États-Unis (suite)
Pour certains, cette réussite de l'économie américaine (croissance supérieure à 3 %, quasi-plein-emploi, inflation faible et excédent budgétaire) est le résultat d'une politique libérale : baisse des taux d'imposition libérant l'esprit d'initiative, flexibilité et mobilité du travail permettant d'adapter structurellement et géographiquement l'offre et la demande, maîtrise des coûts salariaux réduisant l'inflation et incitant les entreprises à embaucher, déréglementation de diverses activités (tels les transports aériens). Mais d'autres économistes observent que ces résultats n'ont été obtenus qu'après vingt ans de déficit budgétaire « keynésien », finissant par provoquer la relance de l'économie, et parce que les États-Unis n'ont pas combattu leur déficit extérieur en freinant leur croissance, comme ont dû le faire les autres pays qui ne disposaient pas du « privilège dollar ». De plus, les Américains bénéficient d'un apport considérable de capitaux étrangers, compensant leur très faible taux d'épargne intérieure (les ménages américains n'ont épargné que 0,5 % de leur revenu en 1998, contre 14 % en France et au Japon). Parallèlement, les entreprises américaines s'endettent fortement pour investir, contrairement aux firmes françaises, en particulier.
11 000 milliards de dollars
Ce chiffre fantastique représente la somme de ce que gèrent, à la fin des années 1990, les investisseurs institutionnels américains (fonds communs de placement, fonds de pension et compagnies d'assurances). Ces « zinzins », parmi lesquels on peut citer Calpers, Fidelity ou Vanguard, gèrent désormais des fonds supérieurs à ceux déposés dans les banques traditionnelles.
Ce fantastique bond en avant s'explique notamment par la démographie. Les classes nombreuses d'après-guerre – les fameux « baby-boomers » – approchent désormais de l'âge de la retraite. Ils se soucient donc de leur pension à venir, sachant que le minimum vieillesse que leur versera le système public sera, en tout état de cause, fort maigre. En investissant massivement dans les « zinzins » américains, ils ont fait de ceux-ci les nouveaux maîtres du capitalisme mondial.
Le dynamisme retrouvé de l'économie américaine et sa maîtrise des nouvelles technologies de pointe (ordinateurs, transmission de l'information, biotechnologie...), ce que l'on appelle la « nouvelle économie », s'expliquent donc par un mélange original d'instruments de gestion économiques « orthodoxes » et « hétérodoxes ». Mais ce rétablissement laisse subsister le grave problème de l'exclusion sociale (plus de 13 % de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté). D'autre part, l'émergence d'une nouvelle monnaie concurrente, l'euro, peut à terme remettre en cause l'hégémonie du dollar, provoquer des sorties de capitaux déstabilisant l'économie américaine et obliger celle-ci à s'attaquer au problème de son déficit extérieur, devenu structurel
États-Unis
Population : 278 357 000 hab.
PNB (1998) : 7 852,05 milliards de $
PNB/hab. : 29 080 $
Structure de la population active : agriculture 2,7 %, mines et industrie 23,9 %, services 73,4 %
Dette publique brute : 56,7 % du PIB
Taux de chômage : 4,5 %
P. B.
➙ Dollar, FED, fordisme, New Deal, nouvelle économie, taylorisme, Wall Street, Le modèle anglo-saxon va-t-il s'imposer partout ?