Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Grande-Bretagne (suite)

Nouveaux pauvres et « working poors »

Dès le milieu des années 1970, la Grande-Bretagne adopte une politique économique de rigueur, développée ensuite par Margaret Thatcher à partir de 1979. Il s'agit de combattre l'inflation en réduisant le coût salarial, de rendre plus dynamique l'économie britannique et de diminuer les dépenses de l'État.

Cette politique fut globalement couronnée de succès. Mais elle s'accompagna de l'appauvrissement d'une partie de la population et d'un développement des inégalités. On estime ainsi que 20 % des Britanniques vivent dans un état de pauvreté relative et que deux enfants sur cinq naissent dans une famille pauvre. Parallèlement, les revenus de la tranche la plus riche de la population ont plus que doublé entre 1979 et 1999, alors que ceux du cinquième le plus défavorisé n'ont augmenté que de 15 % durant a même période.

L'établissement d'un SMIC horaire à partir de 1999 ne résout que partiellement le problème. Son niveau assez bas (environ 36 F brut de l'heure) et la multiplication des temps partiels confirment la tendance à l'augmentation du nombre des working poors, c'est-à-dire des personnes qui travaillent mais ne gagnent pas assez pour se hisser au-dessus du seuil de pauvreté.

Après la démission de Mrs. Thatcher, en novembre 1990, sa politique sera suivie par John Major et ne sera pas sensiblement infléchie après la victoire des travaillistes de Tony Blair (voir encadré) en 1997.

Cette politique semble avoir permis une amélioration de la situation économique britannique, après les difficultés des années 1970 (retour de la croissance, baisse du taux de chômage et de l'inflation, maîtrise de la dette publique...). Elle a aussi consolidé le succès de grandes entreprises dans les domaines de la chimie (ICI), des hydrocarbures (BP, Shell), de l'aéronautique (collaboration avec Airbus Industrie), de la communication, de la presse et de la grande distribution.

Le social-libéralisme de Tony Blair

Leader du « néo- »Labour Party depuis 1994, il affiche davantage un souci de gestion réaliste et efficace de l'économie que de réformes sociales.

Les orientations principales de sa politique consistent en effet à lutter contre l'inflation et les déficits publics, à poursuivre le désengagement de l'État (privatisation des prisons, éventuellement du métro) et à s'appuyer sur le dynamisme des entreprises privées (baisse des impôts sur les sociétés).

Mais, tout en valorisant l'esprit de responsabilité, le goût de l'effort et le sens de la discipline, Tony Blair a conservé une partie de l'héritage travailliste consistant à corriger les « excès » du libéralisme : il a introduit un salaire minimal, imposé trois semaines de congés payés, signé le Chapitre social du traité d'Amsterdam, mis en place un plan emploi pour les jeunes...

Cependant, elle comporte un coût social élevé : la déréglementation et la grande flexibilité du travail accroissent la précarité de l'emploi et des salaires, ainsi que les inégalités sociales et régionales. De plus, le redéploiement industriel reste limité, et la quasi-disparition du secteur automobile proprement anglais atteste de la fragilité de l'industrie anglaise.

Grande-Bretagne

Population : 58 830 000 hab.

PNB (1998) : 1 285,11 milliards de $

PNB/hab. : 20 870 $

Structure de la population active : agriculture 1,9 %, mines et industrie 26,9 %, services 71,3 %

Dette publique brute : 56,6 % du PIB

Taux de chômage : 6,2 %

D'autre part, les réticences britanniques devant les contraintes imposées par l'adhésion à l'Union économique et monétaire européenne montrent que des choix essentiels n'ont pas été faits : la question d'accepter ou non la monnaie unique, les exigences de l'Europe sociale et la perte de souveraineté divise encore plus les Britanniques que les autres peuples européens.Même si le Premier ministre Tony Blair semble favorable à l'entrée de son pays dans l'euro, appuyé en cela par une partie importante du patronat britannique, l'opinion demeure très hostile à l'abandon de la livre

P. B.

➙ Actes de navigation, Corn Laws, enclosures, keynésianisme, livre sterling, révolution industrielle, stop-and-go, thatchérisme

Gresham (sir Thomas)

Financier anglais (1519-1579), dont le nom est associé à la loi selon laquelle « la mauvaise monnaie chasse la bonne ».

Fils d'un négociant lord-maire de la ville de Londres, Thomas Gresham dirigea des maisons de commerce locales, puis il partit pour Anvers comme « marchand du roi », au cœur d'un xvie siècle voyant se développer les échanges marchands dans une Europe du Nord orientée vers le mercantilisme.

Devenu financier de la reine Élisabeth Ire , Gresham s'efforça de défendre la valeur de la monnaie anglaise et popularisa une observation selon laquelle, « lorsque dans un pays circulent deux monnaies dont l'une est considérée par le public comme bonne et l'autre comme mauvaise », cette dernière est utilisée pour les échanges et la première est thésaurisée. Thomas Gresham investit ses fonds personnels dans la construction d'une Bourse destinée aux marchands londoniens, le Royal Exchange, achevée en 1571

P. B.

➙ Mercantilisme

Grèves

Arrêt concerté et temporaire du travail par les salariés d'une organisation, destiné à faire pression sur ses dirigeants à propos des salaires, des conditions de travail et des licenciements.

Les grèves ont pour motif des revendications professionnelles, parfois la solidarité des grévistes avec d'autres travailleurs, ou encore des raisons politiques. Interdites lors de la Révolution par la loi Le Chapelier (1791), elles constituent un délit pénal jusqu'en 1864, puis une faute contractuelle. Le droit de grève est inscrit dans la Constitution depuis 1946 et figure dans la charte sociale européenne.

Il est aujourd'hui reconnu dans pratiquement tous les pays développés, y compris les pays postsocialistes. Certaines législations requièrent des tentatives de conciliation préalables avant toute grève, d'autres interdisent les grèves dans le secteur public ou les grèves politiques. L'imposition éventuelle d'un service minimal dans le cas de grèves dans les services publics demeure controversée en France.