Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
V

Vélez de Guevara (Luis)

Écrivain espagnol (Écija 1579 – Madrid 1644).

Dans ses pièces, perdues pour la plupart, il se révèle un disciple de Lope de Vega par le choix des sujets, mais sa technique l'apparente plutôt à Calderón (la Lune de la Sierra, la Montagnarde de la Vera, Régner après la mort). Guevara est surtout célèbre pour son roman satirique le Diable boiteux (1641), que Lesage imita en 1707 puis, dans une édition augmentée, en 1726.

Velho Da Costa (Maria)

Femme de lettres portugaise (Lisbonne 1938).

S'exprimant sur la condition de la femme dans la société moderne (le Lieu commun, 1966 ; Maisons grises, 1977), elle entreprend une déstructuration de l'écriture (Désécrits, 1973).

Velickov (Konstantin)

Écrivain bulgare (Pazardjik 1855 – Grenoble 1907).

Il participa activement aux luttes d'indépendance contre l'Empire ottoman, émigra en Italie (1886-1891) et fut ministre de l'Éducation. Auteur de drames, d'essais et de récits de voyages (Lettres de Rome, 1895), il composa d'élégants sonnets romantiques (Sonnets de Constantinople, 1899) et livra un émouvant témoignage sur les souffrances endurées par les révolutionnaires bulgares dans les prisons turques (En prison, 1899). Éditeur avec Ivan Vazov d'une chrestomathie bulgare (1884), il traduisit l'Enfer de Dante (1906).

Velleius Paterculus

Historien latin (vers 19 av. J.-C. – v. 31 apr. J.-C.).

Légat de Tibère en Germanie et en Pannonie, puis préteur (15 apr. J.-C.), il écrivit une Histoire romaine en deux livres, qui vont des origines de Rome à l'année 30 apr. J.-C. Cette œuvre, qui relate de façon vivante les principaux épisodes de l'expansion romaine, est cependant faussée par la partialité complaisante dont Velleius Paterculus fait preuve à l'égard de Tibère.

Venaille (François, dit Franck)

Écrivain français (Paris 1936).

Créateur des revues Chorus (1968-1974) et Monsieur Bloom (1978-1981), il se définit comme poète « communiste et désespéré » et cultive un romantisme de l'angoisse : « On écrit pour répondre au malheur et ce même malheur, inlassablement, fournit de nouvelles raisons d'écrire. » Sa poésie, qui retient quelque chose du rythme du jazz et du déroulement cinématographique, rompt progressivement avec le militantisme tout en restant ancrée dans la réalité urbaine et hantée par l'obsession du sexe et de la mort (Pourquoi tu pleures, dis pourquoi tu pleures ? Parce que le ciel est bleu, parce que le ciel est bleu, 1972 ; Caballero Hôtel, 1974 ; Construction d'une image, 1977 ; Noire Barricademplein, 1977 ; Jack-to-Jack, 1981 ; la Tentation de la sainteté, 1985 ; Cavalier / Cheval, 1986). Il publie son autoanthologie en 1998, Capitaine de l'angoisse animale, et est également l'auteur d'essais sur Umberto Saba (1989) et Pierre Mohange (1992).

Venance Fortunat (saint)

Poète latin (Trévise v. 530 – Poitiers apr. 600).

Lors d'un pèlerinage en Gaule, il s'établit à Poitiers, dont il devint l'évêque en 597. Outre plusieurs hagiographies en prose, il écrivit une Vie de saint Martin en hexamètres, composa des hymnes adoptées par l'Église catholique et publia 12 livres de poèmes sur des thèmes tant profanes que chrétiens. Béatifié sous le nom de saint Venance, il est considéré comme le dernier poète de l'Antiquité.

Venclova (Antanas Tomasevitch)

Écrivain lituanien (Trempiniai 1906 – Vilnius 1971).

Auteur de vers expressionnistes (les Rues au crépuscule, 1926), il anima la revue démocratique Troisième Front (1930-1931) et publia des récits d'inspiration antifasciste (Amitié, 1936 ; la Nuit, 1939). Après la réunification, qui lui inspira un roman rétrospectif (Anniversaire, 1959), il composa des vers patriotiques, et salua la métamorphose de la Lituanie (Lutter, brûler, oser !, 1953 ; l'Étoile du soir, 1971). Il laisse une autobiographie : En quête de ma jeunesse (1964-1969).

Venézis (Ilías)

Écrivain grec (Aïvali, Anatolie, 1904 – Athènes 1973).

Il a consacré une trilogie romanesque au drame des réfugiés d'Asie Mineure : Matricule 31.328 (1931), sur la captivité, Sérénité (1939), sur la vie des réfugiés, et Terre éolienne (1943), sur les années d'enfance en Asie Mineure.

