Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
P

Politique économique (suite)

À ces objectifs strictement économiques, constitutifs du carré magique, peuvent être ajoutés des objectifs sociaux ou politiques touchant à l'inégalité des revenus et des conditions de vie, à la santé publique ou à l'indépendance nationale.

L'État dispose de différents instruments pour atteindre ces objectifs :

• la politique budgétaire, comprenant à la fois la fiscalité et les dépenses publiques ;

• la politique monétaire et financière, relative au volume et au coût des liquidités et aux structures de financement de l'économie ;

• la politique de taux de change, consistant à choisir un régime de change fixe ou flexible et le cours de la devise ;

• la politique industrielle, agissant sur les structures productives (fusions, concentrations, nationalisations, privatisations) et le développement de filières de production ;

• la politique des revenus, visant la réduction des inégalités dans la croissance des rémunérations ;

• la politique de réglementation, touchant à la concurrence ou à certaines activités spécifiques.

Les mesures de politique économique peuvent varier selon leur envergure, macroéconomique ou sectorielle. Parmi les politiques d'ensemble, on distingue traditionnellement les plans conjoncturels, visant à résorber des déséquilibres de court terme (inflation, chômage, déficit budgétaire), et les mesures structurelles, dont l'effet recherché est plus durable (gestion des biens collectifs, développement industriel, aménagement du territoire, structures de financement). Par ailleurs, les politiques sectorielles visent certaines branches d'activité (aéronautique, agriculture, etc.).

Les débats de politique économique opposent les libéraux, partisans d'une intervention minimale restreinte à la stabilité monétaire et aux règles de la concurrence, et les keynésiens, favorables à une intervention plus directe et permanente de l'État pour lutter contre le chômage. Les libéraux recommandent de plus une pratique de la politique économique dite systématique, devant suivre une règle stricte pour en limiter le caractère déstabilisant, tandis que les keynésiens préfèrent les politiques discrétionnaires, c'est-à-dire modifiables selon les besoins de la conjoncture

P. L.

➙ Ajustement structurel, budget de l'État, colbertisme, conjoncture, contrainte extérieure, déréglementation, désinflation, dirigisme, économie mixte, État providence, finances publiques, (J. M.) Keynes, keynésianisme, monétarisme, (A. de) Montchrestien, New Deal, planification, relance, secteur public, stop-and-go, thatchérisme

Politique industrielle

Ensemble de mesures prises par les pouvoirs publics pour agir sur les structures industrielleset les comportements des entreprises.

La politique industrielle traditionnelle a pour objectif de soutenir l'industrie nationale au travers de mesures spécifiques à un secteur ou à des entreprises. Jusqu'aux années 1980, l'objectif était de soutenir la formation de champions nationaux (entreprises phares d'un pays) dans le contexte d'économies s'ouvrant à la concurrence internationale. En France, l'État a impulsé de grands projets techno-industriels dans le transport aérien, l'espace, le nucléaire, le téléphone, le pétrole, soutenu la concentration dans certaines branches (automobile, banque...) et développé des plans de restructuration dans les filières en crise (textile, machine-outil, bois, construction navale...). Le Japon a développé un réseau très étroit de relations entre les grandes entreprises, les banques et les administrations, sous la houlette du célèbre MITI (ministère du Commerce), tandis que, en Allemagne, les interventions se faisaient surtout au niveau des Länder. Enfin, les États-Unis ont fortement soutenu leur industrie par les commandes publiques liées à la course aux armements et au programme spatial.

La politique industrielle a changé dans les années 1990. D'autres niveaux d'intervention sont appa- rus : infranational avec les régions, supranational avec l'Union européenne, qui a soutenu de grands projets de recherche scientifiques et technologiques. La concentration tend à s'opérer directement par le marché au travers des OPA et des OPE. Enfin, les autorités chargées du respect de la concurrence limitent le pouvoir d'intervention des États. La politique industrielle a dès lors pris de nouvelles formes : la réglementation des activités, le soutien à l'innovation et des politiques scientifique et technologique actives

A. R.

➙ Concentration, filière, industrie, innovation, Japon, OPA

Politique monétaire

Composante de la politique économique utilisant les instruments monétairespour atteindre les objectifs finaux choisis dans le carré magique (emploi, inflation, croissance, échanges extérieurs).

Sous le contrôle direct de la puissance publique, les instruments de la politique monétaire agissent soit sur la quantité de crédits accordés à l'économie (encadrement du crédit, mesures sélectives), soit in- directement sur le coût du crédit (réescompte, réserves obligatoires, intervention sur le marché monétaire). Dans le contexte de libéralisation financière de la fin du xxe siècle, on privilégie les seconds sur les premiers, faisant ainsi appel à une régulation monétaire par les taux d'intérêt plutôt que par le montant de liquidités fournies à l'économie.

Pour mesurer l'efficacité des instruments mis en œuvre et adapter la politique monétaire, on définit des objectifs intermédiaires : niveau et structure des taux d'intérêt, taux de change, progression des agrégats monétaires. Ainsi, la Banque centrale européenne, dont l'objectif est la stabilité des prix, a décidé en novembre 1999 de remonter le taux d'intérêt directeur de 2,5 % à 3 %, jugeant que la croissance de la masse monétaire (5,9 % sur un an) et l'augmentation des taux d'intérêt à long terme témoignaient de tensions inflationnistes.

Les débats sur la politique monétaire concernent d'abord ses objectifs, avec une opposition entre libéraux, donnant la priorité à la lutte contre l'inflation selon les préceptes du monétarisme, et keynésiens, mettant en avant la lutte contre le chômage à travers une baisse des taux d'intérêt. Mais on discute également des canaux de transmission, à la fois pour prévoir l'efficacité des différents instruments disponibles et pour préciser les objectifs assignables à la politique monétaire