Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Rojas (Fernando de)

Écrivain espagnol (La Puebla de Montalbán v. 1475 – Talavera de la Reina 1541).

Il est l'auteur présumé de la célèbre Tragi-comédie de Calixte et Mélibée (1499), plus connue sous le nom de la Célestine, première source importante du théâtre espagnol du Siècle d'or. Un jeune homme passionné, une jeune fille ignorante, un valet intrigant et corrompu, une entremetteuse (Célestine), des filles de joie et leurs galants équivoques, tels sont les personnages de cette œuvre qui est une sorte de roman dialogué destiné à la lecture à haute voix, dont le sujet s'inspire sans doute d'un dialogue en vers élégiaques latins, le Pamphilus, très connu depuis le XIIe s.

Rojas (Ricardo)

Écrivain argentin (Tucumán 1882 – Buenos Aires 1957).

Poète influencé par Victor Hugo (la Victoire de l'homme), ou de tendance moderniste (les Lys du blason, 1911), romancier (le Pays de la forêt, 1907), auteur dramatique (Ollantay, 1939 ; la Salamanca, 1943), il établit sa notoriété par son œuvre de critique littéraire (Eurindia, 1924 ; Histoire de la littérature argentine, 1948-1949) et d'essayiste (la Restauration nationale, 1909 ; le Caractère argentin, 1916), où il propose une réflexion sur l'identité argentine.

Rojas Villandrando (Agustín de)

Écrivain espagnol (Madrid 1572 – Parades de Nava 1635).

Son œuvre, essentiellement centrée sur le théâtre, comprend des drames (El natural desdichado) et une narration (le Plaisant Voyage, 1603), suite de dialogues entre l'auteur et des comédiens, source précieuse de renseignements sur la vie du théâtre aux XVIe et XVIIe s. L'ouvrage est émaillé de loas (louanges), genre dont l'auteur était un des spécialistes réputés.

Rojas Zorrilla (Francisco de)

Poète dramatique espagnol (Tolède 1607 – Madrid 1648).

Gravitant dans l'orbite de Calderón, il a écrit quelque 36 comedias (23 éditées dans deux recueils, 1640-1645) : des tragédies dont Hormis le roi, personne, un des chefs-d'œuvre du théâtre espagnol sur le thème de l'honneur, et une dizaine de comédies (Aux innocents les mains pleines, Ce que sont les femmes, Obligés et offensés). Très imité par ses compatriotes, Rojas le fut également en France par Thomas Corneille, Scarron, Rotrou et Lesage (Gil Blas, IV, 4).

Roland (Jeanne-Marie ou Manon Phlipon, Mme)

Écrivain français (Paris 1754 – id. 1793).

Fille d'un graveur parisien, elle s'enthousiasma pour les idées nouvelles et communia avec son mari Roland de La Platière (1734-1793) dans un même amour de la littérature et de la philosophie. C'est à elle qu'il adressa ses Lettres écrites de Suisse, d'Italie, de Sicile et de Malte (1780). Elle collabora aux recherches économiques de son mari et assura sa carrière par les relations qu'elle noua en son salon de la rue Guénégaud. Elle fut arrêtée avec les Girondins en 1793 et rédigea ses Mémoires avant de mourir sur l'échafaud. Publiés en 1795 sous le titre d'Appel à l'impartiale postérité dans une version abrégée, ils sont connus intégralement en 1864, accompagnés d'une œuvre de jeunesse, le Discours sur une question proposée par l'Académie de Besançon : « Comment l'éducation des femmes pourrait contribuer à rendre les hommes meilleurs ? »

Roland Holst (Adriaan)

Écrivain hollandais (Amsterdam 1888 – Bergen, Hollande-Septentrionale, 1976).

Neveu de Henriëtte Roland Holst-Van der Schalk, formé à l'école anglaise du socialisme morrissien et de la Renaissance irlandaise, il en garde le goût des légendes millénaires qui alimentent sa nostalgie des temps les plus reculés. Celle-ci s'exprime dans une poésie symboliste et visionnaire, aux accents prophétiques, qui, avec le temps, privilégiera la mort comme thème de réflexion.

Rolin (Dominique)

Femme de lettres belge de langue française (Bruxelles, 1913).

C'est de sa propre vie que cette bibliothécaire bruxelloise, quittant définitivement la Belgique pour Paris en 1946, tissera son œuvre, gigantesque recomposition-reconstitution d'une trame toujours reprise au fil d'une mémoire inépuisable (« Être jusqu'au bout un corps-stylo faucheur de rythme »). Dès 1942, les Marais transposent dans un espace-temps à la fois ironique et cruel le drame familial, la déchirure des parents. Jusqu'aux Deux Sœurs (1946), les variations du « roman originel » gardent un caractère romantico– exotique. Une seconde phase, plus sobre et réaliste, s'instaure avec l'arrivée en France. Le Souffle (1952) obtient le prix Femina. En 1960, le Lit évoque l'agonie du mari. Ce livre-charnière, où la mort donne l'impulsion suscitant l'écriture, inaugure une phase nouvelle de sa forme littéraire. Celle-ci va être marquée par les conceptions et techniques du Nouveau Roman et de Tel Quel. En même temps, D. Rolin rencontre l'homme de sa vie (qui finira par prendre le nom de « Jim » dans son œuvre). À partir de 1962, elle entreprend une « série implacable » de romans, se faisant de plus en plus franchement autobiographique et trouvant son style propre. L'Infini chez soi (1980), qui explore le roman familial de l'avant-naître, puis le Gâteau des morts (1982) et la Voyageuse (1984), qui plongent au contraire vers sa mort anticipée et l'outre-tombe, inscrivent enfin son nom et celui des siens dans le corps même du texte. Trente Ans d'amour fou (1988) et Journal amoureux (2000) enrichissent cette fresque inlassable de derniers aveux, sérénité enfin conquise.

Rolin (Olivier)

Romancier français (Boulogne-sur-Mer 1947).

« La littérature ne peut vivre que si on lui assigne des objectifs démesurés, voire impossibles à atteindre » : cette citation de Calvino, il en a fait sa profession de foi. Avec Phénomène futur (1983), son œuvre marque d'emblée l'obsession du temps, qu'on retrouve notamment dans l'Invention du monde (1993), où l'ampleur du simultanéisme renoue avec le fantasme du livre somme : restituer, à partir de 500 quotidiens internationaux, l'actualité d'un même jour à travers la planète. C'est dire que l'inspiration de cet ex-soixante-huitard (se racontant dans Tigre en papier, 2002), traducteur de Mendoza et de Castro Caycedo, n'est pas séparable d'un certain cosmopolitisme (En Russie, 1987 ; Sept Villes, 1988). L'imaginaire géographique (Mon galurin gris, 1997 ; Paysages originels, 1999) nourrit le sentiment d'exil, de l'onirisme de Bar des flots noirs (1987) à la Langue, suivi de Mal placé, déplacé (2000), en passant par les épaves de Port-Soudan (1994) et les vanités archéologiques de Méroé (1998).