Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Manufacture

Lieu de production où un nombre important d'ouvriers sont employés pour effectuer un travail manuel.

Étymologiquement, une manufacture est un établissement où le travail se fait à la main, donc à l'aide de techniques de production constantes, contrairement à l'usine capitaliste qui repose sur l'emploi de machines augmentant sans cesse la productivité du travail. Mais, à la différence des échoppes artisanales de l'époque féodale, les manufactures utilisèrent des locaux de grande dimension et souvent plusieurs centaines d'ouvriers. Elles appartenaient à l'État (Manufactures royales), qui voulait en faire le moteur de l'essor industriel et des exportations du pays, ou à des entrepreneurs privés ayant engagé des capitaux importants, et qui étaient propriétaires des marchandises fabriquées par les ouvriers. Cela fit de la manufacture une étape vers l'usine propre au capitalisme industriel.

Les plus célèbres manufactures françaises furent celles créées par Colbert durant les années 1660-1670 : celles des Gobelins (tapisserie), de Sèvres (porcelaine), de Saint-Étienne (armes), etc.

P. B.

➙ Colbertisme, révolution industrielle

Marché

Lieu où se confrontent les offres et les demandes d'un bien particulier.

Le marché du parfum réunit les offres des entreprises Dior, Chanel, Lancôme, etc., et les demandes de millions de consommateurs potentiels. Le marché du dollar réunit ceux qui veulent en acheter et ceux qui veulent en vendre. Dans un cas, la confrontation s'effectue directement dans l'ensemble des magasins spécialisés ; dans l'autre, le marché se situe plus abstraitement dans l'ensemble des salles de marché des banques du monde entier, réunies par des réseaux électroniques.

Une caractéristique essentielle du marché est le prix de vente du produit considéré. Le prix est d'autant plus élevé que les acheteurs sont attachés au produit et ont les moyens de se le procurer ; il est d'autant plus bas que les producteurs savent le produire de façon efficace, ou que la demande en est faible.

Une logique universelle

Mathématiquement, le prix est ce qui égalise l'offre et la demande globales, en vertu du mécanisme suivant : supposons, par exemple, un prix fixé si bas que la demande excède l'offre. Certaines entreprises vont alors augmenter leur prix et leur production pour profiter de l'aubaine ; de plus, la hausse du prix diminuera la demande. Inversement, si le prix initial est tel que la demande est inférieure à l'offre, le prix va diminuer pour séduire davantage les acheteurs. Dans tous les cas, le déséquilibre initial va donc se résorber et cela jusqu'à égaliser les offres et les demandes.

En théorie, les mécanismes des marchés s'avèrent identiques, qu'il s'agisse de biens matériels comme des parfums, ou du travail, ou de services comme ceux que rendent les avocats, ou d'activités illicites comme le commerce de la drogue. On parlera donc d'offres et de demandes dans chaque cas, avec un prix d'équilibre qui tend à les égaliser en vertu des mêmes mécanismes spontanés.

F. E.

➙ Équilibre, marché (économie de), prix

Marché (économie de)

Système économique dominé par des relations marchandes selon lesquelles la plupart des biens sont directement accessibles, et les conditions de vente, fixées librement par les acheteurs et les vendeurs.

Le troc, notamment dans les sociétés primitives, constitue un premier contre-exemple parce que les biens ne s'y achètent pas toujours contre de la monnaie. Les économies planifiées fournissent un deuxième contre-exemple, la plupart des prix étant déterminés par des administrations et non pas par des marchés.

Une pure économie de marché, totalement exempte de normes gouvernementales ou religieuses et d'interventions politiques diverses, n'a jamais existé. La plupart des économistes n'ont jamais cru qu'un tel système pourrait efficacement fonctionner, mais ils ont utilisé cette fiction pour mieux comprendre les mécanismes réels qu'ils observaient et pour établir les meilleures façons de concourir à l'intérêt général.

F. E.

➙ Marché, planification, prix

Marché captif

Situation où un vendeur bénéficie d'une demande que lui seul peut satisfaire.

On parlera de marché captif dans le cas d'un professeur imposant l'acquisition de son ouvrage à ses étudiants, ou dans le cas d'une entreprise contrôlant l'offre d'un produit complémentaire à celui qu'elle fabrique (disquette non standard adaptée à une marque précise d'ordinateur, même s'il existe une concurrence sur le marché des ordinateurs).

P. B.

Marché des changes

Lieu sur lequel se rencontrent les offres et les demandes de devises, donc où naissent les taux de change, point d'équilibre entre l'offre et la demande.

Près de 2 000 milliards de dollars s'échangent quotidiennement sur les marchés des changes du monde entier. Le principal marché est à New York, suivi par Londres, très loin devant Paris. Les cambistes sont les opérateurs sur le marché des changes. Le nom « agent de change » fait, lui, référence à la Bourse de Paris (jusqu'en 1988).

Sur les marchés des changes, les contrats au comptant, c'est-à-dire les ventes ou achats immédiats consacrés à la transaction physique de biens (par exemple l'achat de dollars dans le but de régler une facture aux États-Unis), sont minoritaires par rapport aux contrats à terme (« futures » et options) et à la spéculation. Ces contrats à terme reflètent la croyance du marché dans la valeur future de telle ou telle devise, à une échéance (date) donnée. Ainsi, l'industriel qui sait qu'il aura besoin de dollars trois mois plus tard a intérêt à acheter du dollar à terme s'il pense que le cours va baisser, et si, sur le marché des changes, le dollar – 3 mois est effectivement moins cher qu'au comptant. C'est une façon de gérer aujourd'hui le risque de change.

Les taux de change fixes suppriment de fait l'intérêt du marché des changes puisque le cours futur est connu et que le risque de change est nul. Les systèmes semi-rigides, comme l'était le SME (système monétaire européen), n'interdisent pas la spéculation : la lire italienne ou la livre britannique en ont été victimes en 1992, par exemple.

F. L.

➙ Euro, spéculation, taux de change