Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
D

Désinflation

Diminution progressive du taux d'inflation.

La désinflation se distingue de la déflation car elle désigne un mouvement de ralentissement de la hausse des prix, et non de baisse des prix.

Les pays occidentaux ont connu entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990 une désinflation spectaculaire, la France étant l'un de ceux où elle fut le plus marquée. Compris entre 12 et 20 %, selon les pays, autour de 1980, le taux d'inflation baisse progressivement pour descendre en dessous de 3 % quinze ans plus tard.

Cela s'explique par la mise en œuvre de politiques dites de « désinflation compétitive », visant à réduire la croissance des coûts salariaux, à limiter également celle de la masse monétaire et à accepter les contraintes de la concurrence internationale. Mais la baisse des prix des produits énergétiques (dont la double hausse de 1973-1974 et de 1979 avait provoqué une accélération de l'inflation mondiale) a aussi contribué à cette désinflation.

La désinflation en chiffres

Le taux d'inflation, qui était en France de l'ordre de 14 % en 1980-1981, se réduisit de façon régulière dès 1984-1985, pour se stabiliser autour de 3 % au début des années 1990 ; il se réduisit à nouveau et descendit sous les 1 % à la fin de cette deuxième décennie. Il en fut de même en Grande-Bretagne (14,4 % de hausses des prix en 1979-1981, 6 % environ en 1986-1990, moins de 3 % en 1995), en Italie (près de 20 % en 1981, 6,5 % en 1991, moins de 4 % en 1994), aux États-Unis (11,7 % en 1979-1981, 4,3 % en 1981-1985, 2,6 % en 1994)...

La limite d'un processus de désinflation est le taux d'« inflation zéro », considéré comme un objectif souhaitable par beaucoup d'économistes, et devant guider les choix des responsables de la Banque centrale européenne, en charge de l'émission de l'euro. Pourtant, l'histoire économique nous offre une succession de phases d'inflation, de désinflation et de déflation, laissant rarement la place à cet « équilibre des prix »

P. B.

➙ Inflation

Désintermédiation

Caractéristique d'un système financier dans lequel les emprunteurs et les épargnants se détournent des banques et des autres intermédiaires financiers pour gérer leur argent.

La désintermédiation s'oppose à l'intermédiation, c'est-à-dire à une configuration du système financier dans laquelle les banques, les assurances et les organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) servent d'intermédiaires entre les épargnants ayant une capacité de financement et les emprunteurs ayant un besoin de financement. A contrario, lorsque les agents trouvent des financements directs (par exemple, pour une entreprise, en émettant de nouvelles actions sur le marché boursier) ou placent leur épargne sur les marchés financiers, il y a désintermédiation.

Au milieu des années 1980, les taux d'intermédiation de l'économie française ont chuté. Certes, les intermédiaires financiers n'ont pas disparu, mais leur rôle a changé : ils ne se contentent plus de collecter l'épargne et d'octroyer du crédit, ils interviennent aussi sur les marchés financiers (la Bourse) en achetant des titres émis par les entreprises. Plutôt que de désintermédiation, certains auteurs préfèrent qualifier le phénomène de marchéisation ou de mobiliérisation de l'économie

A. L.

➙ Banque

Dette

Résultat d'un emprunt, en nature ou en argent, effectué par un débiteur auprès d'un créancier.

Celui qui contracte une dette s'engage à la rembourser selon des modalités convenues d'avance, notamment le délai et le taux d'intérêt. Payer ses dettes est une obligation morale et juridique – la prison pour dettes a existé en Angleterre jusqu'à une période relativement récente, et encore aujourd'hui, dans certains pays en développement, les pauvres endettés auprès d'un propriétaire ou d'un patron doivent travailler pour lui sans salaire. Certaines cultures – par exemple l'islam – jugent le prêt à intérêt immoral mais, dans le monde financiarisé d'aujourd'hui, on estime que l'intérêt rémunère le fait que le prêteur renonce temporairement à disposer de son argent et le risque qu'il prend de ne pas être remboursé.

Un prêt immobilier contracté par un particulier dans une banque, un bon du Trésor émis par l'État français sur le marché obligataire, un emprunt du Mozambique à la Banque mondiale représentent différentes formes de dettes.

On nomme « dette publique » l'ensemble des emprunts et obligations financiers des États. Le marché des obligations est un marché de la dette. Les États-Unis, avec près de 10 000 milliards de dollars de dette publique, sont l'État le plus endetté du monde en valeur absolue mais non en proportion de leur richesse. Les citoyens américains sont également très endettés – peut-être parce qu'ils peuvent dans les cas limites bénéficier d'une « faillite personnelle » qui les dispense de rembourser.

La dette publique n'est pas inscrite au budget de l'État, seuls le sont les intérêts versés chaque année, qui représentent dans les pays très endettés le poste le plus lourd du budget. Le traité de Maastricht fixe aux États un pourcentage maximal d'endettement (pas plus de 60 % de la production nationale). Avec environ 5 000 milliards de francs de dette publique, la France respectait tout juste, en 1998, ce maximum européen.

Le monde industriel a toujours été capable de rembourser sa dette, en utilisant l'épargne de la population locale, en empruntant sur les marchés nationaux ou internationaux, voire en ayant recours à l'inflation qui réduit la dette en termes réels.

Les États-Unis émettent régulièrement des bons du Trésor américain, réputés stables et sûrs, comme ceux des autres pays du G7. Mais les pays du tiers-monde contraints d'emprunter massivement à l'étranger, ne trouvant pas chez eux suffisamment d'épargnants ou de prêteurs, sont parfois dans l'incapacité de faire face aux remboursements, et doivent demander à leurs créanciers un réaménagement de leur dette

F. L.

➙ Bons du Trésor, Club de Londres, Club de Paris, obligation