Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
A

Appel d'offre

Procédure consistant à mettre en concurrence les candidats à un marché (par exemple la construction d'une route) afin de choisir celui dont la proposition (l'offre) est jugée la meilleure.

Le donneur d'ordre (celui qui veut faire réaliser un travail) formule les conditions du marché dans un document écrit, appelé « cahier des charges ». Il départage les « offres » remises ensuite par les candidats en fonction de leurs qualités techniques et du prix demandé. Lorsque ce dernier joue un rôle prépondérant, on dit que c'est le « mieux-disant » – celui qui présente le devis le moins élevé – qui l'emporte.

A.-M. R.

Arbitrage

Choix économique entre deux décisions alternatives, ou opérations financières spéculatives.

Le terme arbitrage s'emploie dans le langage courant pour désigner un simple choix entre, par exemple, l'épargne et la consommation, le travail ou le loisir. Il est également employé dans le cas de décisions gouvernementales concernant l'affectation de crédits à divers ministères (au moment des « arbitrages budgétaires »), ou de choix de politique économique privilégiant la lutte contre le chômage ou contre l'inflation.

Ce terme a également un sens plus précis en théorie financière. Il évoque une opération consistant à emprunter une somme à un certain taux d'intérêt et à le prêter à un taux plus élevé, ou à acheter un titre sur un marché boursier et à le revendre sur un autre marché où son cours est supérieur. Mais cette opération ne peut être que de courte période, car la circulation de l'information tend à égaliser les taux d'intérêt comme le prix des actifs financiers

P. B.

➙ Crédit, épargne

Aristote

Philosophe grec de l'Antiquité (384-322 av. J.-C.), qui fut l'un des premiers à s'interroger sur l'origine de la valeur des choses et sur la meilleure organisation de la société.

Aristote désigna par le mot « chrématistique » l'activité qui consiste à acquérir des biens ou des richesses. Il considéra celle-ci comme légitime quand elle sert à satisfaire des besoins humains, mais condamnable si elle a pour but d'accumuler de l'argent pour lui-même : ainsi, dans le cas du commerce ou du prêt à intérêt, le marchand professionnel ne connaît pas de limite dans la quête du profit et perd vite toute vertu ; de même, le travail salarié est inhumain et réservé aux esclaves. L'homme sage et cultivé doit donc se consacrer aux tâches nobles et humaines, telles que la réflexion, la politique ou la guerre.

Aristote imagina aussi les notions de valeur-travail et de valeur-utilité qui opposeront les économistes modernes : l'échange des produits revient à un échange de travail de nature différente, mais cet échange se fait en fonction du besoin que chacun éprouve pour le bien qu'il veut acquérir.

P. B.

➙ Valeur

Arrow (Kenneth J.)

Économiste américain (né en 1921), qui a reçu le prix Nobel en 1972 avec J. Hicks pour « leurs contributions fondamentales à la théorie générale de l'équilibre économique et à la théorie du bien-être ».

Figure majeure de l'économie mathématique, il a joué un rôle essentiel en démontrant avec Gérard Debreu l'existence de l'équilibre général en économie, ainsi que les conditions nécessaires pour y parvenir. Les limites d'organisation et d'information du marché l'ont conduit à souligner l'importance d'institutions alternatives, les organisations (les entreprises) et l'État. Par son théorème d'impossibilité, il a cependant remis en cause l'élaboration démocratique de choix collectifs (équipements, fiscalité, etc.) qui respecteraient les préférences individuelles. Par ailleurs, il a permis de mieux comprendre les conséquences pour l'activité économique de l'aversion au risque des agents, ainsi que l'importance des phénomènes d'apprentissage (formation par la pratique professionnelle) dans l'explication de la croissance.

P. L.

➙ Bien-être, contrat, école néoclassique , optimum, (V.) Pareto, science économique, (L.) Walras

Artisanat

Ensemble des petites entreprises exerçant des activités de production, de transformation, de réparation ou de prestations de services, et qui n'emploient pas plus de dix salariés.

La « première entreprise de France », selon le slogan publicitaire du secteur, représente 820 000 entreprises artisanales, inscrites en 1998 au Répertoire des métiers, et fait travailler plus de 2,3 millions de personnes (dont 1,44 million de salariés proprement dits et un peu plus de 100 000 apprentis), soit 10 % de la population active. Son chiffre d'affaires avait totalisé 837 milliards de francs en 1996, soit environ 6 % du PIB de la France. Les artisans du bâtiment sont les plus nombreux (maçons, plombiers, électriciens, menuisiers, etc., 35 %), devant ceux de l'alimentation (boulangers, bouchers, etc., 13 %), ceux de la réparation (garages, électroménager, etc., 11 %), et des services (blanchisseurs, coiffeurs, taxis, chauffeurs routiers, etc., 9 %).

À l'instar du petit commerce face à la grande distribution, l'artisanat est souvent opposé à la grande industrie. En fait, les artisans sont tout autant les concurrents que les sous-traitants des entreprises – industrielles, hôtelières, de transport ou du bâtiment. Dans certains domaines, comme la coiffure, les taxis, la boucherie, la boulangerie, les artisans sont encore largement prépondérants en parts de marché. Globalement, la part des artisans a tendance à progresser dans les secteurs en expansion, comme les services, et régresse dans les secteurs en crise, comme le textile-habillement ou le meuble.

Indépendance, proximité, qualification

Se mettre « à son compte » demeure une aspiration majeure dans les métiers artisanaux. Même si, juridiquement, les entreprises unipersonnelles (43 % du total) cèdent progressivement le pas aux SARL (sociétés à responsabilité limitée), employant en moyenne quatre salariés. Entre 1993 et 1998, l'emploi salarié n'a ainsi baissé que de 0,6 % dans l'artisanat, alors qu'il était en chute de plus de 7 % dans l'ensemble des entreprises de taille plus grosse des secteurs d'activité concernés. La notion de « proximité » est indissociable de celle d'artisanat. En 1996, les exportations réalisées par l'ensemble des entreprises artisanales ne représentaient que 15 milliards de francs (soit moins de 6 % du CA total). Un tiers environ des artisans sont installés dans les communes rurales, mais les disparités de situation sont grandes selon les secteurs. Certaines activités sont essentiellement rurales (la scierie à 80 %), d'autres presque uniquement urbaines (le tertiaire en général : coiffeurs, taxis, etc.).