Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
E

Escompte (suite)

Un commerçant achète des marchandises à un fournisseur et lui remet un effet de commerce (appelé billet à ordre) par lequel il s'engage à payer à une certaine échéance (par exemple 90 jours). Si le fournisseur a un besoin urgent de liquidités, il endosse le billet à ordre (il signe au dos) et le présente à son banquier pour escompte. Le banquier lui remet des liquidités en prélevant un taux d'escompte qui couvre le coût de mise à disposition des liquidités, le coût administratif et le coût du risque. Par l'escompte, le banquier devient détenteur du billet à ordre et demandera au commerçant émetteur du billet le remboursement du prêt à l'échéance.

L'escompte constitue une des sources de financement des entreprises à court terme

A. L.

➙ Billet à ordre, crédit

Espagne

État le plus puissant d'Europe au milieu du xviie siècle, l'Espagne déclina rapidement face aux nations de l'Europe du Nord et connut une industrialisation tardive, au milieu du xxe siècle.

Après l'effondrement de l'Empire romain d'Occident (476), l'Espagne fut conquise par les Wisigoths (507) puis par les Arabes (entre 711 et 714), qui ne purent cependant s'emparer des petits royaumes chrétiens subsistant au nord de la péninsule Ibérique. C'est à partir d'eux que s'amorça à partir du xie siècle une « reconquista » qui se termina en 1492 par la prise de Grenade, dernière possession arabe. Cette division et le déclin du monde musulman depuis le xiiie siècle expliquent le retard économique de l'Espagne à la fin du xve siècle, par rapport aux autres pays européens qui avaient connu plusieurs siècles d'essor agricole et industriel et de développement des échanges marchands.

De la splendeur à la décadence

L'Espagne bénéficia pourtant au début du xvie siècle de circonstances particulièrement favorables : la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, en 1492, lui apporta des richesses métalliques considérables et l'élection de Charles Quint (prince de Habsbourg et roi d'Espagne depuis 1516) sur le trône impérial fit de l'Espagne le cœur du Saint Empire romain germanique. Mais ce règne fut marqué par des guerres incessantes dans les provinces allemandes et par des conflits récurrents contre la France. Le fils de Charles Quint, Philippe II, poursuivit une politique ruineuse en combattant sans succès la France, les Flamands révoltés et l'Angleterre : malgré l'afflux d'or et d'argent d'Amérique, l'État espagnol connut plusieurs banqueroutes.

Au début du xviie siècle, l'Espagne, vaincue militairement et dont les structures économiques étaient archaïques, vit son retard économique s'aggraver. Durant les xviiie et xixe siècles, elle perdit ses colonies américaines et connut une instabilité politique interne expliquant l'absence de véritable révolution industrielle. Et, bien que n'ayant pas participé aux guerres mondiales, elle ne connut pas non plus d'essor économique significatif durant la première partie du xxe siècle (mis à part un début d'industrialisation dans les régions de Madrid, de Barcelone et le long de la côte atlantique nord). Le pays fut au contraire marqué par de graves conflits politiques et sociaux, culminant avec la guerre civile de 1936-1939.

Démocratie + Europe

Par contre, l'Espagne a connu un « démarrage » économique remarquable à partir de la fin des années 1950, avec un taux de croissance de 7,5 % par an entre 1959 et 1966, une augmentation de la production nationale de 20 % entre 1970 et 1973.

La démocratisation politique, avec l'accès au pouvoir du roi Juan Carlos en 1975, et l'entrée dans la CEE en 1986, lui ont permis de poursuivre son développement économique. L'Espagne est aujourd'hui l'un des dix pays les plus industrialisés du monde (le secteur automobile et celui des industries mécaniques et agroalimentaires étant particulièrement dynamiques), tout en conservant un grand secteur agricole exportateur. Ses infrastructures ferroviaires et routières ont été modernisées, les recettes du tourisme sont supérieures à 25 milliards de dollars par an, et les revenus moyens se rapprochent de la moyenne des autres pays européens.

L'Espagne connaît pourtant, à l'aube du xxie siècle, un des taux de chômage les plus élevés d'Europe (près de 19 % de la population active), son commerce extérieur est déficitaire et ses inégalités régionales restent préoccupantes

Espagne

Population : 39 630 000 hab.

PNB (1998) : 524,23 milliards de $

PNB/hab. : 14 490 $

Structure de la population active : agriculture 8,4 %, mines et industrie 30 %, services 61,7 %

Dette brute : 73,3 % du PIB

Taux de chômage : 18,8 %

P. B.

➙ Euro, Union européenne

Étalon-or

Système monétaire fondé sur l'or.

Au sens strict, le système de l'étalon-or respecte les caractéristiques suivantes :

• l'unité monétaire nationale (par exemple, le franc) est définie par une quantité d'or ;

• la monnaie obéit aux règles de la convertibilité-or ;

• la monnaie fiduciaire (billets) en circulation est proportionnée aux réserves en or de la Banque centrale ;

• l'or est librement frappé ;

• l'or peut être librement exporté et importé ;

• le taux de change de deux monnaies qui respectent les conditions précédentes est déterminé par leur poids respectif en or.

Ce système monétaire a été dominant du xixe siècle à 1914. Les tentatives pour le restaurer, même sous des formes atténuées, ont échoué aussi bien après la Première Guerre mondiale qu'après la Seconde. En réalité, même les pays qui, au xixe siècle, se rattachaient à un régime d'étalon-or ont pris certaines libertés avec ses règles. Il fallut d'ailleurs attendre les années 1870 pour que le bimétallisme (or et argent) soit abandonné en Europe continentale.

Un des grands mérites accordés à l'étalon-or est sa capacité à favoriser les ajustements économiques sans inflation. Tout choc interne, comme la hausse brutale des salaires, ou externe, comme l'augmentation du prix du pétrole, tend à provoquer une sortie d'or, et donc une contraction de la masse monétaire et du niveau général des prix qui rétablissent la compétitivité du pays. Ces ajustements sont « automatiques » en ce sens qu'ils se réalisent sans intervention du gouvernement ou de la Banque centrale. En réalité, ce système implique une flexibilité forte de l'ensemble des prix et, notamment, des salaires. À défaut, les ajustements se réalisent sur les quantités : baisse de la production, chômage.