Venezuela

Parmi les écrivains de la période coloniale, on retiendra Juan Castellanos, Fray Pedro de Aguado et Fray Pedro Simón, José de Oviedo y Baños. Au temps des luttes émancipatrices, Francisco de Miranda, Simón Rodríguez et Simón Bolívar contribuent à répandre la pensée révolutionnaire, cependant qu'Andrés Bello exerce une influence qui déborde largement les frontières de sa patrie. La génération de l'indépendance (1845) est représentée par des écrivains souvent préoccupés de politique ou de pédagogie : ainsi Fermín Toro, Rafael María Baralt, Juan Vicente González, Cecilio Acosta. L'époque romantique est marquée par les poètes José Antonio Maitín et Abigail Lozano, José Ramón Yepes et, surtout, Juan Antonio Pérez Bonalde, dont l'œuvre, aux accents élégiaques, annonce déjà le modernisme. L'amour de la terre natale anime le poète Francisco Lazo Martí, chantre des llanos, ainsi que de nombreux narrateurs qui s'inspirent des paysages, des coutumes ou de l'histoire du Venezuela (Arístides Rojas, Francisco de Salas Pérez, Nicanor Bolet Peraza, Tulio Febres Cordero, Gonzalo Picón Febres). Le roman s'ouvre à la critique sociale avec Eduardo Blanco (Zárate), Manuel Vicente Romero García et son roman naturaliste Peonía (1890), Miguel Eduardo Pardo (Tout un peuple).

   À la fin du XIXe siècle, apparaissent deux revues rassemblant autour d'elles la nouvelle génération d'écrivains : El Cojo ilustrado et Cosmópolis, tribune du modernisme dont un des maîtres, Rufino Blanco Fombona, est célèbre pour ses romans, dans lesquels il fustige les mœurs de son temps. Manuel Díaz Rodríguez (Idoles brisées et Sang patricien) est le grand romancier du mouvement, suivi par Pedro Emilio Coll, Pedro Cesar Dominici et Luis Manuel Urbaneja Achelpohl (Dans ce pays). Citons également, parmi les romanciers, José Rafael Pocaterra (Vies obscures), Teresa de la Parra et, surtout, Rómulo Gallegos, écrivain auquel son chef-d'œuvre Doña Bárbara (1929) confère une audience internationale. Dans le domaine de l'essai, José Gil Fortoul se révèle un remarquable historien.

   Un renouveau lyrique s'amorce avec la « génération de 1918 », représentée principalement par Enrique Planchart, Andrés Eloy Blanco, Fernando Paz Castillo, Jacinto Fombona Pachano et Pedro Sotillo. Après le succès d'Âpre (1925) d'Antonio Arraiz, dans les milieux d'avant-garde de la « génération de 1928 », la poésie s'ouvre davantage aux tendances nouvelles avec le groupe qui se forme en 1936 autour de la revue Viernes, et qu'illustrent notamment Ángel Miguel Queremel, Pablo Rojas Guardía, Otto de Sola et Vicente Gerbasi. À l'écart de ce groupe, Manuel Felipe Rugeles et Alberto Arvelo Torrealba célèbrent le terroir.

   À la même époque s'affirment deux essayistes de tout premier plan : Mariano Picón Salas et Arturo Uslar Pietri. La production romanesque a alors pour thèmes essentiels la peinture de la vie populaire et l'évocation des problèmes sociaux, avec Antonio Arraiz, Lucila Palacios, Ramón Díaz Sánchez, Julián Patrón, Guillermo Meneses, José Fabbiani Ruiz et, surtout, Miguel Otero Silva, qui donne une vision lucide et brutale de la réalité nationale.

   À partir de 1940 se manifeste, en poésie, un souci d'universalité lié à un retour aux formes traditionnelles, avec Juan Liscano et les poètes du groupe Contrapunto. La poésie féminine est particulièrement florissante avec Luz Machado de Arno, Ida Gramcko et Jean Aristiguieta. À leur suite apparaissent Rafael Cárdenas, Alfredo Silva Estrada et, rassemblés autour de la revue Sardio, Luis García Morales, Guillermo Sucre, Ramón Palomares.

   Dans le domaine de la prose, la nouvelle génération est surtout représentée par des nouvellistes qui mêlent souvent à la description de la réalité quotidienne une inspiration lyrique ou fantastique (Oscar Guaramato, Antonio Márquez Salas, Hector Mujica, Oswaldo Trejo). Les problèmes humains nés des transformations brutales qu'a subies la capitale inspirent le romancier Salvador Garmendia, tandis qu'Adriano González León se fait le peintre de la violence urbaine et que Gustavo Luis Carrera aborde les thèmes sociaux dans ses nouvelles. Se montrent avant tout soucieux de renouveler le langage romanesque Luis Britto García, dans son ambitieux roman Abrapalabra, Dad David Alizo et Francisco Massiani. On citera également un essayiste de talent, Carlos Rangel. Au théâtre, la tendance sociale domine (Román Chalbaud, Isaac Chocrón).