Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Crédit (suite)

Il existe de multiples formes de crédit bancaire, selon que l'emprunteur est un ménage ou une entre-prise. Pour les ménages, on distingue les crédits immobiliers et les crédits à la consommation. En général, les contrats de crédit bancaire comportent les clauses suivantes : le montant du crédit, la durée (6 mois, 1 an, 20  ans,  permanent, etc.), le taux effectif global (incluant des frais commerciaux et d'assurance, par exemple 6,5 %), les modalités de remboursement (montant des mensualités), les garanties apportées (surtout pour les crédits immobiliers)... Pour les crédits à la consommation, il existe plusieurs formules : prêts personnels, crédits permanents ou crédit revolving (réserve d'argent mise à la disposition du client par sa banque ; les intérêts s'appliquent sur les sommes effectivement empruntées jusqu'au remboursement dont le délai est laissé à la discrétion du client), découverts autorisés... Ces deux dernières formules sont des options de crédit : si la banque accorde un crédit revolving de 1 000 euros, le client n'est pas obligé d'utiliser ce crédit en totalité ; il puise à sa guise dans la limite de 1 000 euros et rembourse quand bon lui semble, sans échéancier précis. Parce que ces formules sont simples et souples d'utilisation, leur taux effectif global est en général supérieur à celui des prêts personnels.

Les entreprises ont des formules de prêts adaptées à leurs projets. Elles ont accès aux découverts et aux facilités de caisse. Elles obtiennent également des crédits à court terme via l'escompte commercial, ainsi que des crédits à moyen et long terme (plus de deux ans) pour financer leurs investissements.

Une activité marquée par le risque

Le crédit joue un rôle crucial dans la création monétaire. En octroyant des crédits aux agents non financiers, les banques créent la monnaie. L'adage « les crédits font les dépôts » signifie que les banques n'ont pas besoin de dépôts pour faire crédit, mais que l'octroi de crédit entraîne la mise à disposition de moyens de paiement, sous la forme de dépôts en compte courant.

L'octroi de crédit est une activité risquée. En effet, malgré les garanties qu'elles prennent, les banques ne sont pas sûres d'être remboursées. Pour éviter cette situation, elles ont élaboré des techniques de sélection de la clientèle, appelées « credit scoring ». Ces techniques n'étant pas infaillibles, elles renoncent parfois à prêter parce qu'elles anticipent des pertes sur les crédits demandés par la clientèle. Cette situation est qualifiée de « rationnement du crédit ». Ainsi, au début des années 1990, les banques françaises, échaudées par les pertes subies à la fin des années 1980, ont rationné le crédit aux ménages, et surtout aux entreprises, amplifiant la récession économique dans laquelle la France était plongée

A. L.

➙ Banque, consommation, entreprise, monnaie

Crédit (sens comptable)

Côté droit d'un compte d'agentéconomique.

J. R.

➙ Bilan, comptabilité, compte

Crise économique

Le terme de crise s'applique à des phénomènes très différents ayant cependant en commun le fait que les secteurs économiques touchés, ou l'économie globale, ne peuvent sortir de leur difficulté sans se transformer.

Blocage des mécanismes habituels de fonctionnement ou d'adaptation de l'économie, se produisant dans un secteur d'activité ou touchant un système économique dans son ensemble.

La crise constitue une étape de l'histoire économique, car elle conduit à une remise en cause des mécanismes existants et peut déboucher dans certains cas sur un changement de société.

Les différents types de crise : de la simple adaptation à un bouleversement total

La crise agricole désigne des périodes de pénurie alimentaire (comme en 1788-1789, en 1845-1847...) qui entraînent des hausses de prix fortes et brutales, ou au contraire une tendance de la production à augmenter plus que la demande, ce qui provoque une baisse progressive des prix. Et, si les agriculteurs augmentent leur production pour compenser la baisse de leur revenu, ils contribuent à accentuer la baisse des prix.

Une crise boursière se produit quand des ventes importantes d'actions ou d'obligations ne sont pas compensées par des achats équivalents. Cela provoque une baisse brutale du prix de ces titres, incitant de nombreux porteurs à rejoindre le camp des vendeurs, ce qui amplifie la baisse. Une telle situation s'est rencontrée en 1929, en 1987, et au moment des « crises asiatiques » de la fin des années 1990, conduisant les responsables à suspendre les cotations en attendant que l'optimisme revienne.

Une crise monétaire relève d'un processus de même type : une dépréciation de la monnaie d'un pays (due à des difficultés pour payer les importations) peut provoquer une perte de confiance dans cette monnaie et sa conversion massive en devise étrangère (crise mexicaine ou brésilienne). Cela accentue la dépréciation de la monnaie et l'insolvabilité du pays. Même une aide financière internationale ne suffit pas nécessairement à rétablir la confiance (crise russe), car elle peut au contraire être interprétée comme une marque de faiblesse.

Le terme de crise s'applique également aux difficultés insurmontables rencontrées par des secteurs en déclin (comme le textile ou les charbonnages au xxe siècle) : dans ce cas, la baisse des prix ne suffit pas à relancer suffisamment la demande.

Il désigne également le dérèglement (provisoire ou profond) d'un système économique. Les nombreuses petites crises du xixe siècle apparaissent comme de simples phases de retournement des cycles économiques. Par contre, les difficultés rencontrées par la société féodale au xive siècle, par l'économie française à la fin du xviiie siècle ou par la Russie soviétique durant les années 1980 débouchèrent sur un changement de société. Les crises que connaissent les économies capitalistes développées au xxe siècle (1929, 1974-1979, 1987) occupent une position intermédiaire : elles ont transformé l'organisation du capitalisme mondial sans pour autant le remettre en cause.

La crise de 1929 : le passage d'une économie libérale à une économie administrée