Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
I

Industrie (suite)

Après avoir constitué depuis la fin du xixe siècle le principal secteur des économies développées, l'industrie a vu son poids se réduire depuis trente ans, surtout en termes d'effectifs (en France, 18 % des emplois en 1998, contre 30 % en 1968). Ainsi, en France, l'industrie emploie en 1998 1 500 000 personnes de moins qu'en 1978. Mais elle continue de contribuer fortement au PIB (22,2 % du PIB de la France en 1998) en raison d'une productivité plus élevée.

L'industrie a en outre des effets induits sur les autres secteurs en constituant un débouché pour les produits de l'agriculture (industries agroalimentaires) et en stimulant le développement des services aux entreprises. C'est pourquoi il est ambigu de parler d'économie postindustrielle.

Au sein de l'industrie, le poids relatif des secteurs a évolué dans les pays développés en raison du rythme inégal de progression de la demande et de la productivité, mais aussi de la concurrence des pays à plus bas salaires. En France, l'industrie automobile emploie maintenant plus de personnes (261 000 en 1998) que le textile-habillement (246 000), tandis que d'autres secteurs sont en forte croissance (les industries des composants et des équipements élec-triques et électroniques emploient déjà 400 000 per-sonnes).

Simultanément, de nouveaux pays industriels (NPI, récemment rebaptisés « pays émergents ») sont apparus sur la scène internationale. En 1995, les 5 grands pays émergents (Brésil, Chine, Inde, Indonésie, Mexique), dont la croissance industrielle est 3 fois supérieure à la moyenne mondiale, représentaient près de 13 % de la production mondiale

A. R.

➙ Délocalisation, économie industrielle, industrialisation

Inégalités

Disparités dans la répartition des richesses (matérielles ou non) et dans la qualité des conditions de vie. L'existence de mécanismes de protection sociale et de minima sociaux – revenu minimum, SMIC – vise à réduire les inégalités ou, à tout le moins, à en limiter la portée.

Selon l'INSEE, les 10 % de Français les plus riches détiennent 53 % du patrimoine de l'ensemble du pays, évalué à 26 000 milliards de francs en 1997. À l'autre bout de l'échelle, on trouve des catégories défavorisées qui sont souvent soit des familles nombreuses (trois enfants et plus), soit des familles monoparentales, dont le revenu est inférieur de 40 % au revenu moyen des ménages (15 300 F avant impôts, en 1995). Cet écart est atténué d'environ un tiers grâce aux différents transferts sociaux (presta-tions sociales, pensions alimentaires, réductions d'impôt).

Les inégalités les plus visibles sont les inégalités de revenus. Des années 1960 au milieu des années 1980, les grandes disparités se sont resserrées grâce aux effets du SMIC, des prestations sociales accordées sous condition de ressources et de la fiscalité directe (l'impôt progressif, qui frappe proportionnellement plus les hauts revenus, est la principale source de redistribution). À partir des années 1990, les différences se sont de nouveau creusées, notamment sous l'effet du ralentissement de la hausse du SMIC.

Cette aggravation des disparités apparaît également comme la conséquence du développement du travail à temps partiel (surtout lorsqu'il est « subi ») et de la précarité de l'emploi. L'INSEE observe également des variations géographiques. Entre 1984 et 1996, le pouvoir d'achat a stagné dans les banlieues ouvrières de la région parisienne alors qu'il progressait nettement dans les communes « bourgeoises ». En dehors de la région parisienne, les variations sont beaucoup moins nettes.

Une logique économique favorisant l'inégalité

Plus larges encore sont les inégalités liées au patrimoine. En moyenne, celui-ci atteint 800 000 F par ménage. Pour 10 % des ménages, il ne dépasse pas 5 000 F mais, si l'on prend en compte les 20 % de ménages les plus favorisés, le patrimoine atteint presque 2 millions de francs par famille. Les patrimoines inférieurs à 100 000 F sont, pour l'essentiel, concentrés sur des livrets d'épargne, garantissant un revenu plancher, mais nettement moins rémunérateurs que les autres actifs financiers ou immobiliers. Or, les placements ont vu leur rendement s'améliorer considérablement. Entre 1995 et 1998, le cours des actions françaises a doublé pour atteindre une rentabilité de 10 % par an.

Les femmes en retard

Malgré la vieille revendication « à travail égal, salaire égal », les femmes continuent à gagner moins que les hommes. En moyenne, le salaire des femmes représentait en 1995 seulement 82 % de celui des hommes en France. Et il ne faut pas oublier que les calculs de l'INSEE ne se fondent que sur les salaires à temps plein, alors qu'on sait que les femmes représentent une part prépondérante des emplois à temps partiel, en expansion depuis dix ans et proportionnellement plus mal payés. Les cadres ne sont pas mieux lotis que les ouvrières en termes d'écart de salaire avec les hommes.

En Europe, le pays le plus égalitaire est la Suède, où le salaire féminin atteint 89 % du salaire masculin, les pays les plus inégalitaires étant les Pays-Bas et la Grèce (71 %). Toutefois, on constate un rattrapage progressif, car les salaires féminins augmentent légèrement plus vite.

Le creusement des inégalités tient à la croissance plus rapide des revenus non salariaux mais aussi aux conséquences de la politique fiscale. La défiscalisation grandissante des produits financiers et les allégements successifs de l'impôt sur le revenu à partir de 1984 ont contribué à augmenter les écarts. Depuis le milieu des années 1980, souligne une étude de l'INSEE, « l'impôt contribue de moins en moins à réduire l'inégalité ». Les inégalités ne s'expriment pas seulement en termes monétaires. Il existe aussi d'autres disparités, qu'il s'agisse de l'accès au savoir, à l'emploi, à la formation mais aussi dans le domaine de la santé. Ainsi, l'allongement de la durée de vie ne s'est pas répartie équitablement. En règle générale, les gens meurent plus jeunes à mesure que l'on descend dans la hiérarchie sociale

J.-M. N.

➙ Précarité, protection sociale, richesse