Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
T

Thésaurisation (suite)

Étymologiquement, thésauriser signifie « amasser des richesses pour constituer un trésor ». Aujour- d'hui, la thésaurisation désigne la partie du revenu qui n'est ni dépensée, ni prêtée, mais conservée par-devers soi. Il s'agit donc d'une fuite du circuit économique. Mais la thésaurisation, qui pouvait avoir   une   certaine   importance   quand   circulait   de la monnaie d'or et d'argent, est négligeable au xxe siècle

P. B.

Thünen (Johann Heinrich von)

Économiste allemand (1783-1850), l'un des premiers à avoir mathématisé le raisonnement économique.

S'intéressant aux questions de l'agriculture, il a étudié notamment la localisation des producteurs et les coûts de transport (Der isolierte Staat in Beziehung auf Landwirtschaft und Nationalökonomie, trois tomes, 1826-1863)

P. U.

Tiers-monde

Ensemble des nations qui n'appartenaient ni au bloc des pays capitalistes occidentaux, ni à celui des pays communistes.

L'expression « tiers-monde » apparaît dans un article d'Alfred Sauvy, en 1952. Sauvy insiste sur le fait qu'on oublie trop souvent que, outre « les deux mondes en présence » (l'Ouest et l'Est), il en existe un troisième « ignoré, exploité, méprisé comme le tiers état » qui devient l'enjeu géostratégique majeur. Le mot se diffusa rapidement en France dans les années 1950, puis dans le reste du monde ; quasi synonyme de « pays sous-déve-loppés », la notion se révéla imprécise (la Chine ou Cuba en font-elles partie ?), et favorisa un amalgame entre pays très différents. Elle est cependant le support du tiers-mondisme (ensemble de doctrines visant à mettre en lumière et à défendre les intérêts du tiers-monde face aux pays développés), qui s'alimente des critiques de l'échange inégal et des guerres coloniales et néocoloniales.

Le mot de tiers-monde continue à être utilisé dans le langage courant après la chute du mur de Berlin (qui lui ôte son sens initial), même si le tiers-mondisme connaît un fort déclin. Le vocabulaire des gouvernements et des institutions internationales lui préfère l'expression « pays en voie de développement », moins connotée mais aussi imprécise

B. L.

➙ Développement, Nord-Sud, pays émergents, pays en voie de développement

Tinbergen (Jan)

Économiste néerlandais (1903-1994), à l'origine de l'économétrie moderne et de l'État providence.

Après des études de physique à l'université de Leyde, Jan Tinbergen travailla au Bureau central de statistiques des Pays-Bas, où il construisit le premier modèle macroéconométrique, qu'il développa ensuite pour la Société des Nations (1936-1938). Il voulait devenir un « ingénieur social » afin de prévenir les crises comme celle de 1929. En 1945, il devint directeur du nouveau Bureau central de planification à La Haye et s'intéressa à la politique économique. Véritable théoricien de l'État providence et de la social-démocratie, il jugea nécessaire l'intervention publique pour la réalisation du bien-être social. Il montra que, pour réussir une politique économique, il faut disposer d'autant d'instruments qu'il y a d'objectifs (règle de Tinbergen). Après 1955, il s'intéressa au développement, cherchant à concilier équité et efficacité économique, bien-être social et individuel. De 1966 à 1975, il présida le Comité des Nations unies pour la planification et le développement. Il reçut en 1969 le premier prix Nobel de sciences économiques, avec Ragnar Frisch, autre fondateur de l'économétrie

E. L. H.

➙ Économétrie

Titre

Part de propriété ou d'emprunt, matérialisée par un document et négociable.

Les actions de sociétés cotées en Bourse, les obligations, les bons du Trésor sont des titres. Avec le développement de nouveaux instruments financiers, on a assisté à une « titrisation » croissante : des parts d'immeubles ou de terres agricoles, des contrats d'assurance, des stocks de cacao, des dettes décotées ont été transformés en titres pouvant être négociés sur des marchés financiers

S. G.

➙ Bourse, titrisation

Titrisation

Moyen de refinancement des actifs sur le marché.

Le principe est de transformer des créances (dettes) en titres pouvant être négociés. Il existe au moins deux systèmes de titrisation. Le premier consiste à transférer les dettes d'un établissement dans une structure séparée, appelée fonds commun de créances (FCC). Ce FCC émet des titres, ou parts, qui s'apparentent à des obligations et qui sont vendus à des investisseurs institutionnels ou à des particuliers. L'autre système consiste, pour un établissement, à céder tout ou partie de son portefeuille de prêts à une autre firme. Cette technique, venue des États-Unis et arrivée en France en 1988, permet à une entreprise ou à une banque d'obtenir des moyens financiers supplémentaires

D. G.

➙ Refinancement

Tobin (James)

Économiste américain (né en 1918), prix Nobel en 1981, qui a traité des questions monétaires et financières.

Il a notamment été à l'origine d'un ratio (dit « q de Tobin ») mettant en rapport la valeur boursière d'une entreprise et sa valeur comptable : une entreprise prend la décision d'investir si le ratio est positif (dans le cas inverse, il est plus rentable de placer ses fonds dans l'achat de titres). De façon plus anecdotique, il a également proposé l'instauration d'une taxe sur les mouvements internationaux de capitaux de façon à limiter la spéculation (Réflexions sur la théorie macroéconomique contemporaine, 1980)

P. U.

➙ Tobin (taxe)

Tobin (taxe)

Projet de l'économiste américain James Tobin, visant à taxer les opérations monétaires internationales, avec l'espoir que les transactions purement spéculatives seront ainsi découragées.

James Tobin est surtout connu pour avoir précisé la théorie keynésienne au sujet des relations entre économie réelle (demande globale, emploi...) et économie financière. Au détour de ses recherches, il a formulé, en 1978, l'idée de la « taxe Tobin ». Il s'agit d'un impôt qui serait prélevé lors de la circulation internationale des capitaux. Une manière de décourager la spéculation internationale en la rendant trop onéreuse pour les opérateurs, même si son montant (entre 0,01 % et 0,025 % du capital investi) reste faible. La taxe n'a jamais été appliquée. Seul le Chili, vedette du monde émergent, avait mis en place, en 1991, un système de dépôt obligatoire et non rémunéré pour les capitaux entrant dans le pays.