Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
A

Anderson (Poul)

Écrivain américain (New York 1926 – Orinda, Californie, 2001).

Auteur prolifique pratiquant parallèlement le roman historique et la science-fiction (on lui doit une soixantaine de romans et un nombre incalculable de nouvelles), il jouit aux États-Unis d'une grande notoriété, malgré (ou à cause de) ses prises de position ultraconservatrices. Ses romans (Patrouille du temps, 1960 ; Agent de l'Empire terrien, 1965) sont autant de grandes fresques épiques où dominent les idées d'ordre, de lutte et de conquête. Ces vues massives et simplistes n'empêchent pas par endroit l'incertitude et une certaine poésie, comme dans sa nouvelle l'Homme qui était arrivé trop tôt, réflexion amère sur la mort et le temps. Le Monde de Satan (1958) ou les Croisés du Cosmos (1960) montrent qu'il sait aussi parfois tourner en dérision ses propres outrances et fantasmes (Barrière mentale, 1954 ; la Route étoilée, 1956 ; la Troisième Race, 1959 ; le Hors le monde, 1971 ; Fatum, 1972). Parmi ses recueils de nouvelles, le Barde du futur date de 1988.

Anderson (Sherwood)

Écrivain américain (Camden 1876 – Colón, Panamá 1941).

Sa vocation littéraire tardive, suscitée par la révolte contre la médiocrité américaine (Comment j'ai abandonné les affaires pour la littérature, 1924), se traduit par un réalisme précis. Les romans (le Fils de Windy McPherson, 1916 ; Défilé, 1917 ; Pauvre Blanc, 1920) disent la stérilité des villes du Middle West. Les nouvelles de Winesburg Ohio (1919) mettent en scène à travers les habitants d'une petite ville la dépossession morale à laquelle est soumise la province américaine. Anderson exerce une influence majeure sur ses contemporains, notamment Hemingway et Faulkner. Ce réalisme se confirme dans ses textes autobiographiques (Histoire d'un raconteur d'histoires, 1924 ; Tar, une enfance dans le Midwest, 1926).

Andersson (Kent)

Acteur et auteur dramatique suédois (Göteborg 1933 – id 2005)

Il est l'un des représentants les plus significatifs du théâtre engagé (la Maison de retraite, 1967 ; le Radeau, 1967 ; le Tas de sable, 1968). Sympathy for the Devil (1997), un livre sur la guerre, qui transforme le jeune conscrit Hanson, ayant quitté l'Université pour servir au Vietnam, en un sergent, membre des Forces spéciales. Une métamorphose qui explique comment la devise de l'armée américaine, In God we trust, peut se muer en sympathie pour le Diable. Avec les Chiens de la nuit (1999) réapparaît le personnage de Hanson dans un roman noir à la Ellroy, où la menace surgit à chaque page.

Andrade (José Fontinhas, dit Eugênio de)

Poète portugais (Póvoa da Atalaia, Fundão, 1923 – Porto 2005).

Ses recueils d'un lyrisme musical passent de la joie sensuelle (les Mains et les Fruits, 1948) au désenchantement apaisé (Mémoire d'un autre fleuve, 1978).

Andrade (José Oswald de Sousa, dit Oswald de)

Écrivain brésilien (São Paulo 1890 – id. 1954).

Fondateur du « mouvement anthropophagique » (1928), il fut l'un des animateurs du modernisme, par ses manifestes (Pau-Brasil, 1925) et ses romans (Séraphin Grand-Pont, 1933 ; Borne zéro, 1943).

Andrade (Mário de)

Écrivain et homme politique angolais (Galungo Alto 1928 – Londres 1990).

Un moment président du Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA, 1956) qu'il contribua à créer, il publia une Anthologie de la poésie nègre d'expression portugaise (1959).

Andrade (Mário Raul de Morais, dit Mario de)

Écrivain brésilien (São Paulo 1893 – id. 1945).

