Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
A

Amortissement comptable

Processus de disparition (« mise à mort ») de la valeur d'un bien et, par extension, mesure de ce processus.

Selon le type de comptabilité utilisé, on peut distinguer, notamment, l'amortissement économique, fiscal et financier.

Soit une machine achetée 1 000, utilisée régulièrement chaque année et jugée inutilisable (en raison de la dégradation physique ou à cause du progrès technologique) au bout de cinq ans.

La comptabilité économique mesurera la perte de valeur annuelle de la machine en divisant sa valeur par 5, ce qui reflète au mieux la régularité de la perte de valeur.

Si, par contre, l'objectif est d'établir une comptabilité fiscale, on pourra utiliser un autre amortissement sans relation avec l'usure économique ; il est fréquent par exemple que le fisc autorise pour certains biens un type d'amortissement dit « dégressif » qui est plus élevé que l'amortissement économique en début de période et plus faible à la fin, ce qui réduit durant les premières années le bénéfice imposable de l'entreprise.

La notion d'amortissement est indispensable pour déterminer le résultat annuel, en affectant ce résultat de la perte de valeur progressive de biens de longue durée : en langage comptable, cette perte de valeur périodique s'appelle « dotation aux amortissements » ; le cumul des amortissements annuel (dit amortissement global) sert à déterminer au bilan la valeur nette des actifs (actif net = actif brut moins amortissements). D'une manière générale, la mesure de l'amortissement pose de redoutables problèmes aux économistes et aux comptables car elle dépend de facteurs incertains (valeur du bien en période d'inflation, durée prévisionnelle de vie des biens utilisés, mode prévisionnel d'utilisation)

J. R.

➙ Bilan, comptabilité

Amsterdam (traité d')

Accord européen, signé le 2 octobre 1997, qui complète le traité de Maastricht créant l'Union européenne. Le traité d'Amsterdam renforce la coopération européenne dans des domaines politiques afin notamment de permettre l'élargissement de l'Union aux pays de l'Europe centrale et orientale.

Le traité est articulé autour de six grandes séries de mesures communes.

• Un rappel des principes démocratiques sur lesquels l'Union européenne est fondée (libertés publiques, respect des droits de l'homme, défense des minorités).

• Le développement d'un espace de libre circulation sans contrôle aux frontières pour l'ensemble des pays de l'Union. Le traité inclut la convention de Schengen, qui avait été signée en juin 1990 entre la France, l'Allemagne et les trois pays du Benelux. Un renforcement de la coopération en matière policière (Europol) et judiciaire dans les domaines civil et pénal.

• La promotion d'une coordination des politiques de l'emploi entre les États membres. Le traité consacre la promotion d'un niveau d'emploi élevé comme un des objectifs de l'Union. Un Comité de l'emploi à caractère consultatif a été institué afin de développer la coopération entre les États.

• La définition par le Conseil européen, qui réunit les chefs d'État et de gouvernement, des orientations de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC). Il est prévu de définir progressivement une politique de défense commune.

• Une réorganisation des institutions de l'Union dans la perspective de son élargissement aux pays de l'Europe centrale.

• Une coopération renforcée entre les États qui souhaitent aller plus avant dans le processus d'intégration européen.

J. -C. D.

➙ Maastricht, Union européenne

Annuité

Fraction annuelle d'une somme globale à encaisser, à payer ou à consommer.

L'annuité d'un emprunt est le montant annuel à payer au titre de cet emprunt (remboursement et intérêts). L'annuité d'amortissement d'une immobilisation est la dotation annuelle aux amortissements de cette immobilisation.

J. R.

Anticipation

Appréciation de l'avenir qui affecte le comportement des agents.

Les anticipations sont appelées « extrapolatives » (quand elles prolongent le passé), « adaptatives » (quand elles prennent en compte les « erreurs » de prévision du passé), « rationnelles » (quand elles intègrent toute l'information disponible, passée et présente, et reposent sur une appréciation « correcte » de l'avenir). Elles jouent un rôle essentiel dans la spéculation économique, et en particulier lors des bulles financières.

Les anticipations sont envisagées très différemment selon les théories économiques. Dans les approches où le comportement des agents est déterminé par des contraintes objectives qui s'imposent à eux, les anticipations occupent une place négligeable. Ainsi, pour Ricardo ou Marx, les salariés et les capitalistes subissent les effets des lois d'évolution du système économique. Par contre, pour certains auteurs (Keynes en particulier), les revenus espérés, l'« état de confiance » dans l'avenir expliquent en grande partie le montant des investissements, des placements financiers, mais aussi la demande de consommation.

P. B.

➙ Spéculation

Anticipations rationnelles

Hypothèse de comportement, proposée par John Muth en 1961, selon laquelle les agents utilisent toute l'information disponible, passée et présente, pour former leurs anticipations.

C'est une extension de l'hypothèse de rationalité des agents à la formation des anticipations par une utilisation optimale de toutes les informations, y compris les annonces de politique économique. Ainsi, un plan de relance budgétaire pousse les agents à épargner davantage pour faire face aux impôts futurs prévisibles, ce qui annule tout effet de relance puisque les hausses de revenus ne génèrent pas de dépenses additionnelles.

Les erreurs d'anticipation sont possibles en cas d'imperfection de l'information, donc de façon non systématique selon la formule « on ne peut tromper tout le monde tout le temps », à la différence des anticipations adaptatives fondées sur la seule observation du passé. Cette hypothèse a été utilisée par Robert Lucas et la nouvelle école classique pour critiquer les modèles fondés sur des comportements passifs et pour souligner l'inefficacité des politiques interventionnistes de l'État

P. L.

➙ Anticipation, Chicago, keynésianisme, libéralisme économique