Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
S

Science économique (suite)

Cette conception dominante est rejetée par des auteurs d'horizons opposés comme le libéral Hayek ou les économistes marxistes, qui en récusent le scientisme : pour le premier, l'économie serait une discipline qualitative et non quantitative, car elle dépend de la subjectivité humaine et relèverait du domaine spécifique des sciences sociales ; pour les seconds, les phénomènes économiques dépendent du système dans lequel on se situe, et du rapport de force entre les classes sociales.

P. L.

➙ (A. A.) Cournot, école néoclassique, (A. de) Montchrestien, Nobel, (V.) Pareto, politique économique, (J. A.) Schumpeter, (L.) Walras

Scripturale (monnaie)

Ensemble de moyens de paiement autres que les billets de banque et les pièces de monnaie, qui circulent par des jeux d'écriture.

La monnaie scripturale sert de moyen de paiement. Elle peut ainsi consister en un virement inscrit sur un compte bancaire. Le chèque (ou le virement, ou la carte bleue) est l'instrument qui permet de la faire circuler. Ainsi, la monnaie scripturale est un dépôt à vue versé sur un compte d'institution financière (une banque, une caisse d'épargne, un compte chèques postal...). L'expression « à vue » signifie que l'argent est immédiatement disponible

F. L.

➙ Fiduciaire (monnaie), monnaie

Second best

Une situation est dite « de second best » (en français « de second rang ») si elle est obtenue en acceptant une contrainte qui rend impossible un optimum satisfaisant au mieux l'intérêt de chacun.

C'est le cas si je subis des nuisances nocturnes de la part de mon voisin et que je décale mes heures de sommeil, à défaut de convaincre le gêneur que sa vie serait aussi agréable s'il faisait moins de bruit : cela correspondrait à une solution « optimale ».

Cette notion désigne plus généralement dans la théorie néoclassique une situation qui est la meilleure compte tenu de phénomènes (tels les effets externes) faussant les mécanismes de la libre concurrence censés déboucher sur un optimum de premier rang.

P. L.

➙ Optimum, (V.) Pareto, école néoclassique

Secteur

Grande subdivision de l'activité économique. Les secteurs sont eux-mêmes divisés en branches et en sous-branches.

C'est à l'économiste anglais Colin Clark (les Conditions du progrès économique) qu'on doit le découpage désormais classique entre secteurs primaire (activités extractives), secondaire (activités manufacturières) et tertiaire (activités de services). Le sociologue américain Daniel Bell a proposé de définir un secteur quaternaire (commerce et finance) et un secteur quinaire (santé, éducation). Le mot « secteur » est aussi employé par référence au statut juridique de l'activité, secteur public s'opposant à secteur privé et à secteur associatif.

S. G.

➙ Secteur primaire, secteur secondaire, secteur tertiaire

Secteur primaire

Ensemble des activités économiques fondées sur l'exploitation d'une ressource naturelle, avant toute transformation.

La récolte de la gomme d'hévéa, par exemple, est une activité primaire, mais sa transformation en pneus de caoutchouc est une activité secondaire, et la commercialisation des pneus est une activité tertiaire. On classe généralement dans le secteur primaire l'agriculture, l'exploitation minière, la pêche et la sylviculture. Dans les économies traditionnelles, le secteur primaire représente une part prépondérante de la production et emploie l'essentiel de la main-d'œuvre. Ce sont les surplus dégagés par ces activités, dans certaines circonstances historiques, qui rendent possible le développement économique, comme l'explique Colin Clark dans les Conditions du progrès économique (1947). Plus une économie se développe, plus la part du secteur primaire diminue en proportion. Ce qui ne signifie pas qu'il reste en dehors de la modernisation. Dans un pays comme la France, le secteur primaire représente moins de 5 % des emplois, mais, en Grèce, le pourcentage est encore de 20 %.

S. G.

➙ Agriculture, matière première, secteur

Secteur privé

Ensemble des activités, marchandes ou non lucratives, réalisées par des particuliers, des associations ou des sociétés n'appartenant pas à la sphère de l'État.

Le modèle capitaliste libéral qui s'est imposé mondialement depuis une quinzaine d'années repose sur l'initiative privée ; la part de la richesse produite par le secteur privé est désormais majoritaire dans tous les pays. Le secteur privé dispose de plus de libertés que le secteur public, par exemple dans la gestion de ses effectifs, mais il a aussi des obligations de rentabilité et de transparence qui lui sont propres.

S. G.

➙ Capitalisme, privatisation, secteur public

Secteur public

Ensemble des administrations ainsi que des entreprises publiques et parapubliques exerçant des missions d'intérêt général.

Dans certains pays s'y ajoutent des entreprises commerciales possédées par l'État ou d'autres collectivités publiques (par exemple les banques nationalisées). Outre les fonctions « régaliennes » comme la défense, la justice ou le fisc, l'éducation et la santé relèvent généralement du secteur public, au moins partiellement. Dans les économies socialistes de type soviétique, le secteur public est allé jusqu'à représenter pratiquement 100 % de la production ; à l'inverse, dans certains pays très libéraux, ce secteur (pour sa partie entreprises publiques) ne dépasse pas 10 % du PIB (6 % en Grande-Bretagne).

En France, le secteur public au sens large (administration + entreprises publiques) regroupait en 1985 près de 30 % de la population active salariée ; au sens étroit (entreprises publiques seulement), le secteur public, qui est soumis pour sa partie non commerciale à un droit particulier (le droit administratif) et dont les employés sont protégés par un statut avantageux, a représenté jusqu'à 9 % de l'emploi salarié au milieu des années 1980, pour revenir depuis les privatisations des dix dernières années à environ 5,5 % dans les années 1990

S. G.

➙ Fonctionnaire, nationalisation, privatisation, secteur privé

Secteur secondaire

Ensemble des activités économiques visant à transformer des matières premières en produits élaborés.

L'extraction du minerai de bauxite est une activité primaire, mais sa transformation en aluminium brut, puis par exemple en barquettes pour l'alimentation, relève du secteur secondaire, c'est-à-dire de l'industrie. Le secteur secondaire est généralement subdivisé en branches de production (comme la métallurgie), en filières (la filière bois-papier). Histori- quement, le développement économique a coïncidé avec une forte croissance du secteur secondaire, du moins pour les pays qui ont suivi le modèle de la révolution industrielle : Angleterre, France, Allemagne, États-Unis, Russie, Japon, notamment. Dans la phase de grande industrialisation, l'industrie est le secteur le plus dynamique en termes de production de richesses et de croissance des emplois. Mais, dans les phases ultérieures du développement, le secteur secondaire tend à être supplanté par les activités de services, ou secteur tertiaire. Après la Seconde Guerre mondiale, les services creusent l'écart. Aujourd'hui, seuls 18 millions d'Américains sur une population active de 126 millions travaillent dans l'industrie (15 %), alors qu'il y a vingt-cinq ans ils étaient 20 millions sur une population active de 77 millions (26 %). Les effectifs industriels décroissent aussi en France depuis 1975.

S. G.

➙ Filière, industrie, secteur