Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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SMI (système monétaire international) (suite)

Les Indiens d'Amérique, n'ayant jamais émis de monnaie, étaient contraints de céder des objets précieux de leur fabrication en échange des produits occidentaux transportés par les colons européens. Une telle forme de troc pour les échanges internationaux est révolue. Grâce à l'existence d'un système monétaire international (SMI), la monnaie (devise) sert à financer la circulation des produits entre pays. Dans ce rôle, la monnaie utilise ses trois fonctions traditionnelles : elle est un instrument de compte –pour calculer la valeur d'un bien –, d'échange – pour effectuer la transaction –, et de réserve – en prévision de besoins ultérieurs du pays. Lorsque la France achète du pétrole à l'Arabie saoudite, le prix en est fixé grâce au cours quotidien du baril sur le marché de Londres, par exemple. Paris convertit alors des francs en dollars (nécessaires pour payer le pétrole), transfère ces dollars à Riyad via Londres, pendant que le pétrole est acheminé vers la France depuis l'Arabie saoudite. Libre à cette dernière d'utiliser les dollars gagnés pour acheter un avion, des produits de luxe, ou simplement les placer dans ses coffres. La réalité est bien plus complexe (les compagnies pétrolières françaises passent des contrats pluriannuels avec l'Arabie saoudite, elles achètent du dollar à terme, le cours du dollar fluctue fortement...), mais cette transaction serait impossible sans l'utilisation d'une monnaie.

Le monde a fait jusqu'à présent l'expérience de trois SMI distincts

• L'étalon-or a été en vigueur jusqu'aux lendemains de la Première Guerre mondiale. Les monnaies de chaque pays avaient un poids fixe en or. Les parités entre deux monnaies étaient déterminées puis, pour solder les échanges entre deux pays, des « points d'or » étaient établis, et des transports physiques de métal précieux étaient effectués.

• Un nouveau système dit « étalon de change-or » a été établi à la conférence internationale de Gênes, en 1922, car l'étalon-or s'était avéré trop compliqué à gérer : transports physiques de métal précieux, inégale répartition des réserves d'or dans le monde... Les pays étaient incités à utiliser des monnaies dites « de réserve », la livre sterling, puis le dollar, plutôt que l'or lui-même. Par la suite, la crise économique des années 1930 a entraîné une chute de 60 % environ de la valeur du commerce international, des milliers de faillites d'établissements bancaires... La convertibilité des monnaies en or, souvent ardue à imposer, est devenue impossible à maintenir et les monnaies de réserve ont été dévaluées.

• Le système de Bretton Woods a été mis en œuvre après la Seconde Guerre mondiale. Entre 1945 et le 15 août 1971, le dollar a été librement convertible en or, au taux de change fixe de 35 dollars l'once. Toutes les principales monnaies du monde étaient ainsi échangeables en dollars, et donc en or. Le franc français a retrouvé en 1958 sa convertibilité, suspendue entre les deux guerres : sa valeur en dollars/or était garantie par la Banque de France.

Au fil des ans, les États-Unis, devenus le centre du SMI, ont dû faire face à une demande d'or bien trop importante pour leurs réserves – notamment de la part de la France du général de Gaulle – et durent renoncer à la convertibilité (décision du président Nixon en août 1971), ce qui prouva que le dollar n'était pas tout à fait « as good as gold ».

Système libéral et système social-démocrate

Il existe, pour résumer, deux types de système : les changes fixes et les changes flottants. Les économistes de l'école libérale sont généralement favorables aux changes flottants, et les keynésiens, aux changes fixes. Après la fin de Bretton Woods (changes fixes), le monde ne s'est pas orienté vers des changes totalement flottants, car les États interviennent si les cours des monnaies fluctuent au-delà des limites jugées acceptables : le flottement pur concerne un très petit nombre de devises, presque toutes les autres ayant ressenti le besoin de se rattacher à une devise jugée plus stable, ou à un groupe de monnaies plus vaste. Le dollar continue d'exercer une influence prépondérante dans le monde, tout en étant la monnaie d'un seul pays (les États-Unis). D'où l'accusation fréquente de pratique du « benign neglect » (indifférence bienveillante) à l'égard du cours du dollar dans les pays tiers.

Pour faire face aux conséquences néfastes des fortes fluctuations du dollar, les grands pays industriels, par l'intermédiaire du G7, ont pris l'habitude de discuter ensemble de son cours : ils l'ont fait baisser, en 1985, lorsque le billet vert valait plus de 10 francs (accord du Plaza), puis l'ont stabilisé, en 1987 (accord du Louvre), car il glissait trop.

Quant aux pays européens, ils ont opté en 1979 en faveur du SME (système monétaire européen), un système de taux de change stables mais ajustables. Ils ont ensuite (1991) décidé la création de l'euro.

F. L.

➙ Dollar, euro

SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance)

Salaire minimum en vigueur en France.

Successeur du SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti), créé en 1950, le SMIC est né de la loi du 2 janvier 1970. Comme son nom l'indique, il s'agit du salaire minimum en dessous duquel un salarié, en France, ne peut être payé. Son montant, de 40,72 francs brut au 1er juillet 1999, correspond à un taux horaire dont la valeur mensuelle est de 6 881,68 francs brut pour 169 heures travaillées dans le mois. Ce qui fait que de nombreuses personnes (un peu plus de 15,1 % des salariés) ont un revenu inférieur au SMIC mensuel, principalement celles qui occupent un emploi à temps partiel, dont une majorité de femmes.

À l'origine, le salaire minimum avait pour objectif de limiter les risques de dumping* social (surenchère de conditions de travail à la baisse), qui pouvaient, par exemple, fausser les règles de soumission aux marchés publics. Il servait aussi à définir un seuil qui n'est pas celui de la pauvreté mais qui garantissait au travailleur un niveau de vie constant par rapport à l'évolution des prix. En se transformant en SMIC, il s'est vu attribuer pour fonction complémentaire d'intervenir comme un outil destiné à limiter les inégalités salariales. Dès lors conçu pour permettre à tous les salariés, y compris les moins bien rémunérés, de bénéficier des fruits du progrès économique, il fait l'objet de revalorisations périodiques pour tenir compte de la croissance et, par conséquent, il suit la progression des salaires.