Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Métier

Activité professionnelle clairement identifiée et reconnue, notamment par la formation qui permet de l'exercer. Ce terme est également utilisé pour désigner les diverses activités (les « métiers ») d'une entreprise ou des sociétés appartenant à un même groupe.

Certains métiers ne sont exercés qu'à l'intérieur d'une branche professionnelle distincte (celui de maçon, dans le bâtiment, ou de journaliste, dans la presse), d'autres (celui de chauffeur ou d'informaticien, par exemple) peuvent se rencontrer dans de multiples secteurs.

Un réservoir d'emplois

De 1983 à 1998, les créations d'emplois ventilées par métiers donnent des résultats contrastés. Globalement, 48 familles professionnelles représentant 57 % de l'emploi total (salarié et non-salarié) ont vu leurs effectifs croître de 3 275 000, soit une croissance de 27 %. À l'inverse, 35 familles professionnelles ont perdu 2 440 000 postes (– 26 %), qui se situaient plutôt dans l'industrie, l'agriculture ou la construction et correspondaient à des emplois d'ouvriers non qualifiés et même qualifiés. En tête du classement positif, la tendance est favorable aux emplois de cadres (14 familles en croissance moyenne de 34 %, soit 956 000 créations) et aux métiers qualifiés du tertiaire. Mais il y a aussi quelques grosses surprises. En volume comme parfois en pourcentage, les assistantes maternelles, les aides-soignantes, les agents d'entretien et les cuisiniers dépassent ou rivalisent avec les informaticiens, les formateurs et recruteurs, les professionnels de l'action socioculturelle et sportive, les cadres administratifs, comptables et financiers et les enseignants.

Les métiers recouvrent des professions extrêmement diverses. Sans prétendre à l'exhaustivité, les guides spécialisés en recensent couramment plus de trois cents. La nomenclature des « Professions et catégories socioprofessionnelles » de l'INSEE répartit les emplois en distinguant tout d'abord six grandes catégories : agriculteurs exploitants, artisans-commerçants-chefs d'entreprise, cadres et professions intellectuelles supérieures, professions intermédiaires, employés et ouvriers. Ces grands groupes sont ensuite éclatés en de multiples postes. Difficiles à répertorier, les métiers ont également un caractère très évolutif. Sous l'effet des nouvelles technologies, certains d'entre eux disparaissent progressivement (les caristes, qui alimentent en pièces les lignes de montage dans les usines automobiles, par exemple) alors que d'autres émergent pour répondre à de nouveaux besoins (les techniciens chargés des télécommunications).

J.-M. N.

➙ Cadre, employé, ouvrier

Microéconomie

Branche de la science économique étudiant les comportements individuels des agents économiques.

On considère que chaque agent agit au mieux de ses intérêts, compte tenu des contraintes qui s'imposent à lui, comme le fait de ne pas dépenser plus qu'il ne gagne, le fait de ne pas travailler plus que la durée maximale du travail, le fait de payer tel impôt selon telle règle, etc. On en déduit des relations mathématiques qui traduisent les comportements des différents agents.

D'autres relations expriment davantage la nature institutionnelle de l'économie que l'on cherche à étudier. Par exemple, s'il s'agit d'une économie de marché, on écrira que l'offre et la demande globale de chaque bien sont égales, que le gouvernement peut ou non financer ses dépenses en empruntant et à quel taux, etc.

Le modèle qui résulte de toutes ces équations comporte en général des paramètres dont les valeurs sont considérées comme données. Fondamentalement, la microéconomie considère trois données : les valeurs des « dotations initiales » (il existe tant de surface cultivable) ; les goûts des individus (untel aime les pommes et pas l'autre) ; et les techniques de production (on sait produire tant de pommes avec tant d'hectares et tant de travail).

Une étude pratique de l'économie qui ne se confond pas avec l'économie de l'entreprise

Les autres variables sont en principe calculables en résolvant le modèle. En général, il ne s'agit pas de résolution au sens numérique mais d'études qualitatives, montrant par exemple que tel prix augmenterait si tel impôt était établi, que le bien-être général en serait néanmoins augmenté, etc.

La microéconomie peut ainsi démontrer que les assurances automobiles sont plus efficaces quand elles proposent des systèmes de bonus-malus, et elle peut en préciser les valeurs ; elle peut calculer les valeurs normales des différents actifs financiers et les comparer aux valeurs effectives pour en prévoir l'évolution ; elle peut établir quel système de régulation il conviendrait d'instaurer pour les industries des télécommunications ainsi que les principes de tarification.

La microéconomie ne se confond donc pas avec l'économie de l'entreprise, qui relève davantage des sciences de la gestion (comptabilité, marketing, gestion financière...) et de la recherche opérationnelle (choix des investissements, détermination des procédés optimaux...).

La microéconomie n'est pas la seule approche économique possible, essentiellement parce que ses modèles mathématiques s'avèrent trop complexes et que certains problèmes se laissent mal ramener à quelques équations simples.

F. E.

➙ Comportement, mathématiques, modèle

Mill (John Stuart)

Dernier grand économiste classique anglais (1806-1873).

Formé aux sciences sociales par son père, disciple de Ricardo et de Bentham, il se fait d'abord connaître par un Système de logique (1843) dans lequel il propose pour la première fois de concevoir l'économie politique comme la science qui s'occupe des comportements rationnels orientés vers la richesse. Influencé par A. Comte et les saint-simoniens, il explique dans ses Principes d'économie politique (1848), le dernier grand ouvrage de l'école classique, que les lois de la production sont comparables à celles des sciences de la nature, alors que les lois de la répartition ne peuvent atteindre cet idéal car elles dépendent des institutions (État, entreprises, syndicats) dont se dotent les sociétés. Finalement, dans les années 1860, Mill défend le rôle de la liberté politique dans une série d'essais (On Liberty, On Representative Governments) devenus, depuis, des classiques de la pensée politique

P. S.

➙ École classique, répartition