Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
B

Bialoszewski (Miron)

Écrivain polonais (Varsovie 1922 – id. 1983).

Il est considéré comme l'un des auteurs majeurs de la poésie linguistique. Il privilégie les registres de langue populaires, familiers, argotiques, recourt volontiers à un langage déficient, tant du point de vue de la communication que de l'esthétique, qui débouche souvent sur une parodie du discours envisagé. La « périphérie » de la culture dans laquelle il inscrit son œuvre, par la forme comme par le fond, tire ses origines des souffrances endurées par le poète lors du soulèvement de Varsovie contre l'occupant nazi qui se termina pour Bialoszewski par des travaux forcés en Allemagne. Il publie ses premières plaquettes de poèmes dès son retour dans une Pologne libérée par un nouvel occupant : le Christ de l'insurrection (1947), le Gothique violet (1949). Réduit à des travaux alimentaires pour échapper au réalisme socialiste, il revient à la vie littéraire en 1956. La Tournure des choses (1956), choix de ses poèmes écrits en marge de la censure stalinienne depuis la guerre, lui vaut un succès considérable. Le Compte velléitaire (1959), les Émotions trompeuses (1961), Ce fut et ce fut (1965) sont autant de recueils de vers remarqués, mais qui laissent la critique polonaise perplexe à cause des transgressions du langage affichées, de l'intérêt manifeste que l'auteur y porte à un individu qui veut rester en marge du monde pour préserver sa liberté. Au cours des années 1960, Bialoszewski abandonne progressivement la poésie au bénéfice de la prose. Ses « petites narrations » sont des tableaux de la vie simple et quotidienne croqués sur le vif. Son œuvre majeure est son roman le Journal de l'insurrection de Varsovie (1970), où il excelle à restituer son histoire personnelle avec des phrases brèves qui se structurent en une suite cohérente qui joue sur les non-dits afin de souligner l'intensité des émotions. Il est aussi l'auteur d'œuvres dramatiques écrites entre 1955 et 1963, publiées sous le titre Théâtre à part.

Bialot (Joseph)

Écrivain français (Varsovie 1923).

Déporté à Auschwitz, il est libéré en 1945. Il passe une licence de psychologie à 46 ans. Le grand prix de littérature policière 1979 récompense le Salon du prêt-à-saigner. Suivront d'autres titres, décrivant les quartiers de Paris (Babel-ville, 1979). En 1999, il réussira à renouveler le « polar-système », selon ses termes, avec son policier Valentin Welsch (Nursery Rhyme, le Sténopé).

Biamonti (Francesco)

Écrivain italien (San Biagio della Cima, Imperia, 1933 – id. 2001).

Avec une écriture qui se veut « paysage », il décrit sa terre, la Ligurie. Son chant de la nature est sous-tendu par la conscience qu'il a du déclin de la civilisation occidentale (l'Ange d'Avrigue, 1983 ; Vent largue, 1991 ; Attente sur la mer, 1994 ; les Paroles la Nuit, 1999).

Bianciotti (Hector)

Écrivain argentin naturalisé français (Calchin Oeste, Argentine,).

Établi en Europe depuis 1955, et en France depuis 1961, il a collaboré à la Quinzaine littéraire, au Nouvel Observateur et au Monde. Auteur, en espagnol, de romans (les Déserts dorés, 1967 ; Celle qui voyage la nuit, 1969 ; Ce moment qui s'achève, 1972), d'une autobiographie (le Traité des saisons, 1977, prix Médicis étranger) et de nouvelles (L'amour n'est pas aimé, 1982), il est un des chefs de file de la nouvelle génération hispano-américaine, dans la lignée de Borgès et de Cortázar. Mais c'est dans un français ample et musical, proche du style de Proust tout en conservant trace du baroquisme espagnol, qu'il écrit ensuite Sans la miséricorde du Christ (1985), Seules les larmes seront comptées (1989), hommage à sa mère, et les trois volets de ses Mémoires : Ce que la nuit raconte au jour (1992), évocation de sa jeunesse, des études au séminaire franciscain et de l'attirance pour l'Europe de ses ancêtres, puis le Pas si lent de l'amour (1995) et Comme la trace de l'oiseau dans l'air (1999). Membre de l'Académie française (1996).

Bianconi (Piero)

Écrivain suisse de langue italienne (Minusio 1899 – id. 1984).

Maître de la Kunstprosa, ce genre qu'on peut comparer au « feuilleton » viennois des années 1920, il affiche une prédilection typiquement tessinoise pour le folklore de la mort. L'écriture de Bianconi est éminemment « sociable » : le lecteur est constamment sollicité parce que chaque thème, même le plus ambitieux, est avant tout prétexte à la conversation. C'est là à la fois sa force et ses limites. Après Croix et rascane (1943), le Cheval Léopold (1951), Gouttes sur les fils (1963), Bianconi a donné, à 70 ans, son œuvre majeure : une chronique familiale, Arbre généalogique (1969), dont la sobriété a désormais triomphé de sa tendance à la préciosité.

Bibbiena (Bernardo Dovizi, dit le)

Écrivain italien (Bibbiena, près d'Arezzo, 1470 – Rome 1520).

