Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
I

Impôt (suite)

• Au titre des impôts directs, on trouve l'impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP), l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), l'impôt sur les mutations, l'impôt sur les sociétés (IS), la taxe professionnelle, la taxe d'habitation ou encore les taxes foncières.

• La taxe à la valeur ajoutée (TVA) est le principal impôt indirect. Elle pèse sur tous les biens et services présentés sur le marché. Mais d'autres impôts indirects, comme les accises (droits sur alcool, tabac, essence), ne concernent que certains types de dépenses.

Le moyen privilégié de la politique économique

Traditionnellement, on classifie également les impôts selon qu'ils sont progressifs, proportionnels ou forfaitaires. L'IR (PP) et l'ISF appartiennent à la première catégorie : leur taux augmente avec la base imposable. Mais la multiplication des décotes, abattements et autres déductions permet d'en atténuer la progressivité. La TVA, l'impôt sur les mutations, l'IS ou la CSG sont proportionnels à la base imposable. Du côté des impôts forfaitaires (la même somme à payer pour tout le monde), on trouve par exemple la redevance télé ou la vignette automobile.

Les impôts, s'ils servent à financer la dépense publique, peuvent également être des instruments de politique économique. Ainsi un gouvernement peut-il choisir d'inciter à l'épargne ou à l'investissement immobilier en accordant des avantages en matière d'impôt sur le revenu. Dans une autre logique, il existe un crédit d'impôt emploi pour les entreprises qui embauchent. L'harmonisation européenne, en matière de fiscalité, devrait cependant, à long terme, limiter les possibilités des États membres en la matière. Mais, pour l'instant, elle n'en est qu'à ses balbutiements et leur laisse encore une large autonomie

V. M.

➙ Assiette, CSG, fiscalité, IRPP, ISF, TVA, Peut-on baisser les impôts ?

Impôt négatif

Ensemble des versements faits par les pouvoirs publics aux plus bas revenus.

Les économistes, dont le prix Nobel Milton Friedman, ont inventé ce concept d'impôt négatif pour bien marquer la continuité qu'il y a entre les impôts qui sont payés aux pouvoirs publics et les transferts que les citoyens en reçoivent. L'impôt négatif existe quand un contribuable reçoit plus de transferts qu'il ne paie de contributions

S. G.

➙ Impôt, revenu universel

Imputation

Opération consistant à attribuer à un facteur de production une partie de la valeur du produit qu'il contribue à fabriquer.

Chiffrons à 8 000 F la valeur d'un ordinateur : comment déterminer la valeur du clavier associé ? En lui « imputant », par exemple, 2 % de la production, on en déduira une valeur de 160 F.

En gestion, plusieurs produits peuvent impliquer des coûts communs et l'imputation consiste à établir ce qui revient à chacun d'eux. On imputera ainsi 20 % des frais de secrétariat d'un cabinet d'avocats à l'un d'entre eux si son chiffre d'affaires, ou son profit représentent 20 % du total.

Cette méthode permet de savoir quelles sont les activités les plus rentables, celles qu'il conviendrait de développer et quelles sont celles dont il faudrait se séparer

F. E.

➙ Coût, facteur, production

Incertitude

État d'un événement futur dont la réalisation est aléatoire.

L'incertitude peut provenir de phénomènes naturels (la météorologie) ou de comportements humains (la guerre). Depuis Knight et Keynes, on distingue en économie les situations de risque, pour lesquelles toutes les réalisations possibles sont connues d'avance selon une probabilité objective mesurable (un jeu de loterie), et l'incertitude proprement dite, lorsque ces conditions ne sont pas remplies (les cours boursiers).

Keynes a reproché à l'école néoclassique de raisonner dans un univers sans incertitude, alors qu'elle est inhérente à l'activité économique. Les comportements humains engageant l'avenir (production, investissement, placement) sont affectés par l'incertitude, notamment par une préférence pour la liquidité et par des anticipations qui relèvent d'une psychologie changeante. Mais, si chacun croit en la même chose, l'incertitude est levée car les anticipations deviennent autoréalisatrices (cas d'une crise boursière attendue qui se produit car tout le monde vend ses actions)

P. L.

➙ Assurance, État providence, information, post-keynésiens, spéculation

Inde

Avec la deuxième population de la planète, l'Inde expérimente depuis son indépendance (1947) un processus de développement économique original.

Dès 1951, le pays opte pour un modèle d'industrialisation particulier, inspiré de la stratégie soviétique de développement des secteurs lourds, mais en y associant le secteur privé et en favorisant, à côté des grandes entreprises industrielles, les petites entreprises et les ateliers par la sous-traitance. Cette première stratégie porte ses fruits : l'Inde élargit sa base industrielle et couvre une part croissante de ses besoins en produits industriels, tandis que, à partir du milieu des années 1960, l'agriculture connaît une modernisation technique, la « révolution verte ». C'est la période de la « croissance à l'indienne » (Hindu rate of growth) : le PNB augmente lentement (3,5 % à 4 % par an) mais plus vite que la population (entre 1,8 et 2,3 % par an, selon les époques), et le PNB par tête s'élève peu mais régulièrement.

Les contradictions du modèle indien

Le modèle s'essouffle pendant les années 1970 et le début des années 1980 : l'industrie vit en circuit fermé et se modernise peu, l'intervention de l'État tourne à la routine tatillonne et étouffante et, alors que l'Inde et la Corée se trouvaient à égalité de revenu par tête au début des années 1960, le contraste entre les deux pays devient criant. De plus, de manière latente en 1985, et d'une manière ou- verte en 1991, l'Inde est soumise à des problèmes de financement extérieur. Pour attirer l'investissement international, porteur de modernisation, et rassurer les milieux financiers internationaux, elle s'engage, timidement dès 1985, puis de manière plus nette à partir de 1991, dans un processus de réformes libérales : diminution ou suppression des subventions, ouverture à l'investissement étranger, ou- verture financière, désarmement douanier.