Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
P

Prestations sociales (suite)

Les prestations sociales sont conçues pour protéger la population de « risques » tels que la maladie, le chômage, la vieillesse, l'invalidité.Les allocations familiales en font également partie. L'usage tend à inclure dans les prestations sociales les aides au logement, à la garde d'enfants ou de personnes âgées, voire le revenu minimum d'insertion (RMI). Le terme devient alors synonyme de transferts

S. G.

➙ Protection sociale, transferts sociaux

Prévision économique

Ensemble d'études mettant en œuvre les théories économiques, les données statistiques, des sondages, les modèles économétriques, les conditions extra-économiques (climat, politique…) afin de prévoir à court (moins de deux ans),à moyen ou à long (plus de cinq ans) terme les évolutions macro-ou microéconomiques

« Il n'y a de sciences que là où existent des régularités susceptibles d'être analysées et d'être prédites » (M. Allais, prix Nobel de sciences économiques en 1989).

Face à l'incertitude, les économistes ont toujours cherché à prévoir le futur. Les analyses de conjoncture sont utilisées aussi bien par l'État pour établir le budget que par les entreprises pour déterminer leur niveau d'in- vestissement et de production. Pour Airbus Industrie, par exemple, les prévisions sur le niveau du dollar à 5 ans sont essentielles puisque ses coûts de production sont en euros, alors que les recettes de la vente des avions sont en dollars. Il existe de très nombreux centres de recherche se consacrant à la prévision économique, qui reste un art très difficile : INSEE, OFCE, OCDE..

E. L. H.

➙ Anticipation, conjoncture, cycle économique, INSEE

Privatisation

Opération de transfert d'une partie ou de la totalité du capital d'une entreprise du secteur public au secteur privé. La privatisation apparaît comme l'opération inverse de la nationalisation.

Le mouvement de privatisation débute dans les années 1980 dans les pays anglo-saxons, notamment en Grande-Bretagne avec l'arrivée, en 1979, du Premier ministre conservateur Margaret Thatcher. Ce mouvement s'est ensuite élargi à l'ensemble des pays industrialisés. Selon la Banque mondiale, plus de 15 000 entreprises ont été privatisées depuis 1990, dont la majorité dans l'ex-RDA.

La         France         allait        s uivre,       un         peu         plus         tardivement, le      même      mouvement      lors      de      la      nomination      de Jacques Chirac comme Premier ministre en 1986. Celui-ci présente un programme ambitieux de dénationalisation (loi du 6 août 1986) : quatorze groupes sont ainsi privatisés de 1986 à 1988, parmi lesquels Saint-Gobain, Paribas, Havas, la Société générale et TF1. Ce programme est interrompu par le krach boursier de 1987 et surtout par la réélection de François Mitterrand à la tête de l'État en mai 1988. De 1988 à 1992, le processus de privatisation est arrêté, c'est la politique du « ni, ni », c'est-à-dire ni privatisations, ni nationalisations.

Une seconde vague de privatisations intervient lors de l'installation d'Édouard Balladur à Matignon (loi du 19 juillet 1993). Elle concerne sept grands groupes comme la BNP, Rhône-Poulenc, Elf-Aquitaine ou l'UAP, qui quittent le secteur public pour rejoindre le secteur privé. Le processus se poursuit avec Alain Juppé, puis avec Lionel Jospin (France Télécom, Air France, le Crédit Lyonnais).

Une logique libérale de désengagement de l'État

Techniquement, les privatisations se déroulent par cession du capital de l'État, qui prend la forme d'une offre publique de vente (OPV) sur le marché financier. L'offre de titres sur le marché correspond, en général, à 70 % du capital. Quant aux 30 % restants, ils sont cédés à des actionnaires sélectionnés par le ministre de l'Économie et des Finances. Ces derniers constituent ce qu'on appelle un « grou- pement d'actionnaires stables » (GAS), dont la mission consiste à garantir la durabilité de l'actionnariat.

Les opérations de privatisation s'inscrivent dans une perspective libérale. Elles ont pour finalité, avec les stratégies de déréglementation, de désengager l'État vis-à-vis de l'économie. Les privatisations sont nées d'une volonté politique de rompre avec le « social-étatisme », de retrouver la liberté économique et la régulation par les mécanismes du marché. Les privatisations ont également pour objectif d'alléger le poids des déficits permanents de certaines entreprises publiques et de trouver, entre autres, les moyens financiers nécessaires à la réduction de la dette de l'État. Par ailleurs, le traité de Maastricht, défendant les principes de la libre concurrence, impose la disparition des entreprises publiques appartenant au secteur concurrentiel

J.-C. D.

➙ Déréglementation, dette, libéralisme économique, nationalisation

Prix

Quantité de monnaie qu'un agent doit céder pour obtenir une unité d'un bien.

Un prix ainsi défini est un prix absolu ; on lui oppose des prix relatifs, qui sont des rapports des prix de deux biens. Par exemple, supposons que le prix absolu d'une voiture soit actuellement de 10 000 euros et que je gagne 5 000 euros par mois ; dans 10 ans, le prix de cette même voiture sera de 7 000 euros, grâce au progrès technique, et je gagnerai 7 000 euros par mois, grâce à ma compétence grandissante. On dira que le prix relatif de la voiture est passé de 2 (= 10 000/5 000) à 1 (= 7 000/7 000), donc qu'il a diminué de moitié pour moi. Autrement dit, il me faudra travailler deux fois moins de temps pour me l'offrir.

On peut calculer des rapports inverses, en divisant ce que je gagne par la valeur moyenne des prix des produits que je consomme ; on obtiendra un autre prix relatif, appelé salaire réel, qui désigne ce que mon salaire me permet réellement d'acheter (tant de chaussures, de bijoux, de semaines de ski, etc.).

Les prix ne sont jamais tout à fait libres

Le prix d'une chose se détermine soit par le marché, soit de façon politique. Le prix des skis est un prix de marché, il ne dépend que du désir des skieurs de s'en procurer et de l'habileté des fabricants à les fabriquer. Le prix des places à l'Opéra est un prix politique, il dépend un peu du désir des amateurs d'art lyrique et beaucoup de l'intérêt que le ministre de la Culture lui manifeste. Beaucoup de prix sont dans des situations intermédiaires, déterminés en partie par la confrontation des acheteurs et des vendeurs, et en partie par la volonté de l'État de favoriser ou non le produit correspondant. Nul produit ne peut s'abstraire absolument de l'État, ne serait-ce qu'en raison de la fiscalité qui le concerne ; nul ne peut s'abstraire du marché    car    on    ne   pourrait    pas    obliger    des    spectateurs à assister à des représentations d'opéra, même gratuites, contre leur gré.