Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
E

États-Unis (suite)

Les États-Unis connurent ainsi une nouvelle phase de croissance remarquable durant les années 1920, le secteur automobile jouant un rôle particulièrement entraînant : en 1910, 500 000 voitures avaient déjà été vendues, mais la production annuelle atteignit 1 million de véhicules en 1915 et 2 millions en 1920, Ford et General Motors se partageant le marché. La confiance dans l'avenir poussa des millions d'Américains à acheter des valeurs boursières, dont les cours ne cessaient de monter.

Mais le réveil fut brutal. En octobre 1929, la crise éclata : 30 millions de titres furent vendus en une semaine, les porteurs étant subitement devenus pessimistes. En un mois, l'indice moyen du cours des actions passa de 469 à 220, ce qui représentait une perte de l'ordre de 30 milliards de dollars pour l'ensemble des actionnaires. Ces baisses brutales provoquèrent des retraits bancaires massifs, entraînant la faillite de nombreuses banques et une contraction brutale des crédits. La demande globale chuta, les prix et les profits diminuèrent, entraînant la baisse des investissements et de l'emploi : la crise se généralisa à toute l'économie.

La situation commença à se rétablir en 1933, à la suite de la dévaluation du dollar, qui relança les exportations, et du New Deal mis en œuvre par le nouveau président Franklin Roosevelt, consistant à relancer l'activité par une politique de dépenses publiques et de grands travaux. Toutefois, en 1939, les États-Unis n'avaient toujours pas retrouvé leur niveau de production de 1929 et le chômage n'était pas résorbé.

Le second xxe siècle

Après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis étaient devenus une superpuissance économique et militaire s'engageant dans la course aux armements et dans la conquête de l'espace, qui constituèrent deux puissants moteurs du développement économique. La nouvelle révolution industrielle de l'ordinateur et de l'électronique de la fin du xxe siècle n'aurait sans doute pas eu lieu sans cela. D'autre part, la concurrence avec les pays communistes obligea les gouvernants à soutenir l'activité et l'emploi.

La croissance fut donc forte durant les Trente Glorieuses (période 1945-1974), le taux d'inflation resta faible (environ 2 % par an en moyenne de 1960 à 1968, 5 % de 1968 à 1973) et les échanges extérieurs dégageaient un solde commercial positif. Par contre, les Américains plaçaient leurs capitaux dans le reste du monde.

Mais, au milieu des années 1970, une situation nouvelle apparut : ayant rompu avec la convertibilité en or du dollar en 1971, les Américains purent créer davantage de dollars (acceptés dans le monde comme monnaie de réserve et servant à régler une grande partie des échanges internationaux) et financer ainsi des importations plus élevées que leurs exportations. De plus, les dépenses de l'État fédéral excédaient les recettes, pour financer la guerre du Viêt Nam d'abord, puis pour relancer la machine économique après la récession de 1975.

Cela provoqua donc des « déficits jumeaux » (commercial et budgétaire), s'amplifiant encore avec l'arrivée au pouvoir de Ronald Reagan en 1980. Celui-ci réduisit en effet les prélèvements fiscaux (sur les entreprises et sur les ménages) dans l'espoir de stimuler l'initiative individuelle. Mais, comme parallèlement les dépenses de l'État ne se réduisaient pas, le déficit budgétaire se creusa, et cette relance par la demande accrut les importations et le déficit extérieur : le déficit de la balance commerciale, égal à 28 milliards de dollars en 1981, atteignit 160 milliards en 1987. Des mesures rigoureuses furent alors prises pour réduire les dépenses, tandis que la reprise de la croissance durant les années 1990 dégageait progressivement un surcroît de recettes budgétaires. Ainsi, en 1997, le budget fédéral était excédentaire et il représentait en 1998 1,7 % du PIB.

La déréglementation

A la fin des années 1970, les responsables de la politique économique américaine s'engagèrent dans la voie d'un désengagement accru de l'État, préconisé par les défenseurs du libéralisme économique intégral. Cette politique fut amplifiée quand Ronald Reagan accéda à la Maison-Blanche en 1981.

Elle consista à supprimer les réglementations publiques concernant l'activité de secteurs comme l'aviation civile, le fret aérien, l'exploitation du gaz naturel (dès 1977), les transports routiers, la télévision par câble, les normes antipollution dans l'automobile, le pétrole, la banque, etc. Dans ce dernier secteur, les établissements bancaires purent alors se livrer à toutes les innovations possibles, même les plus risquées pour l'époque, comme effectuer des opérations ne relevant pas de leur spécialisation.

Tout cela permit une concurrence plus vive, entraînant des gains de productivité, des baisses de prix et de vastes restructurations d'entreprises. Mais il s'ensuivit également des créations d'ententes anticoncurrentielles, la baisse globale des salaires, la fermeture de nombreux services, notamment dans le transport, peu rentables mais utiles au public, et des difficultés bancaires. L'État dut même intervenir pour éviter la faillite de plusieurs caisses d'épargne et réintroduire certaines réglementations, en particulier dans le secteur bancaire, pour interdire des pratiques trop risquées.

La pauvreté aux États-Unis

Aux États-Unis, 35 millions de personnes (13 % de la population) vivent en dessous du seuil de pauvreté (revenu annuel de 8 183 dollars pour un individu isolé, égal à trois fois le coût de la ration alimentaire de survie). On compte également près de 3 millions de sans-logis et les écarts de revenus augmentent : les revenus moyens (après impôts) du cinquième le plus pauvre de la population américaine sont de l'ordre de 9 000 dollars en 1999, contre 10 000 dollars en 1977, alors que 2,7 millions de personnes (1 % de la population) ont un revenu total égal à celui des 100 millions d'Américains les plus pauvres (38 % de la population).

Cependant, ces données ne tiennent pas compte des prestations en nature, du travail au noir, des transferts familiaux, ni du patrimoine accumulé : 40 % des « pauvres » seraient propriétaires de leur logement, et beaucoup disposeraient des principaux éléments du confort domestique.