Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
E

Élasticité

Degré de sensibilité d'une variable économique (par exemple, la demande d'un bien) par rapport à la modification d'une autre variable (par exemple, le prix de ce bien).

Si le prix du café augmente de 100 % et que la demande de café diminue de 50 %, on dira que l'élasticité de la demande de ce bien par rapport à son prix (égale à – 0,5) est forte. À l'inverse, au milieu des années 1970, lorsque le prix du pétrole a brutalement augmenté, on a constaté que les automobilistes français ne réduisaient que très faiblement leur consommation d'essence. On a pu dire alors que la demande de pétrole était peu élastique par rapport au prix.

La notion d'élasticité permet de déterminer le degré d'interdépendance des variables économiques : hausse de la consommation et des importations quand le revenu augmente, déplacement de la demande d'un bien vers un autre (par exemple, viande de porc plutôt que viande de bœuf) quand le prix d'un des deux biens change, etc

P. B.

➙ Dévaluation, substituables

Électricité

Forme d'énergie qui s'est développée dès la seconde moitié du xixe siècle, permettant des gains de productivité incommensurables dans toutes les activités humaines.

L'accès à « tout le confort moderne » que permet l'électricité n'a été véritablement général dans les pays développés que vers le milieu du xxe siècle. Aujourd'hui encore, sur les six milliards d'humains, deux milliards n'ont pas accès à l'électricité et n'ont pour se chauffer et cuisiner que du bois ou des excréments d'animaux. À l'opposé, 20 % des habitants de la planète consomment 80 % de l'énergie produite.

L'électricité est considérée à juste titre comme stratégique. En disposer en quantités suffisantes et à bas prix est un élément fondamental du développement économique. Quelques pays comme la France et le Japon, n'ayant pas de ressources énergétiques, ont fait le choix du « tout nucléaire » après le premier choc pétrolier de 1973, qui avait démontré la fragilité de l'approvisionnement de leurs centrales thermiques. Pour réaliser ce programme, Électricité de France (EDF) a dépensé plus de 1 000 milliards de francs en vingt-cinq ans et dispose d'un parc de 58 réacteurs qui fournit plus de 80 % du courant. La France est devenue exportatrice nette de courant et certains considèrent même qu'elle est suréquipée. EDF, monopole parfois considéré comme un « État dans l'État », va de plus en plus devoir se plier à la concurrence imposée par la construction européenne, qu'elle aborde plutôt en position de force.

Les « électriciens » du monde entier doivent aujourd'hui tenir compte des préoccupations d'environnement : l'opposition aux barrages géants est vive dans des pays comme l'Inde, le nucléaire est sous haute surveillance en raison des déchets toxiques à très longue durée de vie qu'il produit, et tous les pays sont confrontés au problème du rejet dans l'atmosphère du dioxyde de carbone (CO2). La production de courant étant essentiellement d'origine fossile et les centrales fonctionnant à partir du pétrole (fuel), du charbon et du gaz, elles représentent 40 % des émissions de gaz à effet de serre.

Le marché de l'électricité, qui restait très segmenté dans chaque pays, s'est ouvert progressivement à la concurrence. En Europe, l'ouverture a débuté en février 1999

D. G.

➙ Charbon, environnement, gaz, pétrole

Embargo

Mesure visant à entraver la libre circulation des biens, ou à isoler économiquement un pays.

À l'origine, le terme d'embargo (signifiant « séques-tre » en espagnol) s'appliquait à la saisie des navires ennemis lors d'une déclaration de guerre. L'Angleterre y eut recours à diverses reprises au xviiie siècle. D'une façon plus générale, l'embargo désigne des interdits portant sur la fourniture de certains biens à un pays (tel que du matériel militaire) ou sur l'achat de produits exportés par un pays (comme l'achat de pétrole à l'Irak à partir de 1991). L'embargo généralisé conduit à imposer un blocus au pays visé par ces mesures

P. B.

➙ Blocus

Emmanuel (Arghiri)

Économiste grec francophone (né en 1911) auteur de la théorie de l'échange inégal.

Il a profondément remodelé la pensée marxiste sur le développement. Les trois ouvrages qu'il a écrits ont suscité des débats tels qu'ils sont tous parus accompagnés d'une postface ou d'une préface rédigée par ses contradicteurs. L'Échange inégal (1969), son œuvre la plus connue, traduite dans toutes les grandes langues du monde, déclencha une controverse virulente au sein des théoriciens marxistes. En montrant que l'exploitation du tiers-monde est le produit de l'écart salarial existant avec les nations développées, et qu'elle s'exerce au profit de l'ensemble de ses membres, classe ouvrière comprise, il remettait en cause le sacro-saint principe de l'« internationalisme pro-létarien ». Il a aussi publié le Profit et les crises (1974), où il conteste la « loi des débouchés » (loi de Say) et explique les crises du capitalisme par l'inégalité entre la valeur de la production et le revenu qu'elle engendre, elle-même due au fait que le profit n'est disponible qu'une fois le produit écoulé. Enfin, dans Technologie appropriée ou technologie sous-développée (1981), il prend parti pour l'utilisation des technologies de pointe par les pays du tiers-monde, le plus souvent apportées par les firmes multinationales, pourtant si décriées par le courant « tiers-mondiste »

J.- M. F.

➙ Dépendance, échange inégal, périphérie

Emploi, précarité, chômage

Ce n'est pas qu'une coïncidence, mais la rencontre du chômage et de l'économie mondialisée a, depuis vingt-cinq ans, modifié le travail, dans son contenu autant que dans ses statuts. Entre l'absence d'emploi, les contraintes nées de la compétitivité et l'introduction des nouvelles technologies, un nouveau paysage se met en place où la précarité et la flexibilité deviennent les maîtres mots avec, pour conséquence, l'évidence de la gestion de l'incertitude, qui constitue une perspective redoutable sur le terrain social. Même si la thèse de la fin du travail paraît outrancière, le plein-emploi ne ressemblera pas non plus à ce qu'il a été. Pourtant, le lien social qu'assure le travail semble nécessaire à l'équilibre de nos sociétés.