Il fut l'un des initiateurs du modernisme par ses poèmes (Paulicéia desvairada, 1922), par son roman indigéniste (Macounaïma, 1928), ses articles critiques (Essai sur la musique brésilienne, 1928) et ses récits (Aimer, verbe intransitif, 1927 ; Contes nouveaux, 1947). Macunaíma, défini par son auteur comme une « rhapsodie », fondé sur le folklore et les ressources de la langue parlée, raconte la poursuite d'un talisman perdu à travers la jungle amazonienne et la grande ville de São Paulo, mettant en scène un héros « sans caractère » dont les traits changent selon l'épisode et la région.

André (saint) de Crète

Évêque et poète byzantin (Damas v. 660 – Lesbos 740).

Il vécut en Palestine sous la conquête arabe et fut archevêque de Crète. Auteur de Sermons, de poésies liturgiques (ou idiomèdes), il est le créateur du canon, chant liturgique toujours en usage dans l'Église grecque.

Andreas-Salomé (Lou)

Femme de lettres allemande (Saint-Pétersbourg 1861 – Göttingen 1937).

Fille d'un général russe, elle fit en Suisse des études de théologie. Auteur de récits et de romans psychologiques d'une sensibilité très « fin de siècle » (Ruth, 1895 ; Enfants des hommes, 1899 ; Ma, 1901 ; Rodinka, 1922), cette femme intelligente, sensible et éprise de liberté a fréquenté les plus grands esprits de son temps. Elle a joué un rôle important dans la vie de Nietzsche, puis dans celle de Rilke, avant de devenir une disciple de Freud. Elle a laissé une autobiographie (Ma vie, 1951) et une importante correspondance, notamment avec Rilke, Sigmund et Anna Freud.

Andreïev (Leonid Nikolaïevitch)

Écrivain russe (Orel 1871 – Mustamäggi, Finlande, 1919).

Assombrie par la mort du père et par plusieurs tentatives de suicide, la jeunesse d'Andreïev est marquée par l'influence de Schopenhauer, dont il partage le pessimisme : le jeune écrivain, que Gorki soutient à ses débuts (Bargamot et Garaska, 1898) et qui se veut « l'apôtre de l'auto-anéantissement », voit en effet la vie comme ce Mur (1901) que des lépreux essaient en vain d'escalader. La mort et la sexualité sont deux motifs récurrents par lesquels se révèlent les Ténèbres (nouvelle de 1907) qui nous habitent, ce Gouffre – pulsions inconscientes, animales – qui donne son titre à un récit célèbre (1902) où l'écrivain décrit le trouble sensuel d'un jeune homme devant le corps inerte de sa bien-aimée qui vient d'être violée. La fascination pour la mort s'amplifie d'échos politiques dans le Gouverneur (1906), où le héros ne peut s'empêcher, au prix de sa vie, d'errer près des cadavres des ouvriers sur lesquels il a fait tirer ; la thématique révolutionnaire est présente aussi dans les Sept pendus (1908), qui narrent les derniers instants de terroristes condamnés à mort, ou dans Vers les étoiles (1906), la première pièce de théâtre achevée d'Andreïev, qui marque chez lui un tournant vers l'écriture dramatique. En 1907, la Vie de l'homme, mise en scène par Stanislavski puis par Meyerhold, inaugure une série de drames philosophiques (les Masques noirs, 1908 ; Anathème, 1909) consacrés à l'absurdité de l'existence, l'impuissance de la raison, le pouvoir des forces obscures. Andreïev revient ensuite à une écriture plus réaliste et intimiste (Ekaterina Ivanovna, 1913 ; Celui qui reçoit les gifles, 1915). Partisan de la révolution de Février, il redoute cependant le déferlement de violence que laisse présager l'arrivée des bolcheviques au pouvoir et lance, de Finlande, où il finira ses jours, son célèbre SOS aux puissances occidentales.