Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Salaire d'efficience (suite)

Cette théorie est utilisée en macroéconomie pour expliquer comment la concurrence ne conduit pas au niveau de salaire qui assurerait l'équilibre entre offre et demande de travail. Le salaire d'efficience étant supérieur au salaire qui assurerait le plein-emploi, l'offre de travail excède alors la demande des entreprises, réticentes à embaucher à ce taux. D'où résulte le chômage.

P. L.

➙ Contrat, déséquilibre, emploi, marché du travail, qualification, rigidité

Samuelson (Paul Anthony)

Économiste américain (né en 1915), professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT), conseiller du président Kennedy et prix Nobel 1970.

Il est, avec Robert Solow, l'un des principaux artisans de la synthèse néoclassique. Dans le cadre du court terme, il a attribué la responsabilité des cycles économiques à l'« oscillateur » d'investissement, qui combine les effets multiplicateur et accélérateur : l'investissement stimule l'activité économique (effet multiplicateur) ; quand l'activité est soutenue, la demande est forte et stimule l'investissement (effet accélérateur). S'appuyant sur la courbe de Phillips, il a soutenu que la politique économique doit arbitrer entre inflation et chômage. Dans les annés 1970, il a démontré que les économies des pays industrialisés combinaient la libre concurrence et le contrôle étatique.

Il est l'auteur de deux livres importants :

• Foundations of Economic Analysis (1947), qui expose la théorie néoclassique sous sa forme moderne de l'économie mathématique, utilisée aussi pour analyser le commerce international et les biens collectifs ;

• son manuel Economics, qui a été un succès mondial depuis sa parution en 1948, donnant lieu à 15 éditions.

P. L.

➙ (A.) Aftalion, keynésianisme

Santé

L'état de santé de la population n'a cessé de s'améliorer, tout particulièrement au cours du xxe siècle. En 1900, l'espérance de vie moyenne en France était inférieure à cinquante ans ; elle approche aujourd'hui de quatre-vingts ans. Si ces résultats doivent beaucoup à l'amélioration de l'hygiène, de l'alimentation, du logement et des conditions de travail, les progrès de la médecine, conjugués à un effort financier croissant de la collectivité depuis 1945, ont permis de pérenniser ces gains au fil du temps.

La France n'ayant pas de définition officielle de la santé, les experts retiennent celle de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) : « un état complet de bien-être physique, mental et social ». Pour s'approcher de cet idéal, la France dépense près du dixième de sa richesse nationale en soins divers. Ce qui amène à tenter un bilan coûts-avantages.

La France compte 250 000 professionnels de santé libéraux (dont 113 000 médecins libéraux), soit 424 pour 100 000 habitants. Près de 1 million de personnes travaillent dans les hôpitaux. Au total, le secteur de la santé (soins, recherche, industrie pharmaceutique) emploie 1,7 million de personnes (+ 20 % entre 1982 et 1992). Par ailleurs, il existe 500 000 lits d'hospitalisation (chiffres 1998) dans le secteur public et les cliniques, dont la moitié pour des soins de courte durée (médecine, chirurgie, obstétrique).

En 1996, la France a consacré 9,6 % de sa richesse nationale aux dépenses de santé, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Même s'il convient d'être prudent sur les comparaisons internationales, les pays n'ayant pas la même définition des dépenses de santé, la France arrive dans les tout premiers rangs mondiaux, derrière les États-Unis (14,2 %). La moyenne des pays de l'OCDE est de 7,8 %.

Un système en butte à des dysfonction-nements

Les Français ont longtemps cru qu'ils bénéficiaient du « meilleur système de santé au mon-de ». Or, plusieurs rapports récents ont mis en évidence les résultats sanitaires moyens de ce sys-tème : il fonctionne mal, ses coûts échappent à tout véritable contrôle, l'évaluation de la qualité des soins reste balbutiante et de graves inégalités persistent.

Ces inégalités sont d'abord géographiques. L'assurance-maladie dépense pour chaque habitant de l'Île-de-France 43 % de plus que pour chaque habitant du Poitou-Charentes, souligne Élias Coca, auteur de deux enquêtes de réfé- rence sur les Inégalités entre hôpitaux (Berger-Levrault).

L'installation des cabinets médicaux étant totalement libre, il y a 380 médecins pour 100 000 habitants en Île-de-France, alors qu'ils ne sont que 225 en Picardie, selon une étude du secrétariat d'État à la Santé.

Avec 1 064 hôpitaux publics et 3 128 cliniques privées (en 1998), la France dispose d'un des réseaux d'établissements de soins les plus denses du monde. Mais la répartition en lits, en équipements et en personnels est profondément inégalitaire. Si l'on voulait qu'il y ait partout la même densité de chirurgiens, il faudrait en retirer à l'Île-de-France 2 464, soit 43 % de l'effectif, a calculé Élias Coca.

L'état de santé de la population n'est pas le même dans toute la France, alerte régulièrement le Haut Comité de la santé publique : la Bretagne, le Nord-Pas-de-Calais et l'Alsace continuent à accuser une surmortalité relative des hommes de 10 %. La fréquence des cancers de l'estomac est plus grande en Bretagne et en Normandie, celle des cancers du poumon en Corse, et celle du sida, en Île-de-France et en PACA.

Que consomme le Français moyen ?

Selon le rapport 1999 de la commission des comptes de la santé, la consommation médicale totale des Français (soins, biens médicaux, prévention) a atteint 742,7 milliards de francs en 1998, et chaque habitant a dépensé 12 268 francs pour se soigner, qu'il s'agisse des dépenses engagées par les caisses d'assurance-maladie, les mutuelles, l'État ou les ménages eux-mêmes. La consommation de soins hospitaliers en a représenté près de la moitié (5 684 francs par habitant). La médecine de ville a coûté 1 563 francs par habitant ; les dentistes ont représenté 695 francs, les auxiliaires médicaux (kinésithérapeutes, infirmiers…), 616 francs, les laboratoires d'analyses, 274 francs. À elle seule, la consommation de médicaments a atteint 142 milliards de francs (2 346 francs par habitant). Les prothèses optiques et orthopédiques, et les véhicules pour handicapés physiques ont représenté 28 milliards. La prévention ne représente qu'une part très minime : 16,6 milliards de francs, soit 275 francs par personne.