Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
S

Secteur tertiaire

Ensemble des activités économiques visant à fournir des services (par opposition à la production de biens).

Dans ce vaste secteur, on classe aussi bien les hôpitaux que les écoles, les hôtels, les banques, les hypermarchés, les maisons de retraite, les pressings ou les clubs de tennis. Le développement et la diversification des activités tertiaires sont le propre des économies avancées. Désormais, plus de 70 % de la main-d'œuvre y est employée (on dit que les « cols blancs » ont progressivement remplacé les « cols bleus »). Mesurer la productivité des services est problématique, la plupart des instruments de calcul ayant été conçus pour appréhender la production et l'échange de biens physiques. L'exemple classique du coiffeur, qui, malgré tous les progrès techniques, a toujours besoin de vingt minutes pour faire une coupe, est trompeur. Car il semble clair que les technologies de l'information sont en train de révolutionner la plupart des métiers de services, qui réclament des niveaux de qualification de plus en plus élevés. L'idée du sociologue Daniel Bell, auteur de la Société postindustrielle, est que la notion de « secteur ter- tiaire » ne suffit pas à décrire la complexité des services : il propose de nommer « secteur quater-naire » l'ensemble des activités commerciales et financières, et « secteur quinaire » les activités comme l'éducation, la formation, la santé (cette dernière représente à elle seule près de 10 % du produit intérieur brut).

S. G.

➙ Commerce, services

Sécurité sociale

Ensemble des organismes chargés de mettre en œuvre le système de protection sociale obligatoire.

CMU : soigner les plus démunis

La couverture maladie universelle (CMU) s'est mise en place au cours de l'année 2000. La loi, votée le 30 juin 1999, permet à environ 150 000 per- sonnes de bénéficier de la Sécurité sociale (de base) et, surtout, à 6 millions de personnes d'accéder gratuitement à une mutuelle complémentaire – à condition, toutefois, qu'elles disposent d'un revenu mensuel inférieur à 3 500 francs (pour une personne seule), alors que le seuil de pauvreté est de 3 800 francs. Les bénéficiaires de la CMU n'ont pas d'avance de frais à faire s'ils choisissent un médecin référent, formule d'abonnement annuel chez un généraliste de leur choix. Coût pour l'État : 9 milliards de francs, selon le gouvernement ; sensiblement plus pour de nombreux experts.

J.-M. B.

La Sécurité sociale a été créée par l'ordonnance du 4 octobre 1945. Elle est organisée autour de trois grandes branches : la maladie, la vieillesse et la famille (auxquelles s'ajoutent les accidents du travail). Le budget général de l'institution est supérieur à 1 250 milliards de francs (comparable aux 1 670 milliards du budget de l'État). Les caisses sont administrées, sous le contrôle de l'État, par les organisations syndicales (statutairement majoritaires au sein des conseils d'administration), le patronat (entre 20 et 25 % des sièges) et des représentants des associations et des organismes spécialisés.

Le déficit du régime général de la Sécurité sociale est une question récurrente, même s'il est en diminution depuis quelques années. Il s'élevait à 67,3 milliards de francs en 1994, contre un excédent de 200 millions cinq ans plus tard. La branche maladie demeure la plus lourdement déficitaire.

L'absence d'unification du système, source du déficit

Les gouvernements successifs ne sont pas parvenus à unifier le système en faisant taire les revendications catégorielles : à la Libération, agriculteurs et travailleurs indépendants (commerçants, artisans, professions libérales) ont voulu des caisses de retraite et d'assurance-maladie distinctes de celles des salariés ; les agents des entreprises publiques (EDF-GDF, SNCF) ont, eux aussi, revendiqué leur autonomie, car ils bénéficiaient déjà de régimes avantageux ; les cadres ont réclamé un régime de retraite complémentaire spécifique, créé en 1947…

Cela explique l'éclatement du système de protection sociale. Ainsi, on dénombre plus de 500 caisses de retraite. On compte près de 20 régimes d'assurance-maladie de base, aux cotisations et aux prestations différentes. La complexité du système tient aussi à la volonté de répondre à tous les besoins sociaux : les caisses d'allocations familiales versent, par exemple, 25 aides différentes (allocation de parent isolé, allocation parentale d'éducation, complément familial, allocation de rentrée scolaire, allocation logement, RMI, allocation aux adultes handicapés…).

S. G.

➙ Déficits sociaux, protection sociale

Sen (Amartya)

Économiste indien (né en 1933), lauréat du prix Nobel d'économie 1998.

Professeur au prestigieux Trinity College de Cambridge et professeur invité à Harvard, il est entouré d'une aura particulière. D'abord parce qu'il est originaire d'un pays du tiers-monde, ensuite parce qu'il a su concilier dans ses études théoriques les calculs les plus exigeants et l'approche éthique et humaniste. Il s'est fait connaître dans les années 1970 par ses travaux sur « bien-être et choix collectif », dans la lignée de Kenneth Arrow, puis s'est penché dans les années 1980 sur les questions de pauvreté et de développement. Il a montré que les famines peuvent se produire sans qu'il existe de véritable pénurie, le problème essentiel étant celui des droits (entitlement). Il est à l'origine d'une nouvelle mesure de la pauvreté, fondée sur des critères non uniquement monétaires. Le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) s'en inspire pour son Rapport sur le développement humain, publié chaque année. Amartya Sen, qui enseigne aussi la philosophie, a publié au début des années 1990 un ouvrage intitulé Éthique et économie.

S. G.

➙ (K. J.) Arrow, développement

Sentier d'expansion

Graphique qui représente comment évoluent les quantités de facteurs utilisés quand la production varie.

À mesure qu'une entreprise augmente le volume de sa production, elle utilise des facteurs de production dans des proportions qui peuvent changer soit pour des raisons techniques, soit pour mieux minimiser la dépense. Il faut ainsi une guitare de six cordes et 1 heure 30 de travail pour donner un concert ; la même guitare, plus deux cordes neuves, et 3 heures de travail pour donner deux concerts, etc. La proportion travail/guitare a donc beaucoup augmenté dans cet exemple.