme (la Route de Volgograd, 1964), il reviendra à la dénonciation de l'autorité sous toutes ses formes. Scénariste et romancier, il est aussi poète (les Barbares, 1974 ; Soleil avant le départ, 1984). Auteur pour enfants, il a créé le personnage de Jim Marmelade. Il propose au fil d'une œuvre anarcho-réaliste une méditation sur les liens de la révolte et de l'autodestruction.

Silone (Secondo Tranquilli, dit Ignazio)

Écrivain italien (Pescina dei Marsi, Aquila, 1900 – Genève 1978).

Romancier engagé dans le P.C.I, avec lequel il rompt en 1930, il évoque les luttes antifascistes et la condition paysanne (Fontamara, 1930 ; le Pain et le Vin, 1936 ; le Grain sous la neige, 1942 ; une Poignée de mûres, 1952 ; le Secret de Luc, 1956 ; le Renard et les camélias, 1960).

Silva (António José da) , dit O Judeu, « le Juif »

Écrivain portugais (Rio de Janeiro 1705 – Lisbonne 1739).

Nouveau chrétien, comme l'indique son surnom, il incarne une tentative de renouveau du théâtre de marionnettes, et surtout d'un comique populaire à portée sociale et politique qui lui valut d'être brûlé par l'Inquisition (Vie du grand Don Quichotte et du gros Sancho Pança, 1733 ; Guerres du Romarin et de la Marjolaine, 1737). Ses intrigues ingénieuses et burlesques n'épargnèrent pas Jean V et ses maîtresses.

Silva (José Asunción)

Poète colombien (Bogotá 1865 – id. 1896).

D'abord influencé par Bécquer et Heine (Chrysalides, Notes perdues), puis par le poète catalan Bartrina, il évolua, après un voyage en Europe (1884) où il rencontra Oscar Wilde et découvrit Schopenhauer, vers le symbolisme et écrivit alors ses meilleurs poèmes dont Nocturne, son chef-d'œuvre (1894) qui, par la richesse intérieure, l'émouvante sincérité et l'innovation métrique et rythmique, contribua à faire de son auteur le précurseur du modernisme.

Silva Alvarenga (Manuel Inácio da)

Poète brésilien (São João del Rei 1749 – Rio de Janeiro 1814).

Malgré les conventions de l'arcadisme, un sentiment nettement brésilien se détache des poèmes de Glaura (1779) et de son Déserteur des lettres (1774).

Silveira (Tasso Azevedo da)

Écrivain brésilien (Curitiba, Paraná, 1895 – Rio de Janeiro 1968).

Journaliste, membre du groupe moderniste « Festa », opposé aux tendances de 1922, il créa la revue du même nom. Il est l'auteur d'une œuvre poétique d'inspiration religieuse et symboliste (Découverte de la vie, 1936 ; Contemplation de l'Éternel, 1952 ; Retour à l'origine, 1960), de romans (Toi seul es revenu ?, 1941 ; Ombres du chaos, 1958) et d'essais (Définition du modernisme brésilien, 1931).

Silverberg (Robert)

Écrivain américain (New York 1936).

Il commença à écrire dès 1954 et publia sous divers pseudonymes (C. M. Knox, D. Osborne, I. Jorgenson) d'innombrables nouvelles et récits de science-fiction. Entre 1968 et 1975, ses romans s'inscrivent dans la vague contre-culturelle qui frappe alors les États-Unis : quel que soit le thème abordé, Silverberg accorde une attention prioritaire aux représentations ou aux trames sexuelles (les Ailes de la nuit, 1968 ; Monades urbaines, 1971). Mais cette œuvre se caractérise également par la fascination du cycle de la faute et de la rédemption (les Profondeurs de la Terre, 1973), l'évocation des implications politiques et sociales de pouvoirs psychiques (l'Homme dans le labyrinthe, 1969 ; l'Oreille interne, 1972). L'ensemble baigne dans un mysticisme flou fondé sur une promesse d'émancipation dans la communion d'un amour universel, projection cosmique des idées de la génération du « Peace and love » (le Fils de l'homme ; les Masques du temps, 1969 ; Trips, 1970-1974). Silverberg poursuit désormais son œuvre en la déclinant selon les canons du best-seller.

Silvestre (Armand)

Écrivain français (Paris 1837 – Toulouse 1901).

Après des recueils dans la tradition parnassienne (la Chanson des heures, 1878), il publia des contes qui doivent plus à la scatologie qu'à l'humour (les Farces de mon ami Jacques, 1881 ; Contes grassouillets, 1883 ; Fabliaux gaillards, 1888). On lui doit des opéras et un mystère, Grisélidis (1891), dont Massenet tira un drame lyrique. Collaborateur de l'Opinion nationale, de la Vie moderne, du Gil Blas, il a été l'ami et le défenseur des poètes parnassiens et des impressionnistes.

Sima Qian

Historien chinois (145 av J.-C. – 86 ?).

Gentilhomme de la cour en 123 av. J.-C., il succède en 107 av. J.-C. à son père dans la charge de grand historien. En 99 av. J.-C., ayant défendu un général vaincu, il est condamné à la prison et à la castration. Après vingt années de labeur acharné, qui lui ont permis d'explorer les archives impériales et de visiter les lieux historiques pour rassembler des documents, il termine les Mémoires historiques (Shiji), monumental ouvrage en 130 chapitres et chef-d'œuvre incontesté de la prose chinoise. Couvrant une période de plus de 2 500 ans, celui-ci se divise en 5 parties : 1º les Annales impériales, qui présentent chronologiquement les événements marquants des règnes impériaux, depuis l'Empereur jaune jusqu'à l'empereur régnant Han Wudi (en 101 av. J.-C.) ; 2º les Tables, chronologie comparée des règnes princiers avant l'unification de 221 av. J.-C. ; 3º les Traités : quittant le récit par années, Sima Qian étudie les grands problèmes contemporains de façon plus synthétique (rites, musique, lois, calendrier, fonctionnaires, sacrifices, voies fluviales et économie) ; 4º les Maisons héréditaires : histoire des princes avant l'unification ; 5º les Biographies : création originale de Sima Qian, pour qui l'histoire était principalement l'histoire des hommes, de leurs actions, de leurs paroles et de leurs écrits. Le Shiji, reconnu par décret comme « Première Histoire officielle de Chine », servit de modèle aux futures 24 Histoires dynastiques.