Diplomate et cardinal, il est l'auteur de La Calandria, comédie en prose mise en scène par Castiglione en 1513 à la cour d'Urbin. Le personnage de Calandro ainsi que nombre de répliques et de situations sont empruntés à Boccace.

Bibesco (Marthe Lahovary, princesse)

Femme de lettres française, d'origine roumaine (Bucarest 1888 – Paris 1973).

Elle a évoqué ses voyages (Huit Paradis, 1908), les survivances aristocratiques dans l'Europe de l'entre-deux-guerres (le Perroquet vert, 1924 ; la Nymphe Europe, 1960), les figures littéraires qu'elle a côtoyées : Au bal avec Marcel Proust (1929), Échanges avec Paul Claudel (1971), Vie d'une amitié (1951-1957) sur l'abbé Mugnier, et publié des biographies romancées (Alexandre asiatique, 1912).

Bible

Le mot bible vient d'un mot grec au pluriel, ta biblia, « les livres ». Écrits saints des juifs et des chrétiens, c'est une collection de livres regroupés en deux grands ensembles : l'Ancien et le Nouveau Testament, selon la terminologie chrétienne. La Bible est commune aux juifs et aux chrétiens, mais avec quelques différences. Les juifs, suivis par les protestants, reconnaissent seulement les livres écrits en hébreu. Les catholiques en ajoutent quelques autres écrits en grec (voir livres Deutérocanoniques). Les juifs désignent leur Bible du sigle de TaNaKh, formé des consonnes initiales des mots hébreux Torah, l'enseignement de Moïse ou Pentateuque, Nebiim, les Prophètes, Ketoubim, les Écrits ou Hagiographes. La coutume non seulement hébraïque, mais également assyro-babylonienne, de citer un ouvrage par l'incipit a été adoptée pour les livres du Pentateuque. Le titre qui provient de la traduction de la Bible en grec désigne l'événement dominant du livre auquel il s'applique. La Genèse décrit la création du monde et rapporte l'histoire primitive du peuple d'Israël. L'Exode est le récit de la sortie d'Égypte. Le Lévitique contient les règles rituelles du culte hébraïque. Les Nombres racontent le séjour du désert et les dénombrements qui y furent pratiqués. Le Deutéronome ou (« seconde loi » en grec) est une répétition de la Loi.

   La tradition juive distingue entre Prophètes antérieurs qui correspondent à ce que nous appelons communément les Livres historiques (Josué, Juges, Samuel, Rois) et Prophètes postérieurs (Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et les douze petits prophètes). C'est l'histoire d'Israël depuis l'installation au Pays de Canaan jusqu'à la chute de Jérusalem en 587 av. J.-C. qui est retracée dans les Prophètes antérieurs. Les rédacteurs qui ont compilé ces livres étaient soucieux d'offrir une interprétation théologique des événements historiques. Ils portent sur les événements qu'ils racontent un jugement inspiré par des principes qui leur sont communs avec les prophètes proprement dits. La série des Prophètes antérieurs a probablement été compilée peu de temps après la publication du Deutéronome par des auteurs appartenant à l'école religieuse d'où ce livre émane lui-même. Les livres des Prophètes postérieurs contiennent les oracles de certains des prophètes que mentionne la Bible. On les appelle « prophètes écrivains », par opposition à ceux dont aucun texte ne nous a été conservé.

   Les Écrits sacrés, ou Hagiographes (Ketoubim), forment la dernière partie de la Bible hébraïque. Ils comprennent les trois livres poétiques (Psaumes, le Livre de Job, le Livre des proverbes), les Cinq Rouleaux, recueil de prières liturgiques pour cinq grandes fêtes (le Cantique des cantiques, Ruth, Lamentations, Ecclésiaste, Esther), ainsi que le Livre de Daniel, le canon juif se clôt sur les livres d'Esdras, de Néhémie et des Chroniques.

   L'ensemble de la Bible hébraïque est rédigé en hébreu et quelques passages en araméen. Pour que l'on puisse se retrouver plus facilement dans la Bible, Étienne Langton eut l'idée, en 1226, de diviser chaque livre en chapitres numérotés. L'imprimeur Robert Estienne, au cours d'un voyage en diligence de Lyon à Paris en 1561, numérota presque chaque phrase de ces chapitres : c'est la division en versets. Ce découpage en chapitres et en versets ne correspond pas toujours au sens du texte. La Traduction œcuménique de la Bible (T.O.B.) a retenu le classement des livres selon le canon de la Bible hébraïque en ajoutant, en finale, les livres qui ne sont reconnus que par les catholiques.

   Fondement des cultures juive et chrétienne, la Bible fut non seulement un guide de vie, mais un modèle pour l'expression de la pensée (c'est le rôle qu'elle joue notamment dans la culture monastique médiévale et dont l'exemple achevé se trouve chez saint Bernard). La Bible, en partie ou en entier, n'a jamais cessé d'être traduite. Pour beaucoup d'aires culturelles et linguistiques, cette traduction a souvent exercé une influence déterminante sur l'évolution de la langue écrite. Les textes bibliques ont ainsi profondément marqué l'histoire, la littérature et la culture de l'Occident.